Zone à faibles émissions, vers des villes apaisées ?

©Nerea Martí Sesarino sur Unsplash
17 Nov 2022 | Lecture 3 min

Créé en 2019, le dispositif de mobilité ZFE vise à réduire ou limiter la présence de véhicules polluants en ville. En cette année 2022, elle devient obligatoire dans 12 métropoles françaises. Derrière cette restriction, quelles sont les solutions qui sont mises en place pour transformer les mobilités des citadins ? Les ZFE vont-elles révolutionner la manière dont l’on se déplace en ville ? Demain, les voitures disparaîtront-elles des paysages urbains ?

Les déplacements individuels ; un modèle qui appartient au passé?

Depuis plus de trente ans, le terme de « changement climatique » a fait son apparition dans notre société. Face à l’évolution du climat, les problématiques liées à l’environnement sont devenues de plus en plus importantes dans la construction de nos sociétés. L’urbanisation des villes n’échappe pas au phénomène et l’adaptation de la mobilité urbaine face aux enjeux environnementaux se pose donc comme un enjeu crucial. En effet, les habitants des villes sont de plus en plus nombreux, forçant ainsi les villes à s’étendre et engendrant des déplacements de plus en plus nombreux que ce soit pour des raisons professionnelles, de vie sociale, de santé, etc. L’essor de l’automobile dans les années 1870 a laissé place principalement à la voiture individuelle, qui on le sait aujourd’hui est un mode de transport extrêmement polluant. Mais, vivant dans un siècle marqué par une crise environnementale globale, la pratique de la voiture individuelle est, de nos jours, vue différemment. Serait-ce un modèle qui appartient au passé

Prenons comme exemple la ville de Paris. Extrêmement concernée par la pollution, sa transformation vers un modèle plus durable apparaît d’une véritable urgence climatique, environnementale et sanitaire. En effet, selon le rapport de Airparif datant de mars 2018, nous constatons que les seuils réglementaires et les recommandations de l’OMS en matière de qualité de l’air sont très régulièrement dépassés. De plus, l’agence Santé Publique France estime que 6600 décès prématurés par an pourraient être évités sur tout le territoire de la métropole parisienne. Il y a donc ici une véritable interrogation qui se pose concernant les émissions que provoquent les voitures.

La logique actuelle consiste donc à transformer les habitudes et les modes de déplacement. Pour cela, certaines collectivités choisissent de mettre en place de nouveaux outils : pistes cyclables, voitures partagées… afin d’encourager au mieux les citoyens à abandonner leur voiture personnelle. Mais l’Etat cherche à aller plus loin : c’est pourquoi les Zones à Faible Émissions ont été créées, afin de réduire drastiquement et d’éviter, dans des zones urbaines de forte affluence, l’utilisation non seulement des véhicules, mais plus précisément des véhicules trop anciens et donc trop polluants. Pour rappel, les ZFE sont des espaces mis en œuvre dans différentes zones où la circulation de certains véhicules est différenciée voire interdite selon leur niveau de pollution. Afin de  pouvoir vérifier ces niveaux de pollution évoqués ci-dessus, les véhicules doivent pouvoir être identifiés au sein de ces zones, avec un certificat de qualité de l’air, nommé vignette Crit’Air, qui traduit la classe environnementale du véhicule. Grenoble, Paris, Lyon, Marseille, Caen, Toulouse et bien d’autres, les ZFE se développent un peu partout en France, mais pas que. D’après le média Roole en Europe, il existe déjà plus de 200 ZFE, aussi appelées “low emission zones Ce modèle, mis en place dans différents pays, vise donc à réinventer la mobilité urbaine et ce dans tout type de typologie urbaine.

 

©Clique Studios sur Unsplash

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Les ZFE pour une transition vers une mobilité douce

Dans une volonté de vouloir ralentir efficacement l’usage de la voiture et plus particulièrement des voitures les plus polluantes, il a fallu penser à des modes de déplacement alternatifs et offrir la possibilité à des usagers de sortir des logiques de déplacement individuel polluant. Il s’agit désormais de promouvoir une  mobilité douce et active. Quand on parle de mobilité douce, on entend une mobilité regroupant le vélo, la trottinette ou encore la marche à pied. Ces modes de déplacement sont mis en place afin de permettre aux usagers de la ville de pouvoir se déplacer sans utiliser la voiture.

©Jacek Dylag sur Unsplash

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C’est en observant et en analysant les impacts que la pratique de la voiture individuelle cause, certaines politiques sont dans une volonté de vouloir créer des villes “car-free”. On entend des villes sans voitures, où seules les mobilités douces existent, afin de supprimer la pollution sonore causée par la voiture, afin d’améliorer la qualité de l’air et de créer une urbanité plus apaisée.

