Vers la généralisation des plans fraicheur en ville ?

© DAT VO sur unsplash
30 Sep 2024 | Lecture 3 min

Face à des étés de plus en plus chauds, Grenoble depuis 2021, ainsi que Lyon et Toulouse pour l’été 2024, déploient des Plans fraîcheur ambitieux. Ces initiatives visent à rendre les villes plus vivables en période de canicule grâce à des mesures de végétalisation, des accès à l’eau améliorés et l’adaptation des infrastructures publiques.

Les vagues de chaleur se multiplient et s’intensifient chaque année, mettant à rude épreuve les infrastructures urbaines et la santé des citadins. L’occurrence de vagues de chaleur en France, qui était d’un été tous les cinq ans avant 1989, est devenue annuelle depuis 2000. Alors que la France connaissait en moyenne 1,7 jour de vagues de chaleur par an avant 1989, elle en a subi 7,95 jours par an depuis 2000, et 9,4 jours sur la dernière décennie. En réponse à ce défi climatique, Grenoble a lancé dès 2021 un Plan fraîcheur innovant, tandis que Lyon et Toulouse emboîtent le pas à l’été 2024. L’objectif est de rendre les espaces urbains plus vivables durant les canicules en intégrant des initiatives de végétalisation, en améliorant l’accès à l’eau et en adaptant les infrastructures publiques. Quels outils et solutions ces métropoles proposent-elles pour atténuer les effets de la canicule et protéger leurs habitants ?

Verdir nos villes et hydrater nos citadins

Les trois villes misent fortement sur la végétalisation pour lutter contre la chaleur. Toulouse a planté plus de 60 000 arbres depuis 2020, dont 20 000 en 2024, avec un objectif de 100 000 arbres d’ici 2030. De plus, cinq nouveaux jardins partagés ont vu le jour, contribuant à la végétalisation et au renforcement du lien social. Grenoble adopte une approche participative avec sa plateforme « végétalise.grenoble.fr », permettant aux citoyens de créer des espaces verts et de rejoindre des jardins existants. La ville a également transformé 11 nouveaux espaces en “refuges urbains végétalisés” pour offrir des lieux plus frais et conviviaux, et organise le “Mois de la fraîcheur” pour sensibiliser et impliquer les habitants dans ces initiatives. Lyon, de son côté, investit massivement dans la « débitumisation » et la végétalisation de ses espaces publics, ainsi que dans l’installation d’ombrières pour créer davantage de zones ombragées.

L’accès à l’eau est également crucial pour combattre la chaleur. Toulouse dispose de 364 fontaines, l’un des réseaux les plus denses des grandes villes françaises, avec des projets d’extension et de modernisation en cours. Grenoble a multiplié les accès à l’eau avec 21 fontaines, 3 brumisateurs et 3 bassins opérationnels, tout en rénovant plusieurs fontaines historiques. Lyon prévoit d’augmenter le nombre de ses points d’eau, avec 320 fontaines publiques accessibles et des projets de modernisation en cours. De plus, des piscines municipales aux horaires étendus et des expériences de baignade dans le Rhône sont prévues pour rafraîchir les habitants.

Des infrastructures adaptées aux canicules

Les infrastructures publiques jouent un rôle clé dans ces Plans fraîcheur. À Toulouse, les horaires des piscines et bases de loisirs sont adaptés, et les établissements culturels ferment plus tard en cas de canicule. Lyon ouvre ses grands parcs jusqu’à minuit ou expérimente l’ouverture nocturne, comme le parc Blandan, permettant aux Lyonnais de venir y dormir avec leur sac de couchage, avec des points d’eau et des toilettes mises à disposition. Cette mesure sera déclenchée en cas de vigilance rouge canicule. Lyon offre également un accès gratuit à trois musées – les musées des Beaux-Arts, d’Art contemporain et le musée Gadagne – lors du passage en vigilance rouge canicule, ou à partir du dixième jour de vigilance orange. Grenoble, quant à elle, a lancé plusieurs projets de réhabilitation énergétique pour les écoles et installé des ventilateurs et protections solaires dans les bâtiments scolaires. Des espaces frais dans les musées et des salles rafraîchies dans les structures d’accueil pour personnes âgées sont également disponibles durant les épisodes de canicule.

Une attention particulière aux plus vulnérables

Les villes mettent en place des mesures spécifiques pour protéger les populations les plus vulnérables pendant les vagues de chaleur. À Toulouse, les écoles sont désormais équipées de brasseurs d’air, et les cours de récréation bénéficient d’une végétalisation accrue. En 2024, une quinzaine de cours Oasis sont créées, avec pour objectif d’en ouvrir plus d’une centaine d’ici 2026. Les centres de loisirs reçoivent des kits canicule pour mieux gérer les périodes de forte chaleur, tandis que les crèches terminent leur végétalisation pour assurer un espace agréable pour les tout-petits.

Grenoble adopte, elle aussi, une approche inclusive pour protéger les plus jeunes et les personnes âgées. Le projet « Place(s) aux enfants » prévoit la piétonnisation de quinze rues aux abords des écoles dès septembre, pour créer des espaces publics plus conviviaux et réduire la circulation motorisée. D’ici la rentrée, 37 rues seront ainsi aménagées en espaces sécurisés, contribuant à la désimperméabilisation et à la végétalisation du territoire. Par ailleurs, des salles rafraîchies et des ventilateurs sont mis à disposition dans les structures d’accueil pour personnes âgées afin de garantir leur confort pendant les périodes de chaleur intense.

Enfin, à Lyon, la protection des populations vulnérables se renforce grâce à des initiatives ciblées. Des missions de volontariat pour les jeunes, expérimentées dans les 3ème et 7ème arrondissements, incluent des visites à domicile et des appels réguliers auprès des seniors pour vérifier leur bien-être pendant les canicules. De plus, pour aider les populations les plus modestes, 5 000 tickets de cinéma sont offerts aux bénéficiaires des minimas sociaux, leur permettant de se rafraîchir dans les salles climatisées.

Les efforts de Grenoble, Lyon et Toulouse pour lutter contre la chaleur estivale illustrent une prise de conscience croissante et une action concertée face aux défis climatiques. En investissant dans la végétalisation, l’accès à l’eau et l’adaptation des infrastructures, ces villes posent les jalons d’une résilience urbaine accrue. Ces initiatives, tout en offrant des solutions immédiates pour atténuer les impacts des canicules, suscitent également des questions sur l’ampleur des transformations nécessaires pour faire face à un climat en mutation. Comment ces efforts pionniers peuvent-ils inspirer d’autres villes et quelles innovations supplémentaires seront cruciales pour l’avenir ?

LDV Studio Urbain
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