Villes nourricières : l’exemple de la ceinture verte maraîchère qui se dessine autour de Pau
Alors que la crise sanitaire a mis en exergue l’engouement des français.es pour les circuits alimentaires de proximité, le déploiement à grande échelle d’une agriculture urbaine et péri-urbaine intéresse de nombreuses villes françaises. À Pau, c’est à travers le concept d’une ceinture verte maraîchère que le concept émerge.
C’est en novembre 2019 que le maire de Pau, François BAYROU, donne son accord pour la création d’une ceinture verte autour de son agglomération. Le projet émane de l’association éponyme – la ceinture verte – qui souhaite démocratiser l’installation de maraîchers en bordure des villes françaises. Et c’est donc à Pau que l’expérience débute.
L’ambition de ce programme est d’installer progressivement 100 parcelles, de deux hectares chacune, dans les communes limitrophes de l’agglomération paloise. Ce sont donc 200 hectares de cultures maraîchères qui vont permettre, à terme, de subvenir aux besoins alimentaires en fruits et légumes frais d’au moins 10% des habitants de la ville de Pau. C’est à la fois beaucoup et pas beaucoup. Mais c’est avec ce genre de petites étapes que l’autonomie alimentaire des villes va pouvoir se créer.
Dans ce dispositif innovant, une coopérative est créée entre l’association La Ceinture Verte, les futurs maraîchers et la collectivité. Cette SCIC s’occupe d’acheter et d’équiper les terres agricoles (notamment d’un système d’irrigation et de serres). Il faut compter 100 000 euros d’investissement pour chaque parcelle. Mais la coopérative ne s’arrête pas là et prodigue également un accompagnement technico-commercial pour s’assurer que les exploitations vont être pérennes dans le temps. En contrepartie, les maraîchers versent une cotisation de 550€ par mois ainsi qu’une part variable minime applicable uniquement si le salaire des maraîchers dépasse le SMIC.
Un modèle qui pourrait se répliquer à grande échelle
Aujourd’hui, l’association a procédé à l’installation de 2 exploitations et en prévoit 2 autres chaque année. Elle déploie en parallèle le dispositif à Valence, dans la Drôme, et discute avec d’autres agglomérations françaises pour répliquer le modèle à grande échelle.
La création de ceintures vertes en périphérie des villes est une tendance qui devrait se démocratiser dans les années à venir. À la fois pour permettre le développement d’une agriculture nourricière directement pour la ville. Mais aussi parce qu’il s’agit pour les citoyens d’une demande et d’une nécessité.
Cela fait également écho à une autre tendance en matière d’urbanisme, qui consiste à repenser le développement de la ville sur elle-même et de stopper son étalement au détriment des terres arables. Un des meilleurs exemples de mise en œuvre de ces périphéries vertes se trouve à Vitoria-Gasteiz, en Espagne.
Cette agglomération de 250 000 habitants – élue capitale verte de l’Europe en 2012 – compte en effet une véritable ceinture verte composée de 6 parcs qui entourent la ville. Ils sont reliés par un réseau de 33 km de voies piétonnes et 90 km de pistes cyclables ainsi que par de nombreuses exploitations agricoles et jardins partagés Au total, 200 exploitations agricoles qui cultivent en bio sont installées autour de la ville.
Les avantages de ces dispositifs sont évidemment nombreux : pour la biodiversité, pour réduire les risques climatiques extrêmes (fortes chaleurs et inondations), pour la mise en œuvre d’un système alimentaire local juste et pérenne et pour le bien-être et la qualité de vie des citoyens.