La ville de Grenoble a enclenché un réel changement dans la pratique de la voiture en ville. Quelques rues du centre-ville sont en travaux depuis l’été 2022, afin de totalement interdire l’accès à la voiture pour permettre une vie de quartier plus vivante.

De plus, l’arrivée des trottinettes électriques, des vélos en libre-service incitent les habitants à ne pas se servir de leur voiture. Un des buts de cette transition vers une mobilité douce se trouve dans l’harmonisation des flux et des mobilités. La ville de Grenoble a donc prévu plusieurs travaux afin de transformer les rues du centre-ville, pour une piétonnisation totale.

Tweet de Grenoble Alpes Métropole

Tweet de Grenoble Alpes Métropole

Une prise de conscience collective

Afin que cette problématique environnementale soit entendue, et que les villes prennent de réelles décisions pour un avenir conscient des changements climatiques, il est important d’invoquer une prise de conscience collective. Débats, concertations, ateliers, des moyens peuvent être mis en place afin que les habitants puissent prendre connaissance du réel but des ZFE.

C’est dans plusieurs villes de France, dont Toulon, que des Maisons de la Mobilité voient le jour.

Lieu d’information et d’accompagnement pour répondre aux attentes des habitants concernant les déplacements, les maisons de la mobilité permettent de renseigner et proposer des solutions adaptées sur tous les moyens de transports existants sur le territoire, les modes alternatifs à la voiture, etc.  La lutte contre le changement climatique, la qualité de vie et la prise en compte des enjeux de santé publique, voici les objectifs des maisons de la mobilité.

Il y a donc une volonté de participation citoyenne, qui doit aller dans le sens des politiques mises en place par la ville. Nous pouvons parler du covoiturage, de plus en plus mis en place dans une majorité de villes en France. Solution économique et écologique, le covoiturage permet d’éviter l’usage de la voiture individuelle. En analysant l’utilisation de la voiture, il est important de constater que c’est souvent pour des raisons professionnelles. Il serait alors intéressant de pouvoir covoiturer avec des collègues de travail, par exemple. Ou encore, de se rendre sur son lieu de travail via le vélo, ou les transports en commun. Toutes ces réflexions ont pour but de faire naître une conscience collective, et c’est dans cette direction que les villes pourront véritablement changer l’utilisation de la voiture individuelle, et constater des résultats.

Cependant, en posant ici cette question de la conscience collective, on se retrouve également face à un problème sociétal. En effet, certains usagers de la ville sont attachés à leurs habitudes, à leurs modes de déplacement, de fonctionnement, et ne veulent pas modifier leurs modes de déplacement.

Vers une suppression totale de la voiture en ville ?

La création des ZFE doit-elle amener à une suppression totale de la voiture en ville? Question pertinente, cependant elle soulève énormément de débats et d’avis divergents. D’un côté, comme évoqué ci-dessus dans cet article, nous savons que l’usage de la voiture en ville, du fait des zones de forte affluence, a un impact direct sur la qualité de l’air, et donc sur l’environnement. De l’autre, il y a l’idée de vouloir un consensus démocratique, mais la réalité est toute autre. Commerçants, salariés, familles nombreuses… Tous les habitants d’une ville n’ont pas forcément les mêmes besoins, les mêmes activités et les mêmes priorités.  Il y aussi la dimension géographique à prendre en compte. Des villes vont être, de par leur squelette, leur forme, leur densité, beaucoup plus enclin à modifier leur mobilité urbaine pour un environnement plus sain. Des villes comme Strasbourg ou encore Grenoble sont des villes idéales, aménagées en faveur de l’utilisation du vélo, de la marche, et des transports en commun. Cependant, si nous prenons en exemple la ville de Marseille, il sera beaucoup plus compliqué de se déplacer à vélo, car la ville n’a pas été conçue pour aller dans ce sens. Comme la ville de Paris, la voiture a pris une place majoritaire dans la mobilité urbaine des deux villes.

Alors, les voitures doivent-elles disparaître du paysage urbain?

Cela semble complexe, au vu des différentes utilisations de la voiture par les habitants de la ville.

Il faudrait trouver un équilibre entre l’utilisation de la voiture et les modes doux, pour créer une harmonie entre flux et mobilités et que tous les habitants d’une ville soient pris en compte. L’avenir s’écrit avec des évolutions urbaines qui sont en accord avec les enjeux climatiques.

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