La ville imperméable : comment faire face aux aléas des inondations ?
Nature contre culture. Le combat entre ces deux entités n’est pas nouveau. Le premier terme serait synonyme d’une sorte de jardin d’Eden où la nature évoluerait seule. Le deuxième terme, quant à lui, désignerait l’emprise humaine sur ces éléments naturels. Aujourd’hui, l’Homme a clairement empiété sur la nature et cherche à la dominer par tous les moyens. Mais cette victoire est-elle réellement effective ? Pas vraiment, car la nature vient régulièrement nous rappeler que, même si l’on fait tout pour la domestiquer, elle est en réalité plus forte que nous. Ainsi, elle nous envoie des tempêtes, des cyclones, des pluies torrentielles, qui entraînent avec eux un certain nombre de destructions dans nos villes. Car à force d’avoir voulu nous éloigner de la nature, nous avons rendu nos villes imperméables et aujourd’hui nous ne pouvons plus amortir les chocs, nous les subissons de plein fouet. Alors pourquoi et comment repenser cette ville imperméable ? Éléments de réponses en prenant comme exemple les inondations.
Des villes trop soumises aux aléas des inondations
La juste mesure, voilà ce qui devrait dicter notre comportement dans tous les domaines. Pourtant, dans le domaine de l’urbanisation il semble que ce soit la démesure qui l’ait souvent emporté. Les constructions humaines ont peu à peu rogné sur les milieux naturels, notamment les milieux humides : rives, cours d’eau, zones humides en tout genre… Mais si les milieux humides gênent effectivement l’urbanisation, ceux-ci ont un rôle important à jouer. Tels des éponges, ils absorbent le trop plein d’eau et contribuent à la recycler. Or, l’imperméabilité du territoire empêche ces actions de se mener naturellement. Ainsi, si l’on croit dominer la nature, on est en réalité plus soumis à ses aléas. Et pourtant, même si le phénomène s’explique facilement, chaque année nous semblons surpris par l’ampleur de plus en plus importante que prennent les inondations, entraînant avec elle des dommages humains et matériels.
Vivre avec le risque
S’il semble peu probable aujourd’hui d’envisager un retour en arrière concernant la bétonisation de nos villes, il est cependant nécessaire d’apprendre à vivre avec ce risque qui demeure inéluctable. Vivre avec le risque c’est aussi chercher à le comprendre pour pouvoir l’anticiper. Aujourd’hui, les réponses à cette problématique sont souvent illustrées par la notion de résilience et leur mise en application passe la plupart du temps par la technique ou l’architecture. On imagine des habitats amphibiens, sur pilotis, s’inspirant de l’architecture vernaculaire… On essaie ainsi d’adapter nos modes de vie pour pouvoir faire face à ces problématiques. Il est pourtant une réponse bien plus simple à mettre en oeuvre : celle d’améliorer la culture du risque. Nous sommes en effet trop peu conscients des dangers et trop peu informés sur les conduites à venir. Les cartes émises dans le cadre des PPRI sont, par exemple, bien souvent difficiles à déchiffrer pour les non initiés. On peut également citer les marqueurs de crue dans les villes pas vraiment mis en valeur. D’autre part, beaucoup de dégâts humains liés aux inondations surviennent à cause de mauvais comportements humains, comme par exemple se retrouver piégé par les eaux en tentant de sauver vainement son ordinateur ou son téléphone portable. Alors comment améliorer cette culture du risque ?
Le design au service de la culture du risque
Pour Faustine Baylon, étudiante en deuxième année de cycle master Ville Durable à L’École de design Nantes Atlantique, le design peut contribuer à davantage renforcer la culture du risque. Elle a ainsi imaginé pour son Projet de Fin d’Études un espace pédagogique dédié à cette question. Davantage qu’un point informations classique, cet espace combinerait l’interactif au ludique. Grâce à des jeux de lumière, l’usager pourrait se rendre compte du niveau de la montée des eaux lors de crues remarquables. De plus, il serait invité à vivre une inondation par procuration grâce à un jeu de rôle co-conçu avec des pompiers : une maquette submersible contribue à mettre les joueurs dans l’ambiance, ils sont ensuite amenés à répondre à des questions sur leur comportement supposé en fonction du niveau de l’eau. Et pour ceux désireux d’en savoir plus, un coin informations permettrait d’approfondir nos connaissances sur le domaine. De quoi améliorer de façon ludique et pédagogique la culture du risque.
Par Zélia Darnault, enseignante à L’École de design Nantes Atlantique