Vivre dans ma ville : l’entraide, facteur de rencontres
Philippe Bouillé et David Guillerm ont mis au point le réseau social « Vivre dans ma ville » en 2014. Ils entendent aujourd’hui en faire le moyen de créer du lien social entre voisins en Bretagne mais aussi à l’échelle nationale.
Philippe Bouillé est ingénieur chez Orange à Lannion dans les Côtes-d’Armor et cherchait à concevoir une interface permettant aux habitants de sa ville de communiquer et de se rendre des services mutuels. Il a bénéficié de l’appui de David Guillerm, développeur web « séduit par le challenge ». Les deux ingénieurs ont donc fondé la start-up Local4People, « spécialisée dans la création de capital social et économique en local ». Le réseau social « Vivre dans ma ville » est leur première réalisation.
« Nous nous sommes inspirés des américains avec le réseau Next Door. Il existe également le réseau social Mon P’ti Voisinage. Mais ces réseaux sont souvent situés au niveau du quartier. Nous avons choisi d’élargir le projet à d’autres échelles. Celle de la ville, du bassin de vie et du département, le bassin de vie étant l’échelon qui draine le plus d’attraction ».
De l’actualité locale aux inspirations internationales
La technopole Anticipa (Agence de développement industriel du Trégor) a naturellement accompagné l’initiative proposée par Philippe Bouillé. Le réseau souhaite avant tout faciliter « la communication avec les collectivités ou les associations, les rencontres, les échanges de biens et de services ». Le site articule interviews, témoignages, actualités locales ainsi qu’un calendrier. « J’ai démarré le projet il y a 3 ans et nous arrivons maintenant à de bons résultats sur le Trégor. Nous avons clarifié notre proposition de valeur. Il y a quelque chose qui émerge. Nous pouvons parler de cercle vertueux aujourd’hui. »
Philippe Bouillé puise des idées parmi des initiatives internationales, par exemple le mouvement « Cycling without age », parti du Danemark en 2012 et qui se développe en Europe mais aussi au Canada et au Chili. À l’origine du projet : le danois Ole Kassow qui voulait aider les personnes âgées à remonter sur des vélos en tenant compte de leur mobilité limitée. Sa solution ? Un triporteur grâce auquel il peut transporter gratuitement les résidents d’une maison de retraite près de chez lui à Copenhague. L’idée s’exporte facilement, soutenue par de nombreux bénévoles. Elle pourrait tout à fait fonctionner dans le Trégor et s’inscrire parmi les nombreuses activités proposées par le réseau « Vivre dans ma ville ».
Monnaie locale et permaculture
Par ailleurs, « Vivre dans ma ville » compte mettre en place une monnaie locale qui se rapproche du SEL, le système d’échange libre qui a vu le jour en Ariège en 1994, et compte déjà 250 membres. « L’idée est d’introduire une monnaie intermédiaire pour augmenter le nombre d’échanges. On s’inspire de ce qui se fait en Californie avec Long Beach Time Exchange par exemple. Nous défendons des valeurs fondatrices, comme l’égalité et le respect de l’autre. Cette monnaie devrait être disponible dans un mois. »
Philippe Bouillé entend aussi sensibiliser les membres du réseau à la permaculture, une pratique mise en lumière dernièrement par le film Demain et qui vise une production agricole soutenable. « La commune de Laillé en Ille-et-Vilaine fait partie de l’agenda 21. Elle est dirigée par une équipe apolitique et nous souhaiterions leur offrir notre solution puisque justement l’agenda 21 promeut ce genre d’initiatives. » La commune de Teyssières, dans la Drôme, fait déjà partie du réseau « Vivre dans ma ville ».
Faciliter le lien social
Philippe Bouillé et David Guillerm souhaitent désormais étendre ce concept de réseau social urbain au niveau régional puis national. « Aujourd’hui, nous ouvrons le service sur quelques villes et agglomérations bretonnes. Nous avons des contacts avec des mairies et des agglomérations pour d’éventuels partenariats. » Philippe Bouillé songe même à ouvrir le réseau à l’étranger. « Vivre dans ma ville » est un modèle simple qui gagne à être exporté : le projet défend l’idée de faciliter le lien social et les rencontres, en organisant des réunions mensuelles par exemple, et en invitant chacun à impulser quelque chose de dynamique au sein d’un bassin de vie.