Une seconde peau pour protéger les squats urbains
Lorsque l’on parle de squat urbain en France, on parle de l’occupation illégale sans droit ni titre d’un bâtiment. Ce phénomène, présent depuis le XVIIIe siècle en France, revêt différentes typologies d’occupations. Souvent subi par les citadins et les propriétaires, il est perçu dans l’inconscient collectif comme un lieu délabré, royaume de tensions, d’insécurité et d’incivilités. Pourtant, la saturation des espaces urbains gagne du terrain et les associations d’aide au logement sont dépassées par l’ampleur du phénomène.
Alors, comment faire lorsque 1 demandeur d’asile sur 2 ne se voit pas proposer d’hébergement ? Comment transformer l’actuel système de squat en dispositif profitant à tous les acteurs concernés ?
Sans-abris et migrants en errance dans les rues
« Tout est saturé aujourd’hui, il n’y a pas de centre d’hébergement de l’État. Ce sont des associations qui font le boulot et qui sont saturées », entend-on par-ci par-là. Le dispositif national d’accueil : le DNA, manque de places depuis des années et ne peut assurer seul l’accueil de réfugiés, sans-abris et demandeurs d’asile. France Terre D’asile estime qu’il faudrait libérer 20 000 à 25 000 places supplémentaires dans les centres d’accueil. Alors seulement, l’aide sociale et le droit commun dont devraient bénéficier ces personnes deviendraient une réalité pour tous.
En attendant, comment loger les vulnérables et laissés pour compte ? Doivent-ils tout de même investir un squat ? Et si c’est le cas, comment transformer cette expérience transitoire en un élément bénéfique pour tous ? Grace Bakongo, étudiante en Master City de l’École de Design Nantes Atlantique, y a réfléchi et propose 3 pistes à explorer.
1. Un espace de transition à expérimenter : try a squat !
Pour mener son projet de recherches, l’étudiante est entrée en relation avec un large réseau d’acteurs nantais : anciens squatteurs, structures sociales d’urgence, associations de solidarité, agences d’architectes et d’urbanistes, collectivités… Elle a constaté que les problématiques récurrentes étaient :
- la gestion d’un flux important de personnes dans un espace limité ;
- l’aspect transitoire de l’habitat temporaire.
Forte de ce constat, elle a analysé le contexte et les comportements inhérents au squat, ce qui l’a menée à la question suivante : comment repenser cet espace de transition pour qu’il soit plus sécurisé et protégé ?
2. Valoriser les ressources des sans-abris au service du collectif : what about squat ?
Un deuxième axe de réflexion serait de créer une plateforme d’échange entre les squatteurs et leur entourage, dont les travailleurs sociaux. Cet outil permettrait de valoriser les compétences et savoir-faire des sans-abris pour les mettre au service de la collectivité.
Il s’agit ici d’être dans une dynamique de partage positive, de se concentrer sur les richesses individuelles de la personne. Grâce à l’intelligence collective et au maillage urbain, l’on pourrait utiliser ces ressources au profit d’une cause partagée et au service d’une collectivité.
3. Penser un squat durable et responsable
Ces pistes de réflexion ont naturellement conduit Grace à imaginer un système physique, une sorte d’enveloppe ou de “seconde peau” solide, à intégrer à l’intérieur du logement squatté. Ce dispositif permettrait à la fois de sécuriser le squatteur, mais aussi de protéger l’habitat de potentielles dégradations.
Ainsi, le logement temporaire pourrait faire l’objet d’une réelle appropriation par le squatteur. Le dispositif à intégrer dans l’habitat serait sécurisé, pratique, confortable et adaptable à l’échelle universelle.
Alors, peut-être le squat aurait-il un autre statut temporaire… faute de mieux.