ZO ! City, une plate-forme numérique pour changer la fabrique de la ville
Zo ! City laisse entrevoir ce que pourrait être à Amsterdam « l’urbanisme du futur » d’après Saskia Beer, à l’origine de ce projet. Un quartier délaissé se transforme peu à peu grâce à cet outil qui mêle démocratie participative, partage de données et crowdfunding. Une fois de plus, Amsterdam s’illustre en matière d’intelligence collective.
La société TransformCity®, créée à Amsterdam, s’apprête à faire des émules dans le monde. Avec sa plateforme ZO ! City, lancée en mai 2016, elle démontre la mise en place progressive d’un urbanisme collaboratif qui séduit de plus en plus. ZO ! City a mis en relation les citoyens et les employés d’un quartier abîmé par la crise avec la mairie d’Amsterdam pour le faire revivre. Cette approche bottom-up est défendue par l’architecte néerlandaise Saskia Beer, à l’origine de TransformCity®. Le quartier d’Amstel 3, situé au Sud-Est d’Amsterdam, bénéficie maintenant d’une dynamique qui peut servir d’exemple.
Pendant longtemps, Amstel 3 a été divisé en deux parties, avec à l’est, Bijlmermeer, une zone d’habitation à loyers modérés et à l’ouest, un quartier d’affaires s’étendant sur 250 hectares, sans écoles ni commerces. Amstel 3 s’est aussi vidé de 30% de ses bureaux à la suite de la crise de 2008. Résultat, ce quartier un peu excentré et délaissé présentait tous les symptômes d’un urbanisme daté.
Une collaboration à 360°
« Amstel 3 constituait pour moi un défi urbain intéressant à relever. Beaucoup d’espaces vacants, et donc des opportunités pour en faire quelque chose. Mais personne pour les réaliser. » C’est seule que Saskia Beer, qui perd son emploi en 2009, entreprend de contacter des propriétaires de bureaux, d’immeubles vacants pour les convaincre de donner une seconde vie à ces surfaces inutilisées. Dans un premier temps, sa société TransformCity® permet à des propriétaires de prêter gracieusement des locaux : « Nous ne voulions pas agir comme une association au début, représentant les intérêts de la communauté contre la municipalité. Il s’agit plutôt d’une collaboration à 360° ».
ZO ! City voit le jour en mai 2016, soutenu justement par les autorités, Amsterdam Smart City et le gouvernement néerlandais : « Je pense que notre démarche a survécu car nous ne cherchions pas le conflit avec les institutions officielles mais plutôt à les tenir informés de ce qui se passait à Amstel 3 ». ZO ! City vient alors organiser et mobiliser la communauté que Saskia Beer et ses collègues avaient patiemment créée.
Un outil pour parvenir à l’auto-organisation et la résilience
ZO ! City rend dès lors public les données obtenues par la société TransformCity® concernant les sites vacants d’Amstel 3 à l’aide de datavisualisations. En retour, des propriétaires, des associations, des entreprises ou des résidents peuvent proposer des projets locaux, échanger avec les autorités ou même lancer une campagne de crowdfunding. Une carte interactive et un calendrier permet d’apprécier le processus de transformation du quartier en cours.
« Les scénarios futurs sont abordés et chacun peut s’engager à un stade précoce. Il s’agit d’un outil qui intègre tout ce qui peut aider au développement d’une zone urbaine spécifique ». Avec une version pour téléphone mobile en cours de développement, TransformCity® pourrait s’exporter à l’international, en Australie dans un premier temps. « La plateforme peut être reproduite, accompagnée d’une boîte à outils en vue de créer une communauté locale, mettre en place un agenda et un business model ». Un projet plein de promesse puisque 25 villes auraient déjà fait part de leur intérêt à Saskia Beer.
Vos réactions
Démocratie participative, crowfunding, défi et même résilience. On est visiblement dans une démarche globale qui engage les acteurs jusqu’au plus profond de leur psyché. C’est intéressant et cela dessine peut-être l’urbanisation future. On redécouvre les vertus du vivre ensemble dans un espace requalifié ( comme on dit ). On s’auto-protège contre les excès du gigantisme déshumanisé. On cherche de nouveaux moyens de se protéger, de s’inventer un îlot de confort pour résister à l’angoisse et au stress. Bref on est à Amsterdam, pas à Mossoul…