La ville biophilique : l’Homme au cœur de la biodiversité urbaine

Le cour des 50 Otages à Nantes

L’être humain n’est pas à un paradoxe près. Nous sommes de plus en plus urbains, avec toutes les conséquences que cela comporte en matière de rythme et de mode de vie, mais aussi d’artificialisation des sols. Et pourtant, quand on nous demande de décrire notre ville idéale, celle-ci est toujours un lieu dans lequel la nature a toute sa place.

Cette ville idéale se construirait donc autour et avec la nature, grâce à un aménagement urbain capable d’appréhender la complexité, l’intelligence et les capacités de la biodiversité. Autrement dit, il faut revoir complètement notre rapport à la nature. Or, il est un concept qui émerge depuis quelques années et qui donne des clés pour réintroduire intelligemment la nature dans nos modes de vie : c’est la ville biophilique. Éléments d’explications et propositions concrètes.

La nature cohabite avec la ville

La nature cohabite avec la ville dans le quartier du Panier à Marseille © Maroussia Leroy

La ville biophilique : une nouvelle prise en compte de la nature en ville

La biophilie. Un terme dont la définition se comprend grâce à l’étymologie : qui aime le vivant, et donc par extension qui aime tout ce qui se rapporte à la nature. C’est le biologiste E. O Wilson qui a contribué à le populariser dans les années 1980. Pour lui, l’Homme a génétiquement une affinité avec la nature et tout autre organisme vivant. Et ces liens ne datent pas d’hier puisqu’ils viennent du temps où l’on dépendait de la nature pour notre survie, c’est-à-dire de notre passé de chasseurs-cueilleurs. La nature n’est donc pas une option mais plutôt un caractère essentiel à notre vie, un besoin enraciné en nous. Pourtant, nombreux sont les facteurs qui ont contribué à nous éloigner de cette nature. Et ce alors même qu’il est aujourd’hui prouvé que celle-ci est facteur de bien-être, de guérison ou encore de création de liens sociaux. Mettre la nature au cœur de design des villes, de leur aménagement et de leur gestion est donc une opportunité́ pour que l’homme retrouve son affinité́ avec la nature.

Le MUCEM de Marseille

Le MUCEM de Marseille tente de rééquilibrer les rapports homme/ nature © Maroussia Leroy

L’usager au centre du renouveau de la biodiversité urbaine

Comprendre le rapport que les citadins entretiennent avec la nature existant en zone urbaine est essentiel. L’étude de ces liens et de leur comportement permet au design d’intervenir avec pertinence dans les projets urbains. L’usager peut devenir le médiateur entre la ville et la nature, et non plus ce qui les confronte. Il permet à la ville de devenir une zone d’accueil pour la biodiversité, où elle peut se développer en harmonie avec le train de vie des citadins. L’homme est au cœur de l’aménagement urbain et de la nature en ville, en tant qu’usager et aussi en tant que concepteur. C’est lui qui cohabite avec elle et qui contribue à son maintien ou à sa perte.

Le cour des 50 Otages à Nantes

Le cour des 50 Otages à Nantes, une artère dans laquelle la nature est invitée à s’exprimer à nouveau © Maroussia Leroy

Co-concevoir la nature en ville

Comment co-concevoir une nouvelle nature en ville ? Comment concevoir un espace urbain où les citoyens coexistent avec la biodiversité ? Ce sont les questions que s’est posée Maroussia Leroy, étudiante en deuxième année de cycle master Ville Durable à L’École de design Nantes Atlantique, dans le cadre de son Projet de Fin d’Études. Pour Maroussia, « utiliser le design pour offrir plus que l’observation de la nature aux usagers est un réel enjeu pour la biodiversité urbaine. Concevoir un espace, un produit, un service pour sensibiliser les habitants aux valeurs de développement durable, afin qu’ils entretiennent un rapport de proximité et de respect avec la nature en ville est l’enjeu principal du design de la ville biophilique ». En observant la ville de Nantes, ville au 100 jardins, Maroussia s’est aperçue qu’Il yest facile de trouver un lieu proche de la nature, seulement ces lieux ne sont pas ceux que traversent les Nantais quotidiennement. « Mon projet design a pour intention de rendre la découverte de la biodiversité existante ludique. Le principe des installations est de donner aux usagers l’opportunité de voir les éléments naturels d’un nouveau point de vue, Ils sont immergés dans un environnement proche de la nature, où ils peuvent l’observer de près attentivement ». De plus, Maroussia a imaginé co-concevoir ces dispositifs avec les usagers dans le but de renforcer la pédagogie autour de l’importance de la nature en ville. Car pour elle, « il est nécessaire d’éduquer la population à la biophilie par la pratique, la rapprocher de la nature même dans le milieu artificiel qu’est la ville. C’est au designer d’établir un lien entre la ville, l’environnement urbain et le citoyen pour établir la ville biophilique ».

Les dispositifs imaginés par Maroussia Leroy permettent de rapprocher l’homme de la nature

Les dispositifs imaginés par Maroussia Leroy permettent de rapprocher l’homme de la nature tout en le sensibilisant au concept de biophilie © Maroussia Leroy

Par Zélia Darnault, enseignante à L’École de design Nantes Atlantique

L'École de design Nantes Atlantique
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MOUDJARI
22 mai 2021

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