Vivre la ville par le sport
Un esprit sain dans un corps sain ! Encourager les individus à faire du sport n’est pas une idée neuve. Bon pour la santé, la cohésion citoyenne, l’esprit d’équipe, les vertus du sport ne sont plus à démontrer. Pas étonnant, donc, qu’il soit devenu un enjeu politique dont les villes s’emparent pour proposer toujours plus d’équipements sportifs de qualité. Pourtant, de plus en plus de pratiquants sortent des équipements sportifs pour envahir l’espace urbain. Et si le sport nous permettait de vivre la ville autrement ?
C’est désormais une habitude : nous devons partager l’espace public de nos villes avec les joggeurs, cyclistes et autres sportifs. Petit à petit, de nouvelles façons de pratiquer la ville apparaissent et les athlètes amateurs viennent hacker l’espace public. De la simple pratique délocalisée au détournement de mobilier urbain, nos villes deviennent de véritables terrains de jeu. Et certains n’hésitent pas à s’emparer de cette énergie sportive pour la transformer en énergie tout court. Des dalles piézoélectriques qui convertissent nos pas en électricité, des vélos d’appartement qui permettent de recharger les batteries des téléphones, les idées ne manquent pas. Et elles vont toutes dans un même sens : désormais le corps sain contribue à l’environnement sain.
Dynamiser la ville par le sport
Ces nouveaux usages sportifs ont généré de nouveaux besoins auxquels le designer s’attache à répondre. Démocratiser et rendre accessible la pratique sportive devient alors un enjeu majeur. Ainsi, Julie Godard, étudiante en 5ème année à l’Ecole de design Nantes Atlantique, propose de créer un système de connexions entre les infrastructures sportives présentes dans un complexe sportif et l’espace public attenant à ces structures. Trois étapes de connexion peuvent être envisagées : la connexion matérielle, identitaire et numérique. Ainsi des micro-équipements ludosportifs (mur d’escalade, rampe de glisse, mini terrain de basket, détournement de gradins…) viennent s’immiscer dans le paysage urbain afin d’être totalement accessible à toute heure et à tout temps. Ces installations accompagnées d’une mise en valeur graphique (signalétique, logo…) révèlent l’identité sportive de l’espace et l’ouvrent à de nouveaux usages. Enfin, ère du numérique oblige, le système de la i-girouette couplé aux réseaux sociaux permet d’assoir la démocratisation du sport sous tous les rapports. C’est ainsi que l’on peut amener la notion de 2.0 voire même de 3.0 dans le sport et la matérialisation de ces nouveaux usages.
S’approprier la ville par le sport
La ville durable devra donc être sportive, le sport offrant l’opportunité de pratiquer de manière ludique et écologique. A travers le parcours de santé urbain « Relay » Thibaut Rouganne, étudiant en 5ème année à l’Ecole de design Nantes Atlantique, propose au citoyen de devenir acteur de son quartier. En faisant son sport, il produit de l’énergie électrique qu’il peut récupérer et choisir ensuite de la redistribuer où bon lui semble. Les plus mobiles d’entre nous, peuvent même en profiter pour charger directement leur portable sur la machine, ou bien stocker l’énergie dans une batterie de secours. Mais le concept ne se limite pas à une pratique individuelle, son influence est plus globale. Pour développer la participation citoyenne et créer du lien entre les habitants, on peut donner son énergie à son quartier. L’éclairage public pourra en partie être produit par ses propres habitants. Le designer donne ici du sens à une pratique durable de la ville de demain. On améliore son bien-être en faisant du sport, on prend conscience des enjeux liés au développement durable et en plus on permet de dynamiser notre quartier. Le sport durable, c‘est bon pour nous, pour les autres, et pour notre planète !
Par Julie Godard, Thibaut Rouganne, étudiants en 5ème année à l’Ecole de design Nantes Atlantique option Mutations du cadre bâti, et Zélia Darnault, enseignante