Un commerce en crise : quel avenir pour la concession automobile ?
C’est désormais un fait établi : si nous voulons agir pour un développement durable il faut changer de modèle. Et il est un objet de notre quotidien qui cristallise toutes les attentions, notre bonne vielle voiture. L’abandonner ? La réinventer ? Aujourd’hui tout le monde s’accorde à penser qu’en tout cas elle prendra moins de place dans nos vies. Et pourtant, elle demeure l’un des piliers de notre industrie qu’il faut sauvegarder. La baisse du nombre de vente de voitures est vue comme un mauvais signe. Et si c’était justement de ce côté là que l’on pouvait agir ? Repenser notre geste d’achat ? Quel avenir, donc, pour la vente de voitures et plus particulièrement pour la concession automobile ?
Repenser la distribution de l’automobile
A l’heure actuelle, le réseau de distribution automobile est de plus en plus controversé et remis en question. Car même si de nouveaux canaux de distribution se développent comme l’e-commerce, le secteur d’activité n’est plus adapté, et doit se réinventer pour pouvoir perdurer dans une ville en mutations. Le marché européen de l’automobile confronte depuis la crise de 2008 les constructeurs français à de sérieuses difficultés économiques et doit désormais réviser sa stratégie de vente en profondeur. Pour survivre à la baisse des ventes et au phénomène de concentration des entreprises, les constructeurs et leurs réseaux de vente vont devoir s’adapter. Mais, bonne nouvelle pour les concessionnaires, nous avons encore besoin de tester, toucher, essayer, conduire une voiture avant de l’acheter. C’est donc sur l’espace de la concession automobile qu’il faudra se concentrer dans les années à venir. Aujourd’hui, on n’achète plus un simple véhicule, et il est fort à parier que nos évolutions de consommation vont faire émerger de nouvelles façons de vendre l’automobile.
Vers un nouvel espace de vente
Les concessions automobiles ne répondent plus à la clientèle actuelle, l’espace est devenu de moins en moins attractif et trop attendu. De plus, l’éloignement des concessions des centres villes est un handicap de taille. Les concessions ont du mal à s’adapter aux nouveaux modes de consommation, axés sur le duo ultra-proximité et zone commerciale de l’hyper centre des agglomérations. Les showrooms et espaces de vente sont pourtant des éléments indispensables du processus d’achat de voiture et constituent également un élément fort de l’image de marque du constructeur. Alors comment réinventer cet espace tout en respectant l’environnement ? Il faudra tout d’abord s’éloigner du modèle économique actuel imposé par la société de production et d’industrialisation pour aller vers de la vente plus raisonnée et plus en réalité avec les besoins des usagers. Dans le cas d’une architecture dont le thème principal est celui de l’exposition et dont la fonctionnalité dépend en grande partie de l’intérêt qu’il peut générer auprès du public, il faut offrir aux visiteurs une véritable structure d’accueil conviviale et familiale.
Le design au service de la concession automobile
Les possibilités d’actions sur cet espace de vente automobile sont alors vastes pour le designer : Retail design, services, identités graphique, scénographie, nouveaux concept stores… Le designer aura un rôle clé dans ce qui sera le futur de la distribution automobile. Par exemple, certaines marques ont compris qu’il était important qu’elles soient également présentes au cœur des villes et du tissu dense des commerces et des espaces piétonniers. Il ne s’agira pas pour le designer de plancher sur une concession classique ou une vitrine, faute de place, mais de proposer un espace à cheval entre les deux, où la marque puisse s’exprimer, sur son histoire, son ambition. Ainsi, la marque crée une relation avec des passants qui n’entreraient pas spontanément dans la concession en proposant une expérience différente et originale. Le retail design est donc un atout important pour la distribution automobile, afin de donner envie d’acheter, mais aussi afin de proposer de nouvelles expériences au consommateur et lui donner une autre image plus positive de l’achat d’une voiture. Pour Camille de Langenhagen, étudiante en 5ème année à l’Ecole de Design Nantes Atlantique, on peut envisager trois hypothèses d’évolutions possibles pour la concession pensées sur des échelles de temps différentes : « La première serait une innovation incrémentale, en se concentrant sur la revalorisation et la création de services, ceci afin de mieux répondre aux nouveaux besoins de mobilité. La deuxième serait de suivre la tendance du numérique et de miser sur la vente digitale, en passant par la dématérialisation de l’automobile, ou, au contraire de la dématérialisation de l’espace. Enfin, la troisième hypothèse serait une mutation plus globale du secteur de l’automobile et la révision en profondeur du système de distribution, ceci pour aller jusqu’à réinventer la concession pour qu’elle soit plus participative, en s’inspirant de la tendance des FabLabs et du Do it Yourself« .
La concession doit étonner, subjuguer, retenir le client, avide de nouvelles aventures. Le designer, avec ses idées innovantes, en adaptant l’espace de vente devient donc indispensable et un atout non négligeable pour l’évolution de l’espace et, au-delà, du métier même de concessionnaire.
Par Camille de Langenhagen, étudiante en cinquième année à l’Ecole de Design Nantes Atlantique option Nouvelles Mobilités, et Zélia Darnault, enseignante
Vos réactions
Je suis un concessionnaire automobile depuis une génération et la deuxième génération qui arrive au commande se pose effectivement d’ énorme questions
nous pensons que plusieurs systèmes vont cohabiter en effet il aura le client qui voudra toucher voir ect ….ensuite le numérique rationnel sans perte de temps ect….
bien sur faire venir le plus grand nombre en développant plusieurs services dans l espace de vente .
Beaucoup de question sans réponses ,?????????
Bonjour
Si on peut partager votre approche, elle amène aussi au moins deux autres reflexions sur l’avenir de la distribution auto :
1- Pour répondre aux axes que vous proposez, il faut avoir une taille critique dans la distribution. Les plus grands groupes de distribution en europe depassent allègrement les 10 milliards de CA. Ils auront les moyens de s’adapter et designer leur distribution. Ces groupes sont multimarques et pèsent lourd face à leurs concédants. Ils son incontournables. Au niveau national, on peut penser que seules les plaques réalisant à minima 600 millions de CA pourront s’adapter. Se pose pour ces derniers la question d’etre monomarque (pour peser regionalement face à un constructeur et s’intégrer à sa strategie) ou multimarques et être soumis à des stratégies divergentes de ces constructeures, ce qui sera une source de perte de valeur.
2- La recherche par le consommateur de solutions plus globales de mobilité. Ces flottes de vehicules partagés seront déployées par les constructeurs et non les distributeurs qui verront une part du gâteau leur échapper
Pour designer la distribution auto il faut sans doute et avant tout designer le modèle économique de la distribution auto avant de designer les moyens de la distribution (les concessions, show rooms, etc)
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