Villes en transition : préparer l’après pétrole (1/2)

25 Nov 2013

Huit ans après sa création, le réseau des « villes en transition » est devenu un mouvement d’ampleur internationale. Son ambition : préparer la civilisation de l’après pétrole, en incitant les communautés urbaines à limiter au maximum leur impact énergétique. Mais la résilience prônée par les « villes en transition » est-elle transposable à l’échelle des grandes métropoles ? Pas sûr.

Professeur de permaculture, Rob Hopkins est l’inventeur du concept de « ville en transition ».
© Nils Aguilar / Voices of Transition

Les « villes en transition », c’est quoi ?

Le concept de « ville en transition » a germé en 2005 dans l’esprit de Rob Hopkins, qui enseigne alors en Irlande la permaculture, cette méthode qui permet de concevoir et entretenir des systèmes agricoles respectant les rythmes naturels. Avec ses étudiants, Hopkins travaille sur un « plan de descente énergétique » pour la ville de Kinsale. Il s’agit d’imaginer la ville dans une vingtaine d’années, et l’évolution de différents secteurs stratégiques (énergie, transports, éducation…) si le pétrole venait à manquer. Le succès de cette méthode incite Hopkins à voir plus grand. En 2005, il pilote la première expérience de « ville en transition » à Totnes, petite ville anglaise de 8000 habitants située dans le sud du Devon. L’ambition est toujours la même : répondre à la dépendance de notre société aux énergies fossiles – et en particulier au pétrole – en renforçant la « résilience locale » à l’échelle urbaine, qu’il s’agisse d’une ville ou, plus modestement, d’un quartier. L’occasion pour les citoyens qui le souhaitent de repenser ensemble l’organisation de leur territoire à l’échelle de la communauté.

Comment ça marche ?

Le Guide des initiatives de transition recense toutes les étapes à suivre pour réussir le lancement d’un « projet de transition ». Dans un premier temps, celui-ci doit être porté par une communauté de citoyens bénévoles. Vient ensuite le temps de la réflexion et du débat. Cela passe par la constitution de groupes de travail sur différentes thématiques (permaculture, économies d’énergie, transports propres, etc.) et l’étude de scénarios énergétiques à moyen et long terme. Les « transitioners » se fixent alors des objectifs de performance écologique à atteindre (par exemple, augmenter la part des aliments locaux dans l’alimentation), et définissent les mesures concrètes à mettre en place pour y parvenir. « Ces projections ne sont pas inventées, tout est savamment calculé et les objectifs varient d’une ville à l’autre. Il n’y a pas un modèle absolu, chaque territoire doit trouver ses propres réponses », témoigne Maylis Gervais, initiatrice du mouvement « Sciences Po en transition » à Toulouse, dans le livre Génération végétale (Les Arènes, 2013). Les membres des différentes communautés de transition organisent également des ateliers pour favoriser la « grande requalification », c’est-à-dire l’apprentissage et la diffusion de savoir-faire d’antan tombés en désuétude (construction d’un four solaire, réparation d’un vélo, connaissance des plantes médicinales…). L’idée, en creux, est de se préparer à être autonome en cas de crise, tout en créant du lien social.

Les projets

Création de monnaies locales, d’AMAP ou de systèmes d’autopartage, installation de panneaux photovoltaïques, ouverture de vergers publics et de « centrales d’échanges » pour offrir une seconde vie aux objets que l’on n’utilise plus… Une multitude de projets vertueux sur les plans écologique et social voient le jour dans le cadre des « villes en transition ». Tous sont portés par la même philosophie : relocaliser l’économie et la production d’énergie pour limiter l’empreinte carbone des villes. Ces projets sont initiés en s’appuyant sur trois grandes valeurs : la solidarité, l’inventivité et la créativité. Dans les jardins partagés aménagés à Totnes, en Angleterre, des noyers ont été plantés car la quasi-totalité de la production de cet arbre peut être utile : le brou sert à préparer des teintures, les cerneaux fournissent de l’huile, les noix vertes sont l’ingrédient de base d’un vin local et les coquilles servent de combustible.

Croyez-vous que le modèle des « villes en transition » soit applicable aux grandes métropoles ?

À lire :

– Génération végétale, d’Elsa Bastien, Aurélie Darbouret, Cécile Debarge et Claire Le Nestour (Les Arènes, 2013)
– The Power of just doing stuff, de Rob Hopkins (Green Books, 2013)
– Manuel de transition, de la dépendance au pétrole à la résilience locale, de Rob Hopkins (Écosociété, 2010).

Lire la suite de l’article : Villes en transition : préparer l’après pétrole (2/2)

 

Usbek & Rica
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Vos réactions

Kitty
10 décembre 2013

Dans les grandes villes; comme en Chicago, Londres, Amsterdam il y a des projets de la transition où les citoyens prennent leur future dans leur main, au lieu d’attendre le gouvernement. La transition est d’être in(ter) dépendant de la pétrole et se préparer contre le changement du climat. Il y a beaucoup des exemples sur le reseaux de transitionnetwork, malheureusement en anglais.

Bombo
16 juillet 2015

La ville « mégapole » n’est qu’une création éphémère de l’ère du pétrole, qui ne lui survivra pas (à ces échelles). Il faudra fatalement abandonner ces artefacts. Ce qui n’est pas un mal pour la vie sociale.

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