Transports, énergies, alimentation : comment Dijon entame sa transition écologique ?

Illustration_Cour-de-la-Gare-de-Dijon - Pline - Creative Commons (wikimedia)
16 Mar 2020 | Lecture 5 minutes

En compagnie de Lyon et Grenoble, la ville de Dijon fait partie des 3 métropoles françaises candidates auprès de la commission européenne au titre de “Capitale verte européenne 2022”. Ce prix, qui distingue depuis 2010 les villes particulièrement avant-gardiste ou exemplaire en matière d’écologie, n’est revenu qu’une seule fois à une ville française : Nantes, en 2013. Pour Dijon, il ne s’agit pas d’un coup d’essai Déjà candidate en 2018, la capitale bourguignonne avait terminée 4ème du concours parmi les 9 finalistes.

Depuis quelques années, la métropole dijonnaise fait en effet de grandes avancées en matière de mobilité et d’énergie. Elle est également à l’avant-garde de la transition alimentaire, en particulier dans le domaine de l’agroécologie. À ce titre, elle illustre parfaitement les mutations à l’oeuvre actuellement dans notre sociétés ainsi que la façon dont les métropoles françaises se réinventent en villes durables.

METTRE L’ACCENT SUR LES MOBILITÉS DOUCES

Depuis le début des années 2010, Dijon mise ainsi sur le développement des mobilités douces et des alternatives aux véhicules utilisant des carburants fossiles. Pour réduire l’usage de la voiture individuelle, la municipalité a d’abord misé sur le tramway avec la création de 2 lignes en 2012. Puis sur un renouvellement et un verdissement de son parc de transports en commun par la commande d’une centaine de bus hybrides la même année. Elle a ensuite progressivement entamé la piétonisation de son centre-ville et misé sur les transports “doux” comme le vélo. D’après le baromètre des villes cyclables, établi par la fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) en 2019, Dijon se classe d’ailleurs en 4ème position parmi les villes de 100 000 à 200 000 habitants les plus favorables au vélo.

En 2020, cet engagement pour le développement de l’écologie urbaine continue au travers d’un nouveau projet ambitieux basé sur l’utilisation de l’hydrogène.

En effet, la collectivité a lancé cette année la création d’une unité de production et de distribution d’hydrogène à la fois par électrolyse de l’eau et à partir de l’électricité « verte » issue de la combustion de déchets ménagers dans son unité de valorisation énergétique (UVE). L’électrolyseur fournira dans un premier temps 500 kilos d’hydrogène par jour, qui servira à alimenter les piles à combustible des véhicules électriques à hydrogène d’une flotte de huit bennes à ordures ménagères et de six véhicules utilitaires légers de la métropole. L’objectif est ensuite de déployer cette technologie aux bus lors du prochain renouvellement de parc.

À terme, la station permettra de recharger tous types de véhicules électriques à hydrogène sur le territoire à tous ceux qui le souhaitent, entreprises et particuliers. Mis en service d’ici fin 2021, ce dispositif devrait se traduire par une économie de 1 750 tonnes de CO² par an soit 700 A/R Paris – New-York.

Palais des ducs de Bourgogne - François de Dijon, licence CC - Wikimédia

Palais des ducs de Bourgogne – François de Dijon, licence CC – Wikimédia

IMAGINER LE MODÈLE ALIMENTAIRE DU FUTUR

Ce n’est pas un hasard si Dijon a été choisie par l’État pour héberger la cité internationale de la gastronomie et du vin. Haut-lieu du savoir-faire culinaire français de par ses différentes spécialités, la région possède également un patrimoine viticole classé à l’UNESCO. Mais d’un point de vue économique et scientifique, Dijon héberge également de multiples acteurs qui travaillent sur l’alimentation durable, à l’image de Vitagora, premier pôle de compétitivité dédié à l’agroalimentaire, ou de la Foodtech, un réseau thématique French Tech dédié à l’alimentation.

En capitalisant sur ce patrimoine et cette position, la ville de Dijon se positionne comme un territoire d’expérimentation pour faire émerger le système alimentaire durable de demain. Lauréat de l’appel à projets “territoires d’innovations” lancé par le gouvernement et destiné à faire émerger des projets innovants et écologiques dans 6 métropoles, 8 territoires ruraux et 9 villes moyennes, Dijon Métropole a ainsi été choisie l’année dernière pour son projet “Alimentation Durable 2030”.

Le défi que nous nous fixons, c’est d’être à la fois capitale de la haute gastronomie et capitale de l’innovation dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation 

précise Marie-Hélène Riamon, chargée de la filière agro-alimentation à Dijon Métropole.

Ce projet vise à mettre en place un ensembles de modèles réplicables à grande échelle qui mettent en avant de nouvelles pratiques de production et de consommation. Par la mise en avant des pratiques agricoles durables (agroécologie, agriculture urbaine et péri-urbaine) et du développement des circuits-courts sur le territoire, l’objectif d’ici 2030 est de fournir au moins 50% d’alimentation locale, bio ou agroécologique à ses 400 000 habitants et à multiplier par trois la capacité d’autosuffisance alimentaire de la métropole.

L’agroécologie, une pratique prônée par l’ONU pour atteindre les Objectifs de Développement Durable liés à l’alimentation est l’un des points clés de ce projet. Et aussi l’une des valeurs ajoutées de la ville de Dijon, qui héberge une unité de recherche de 600 scientifiques de l’INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture et l’Environnement) spécialisés sur cette thématique.

ONDIJON, UN PROJET DE SMART-CITY AU SERVICE DES CITOYENS

Dijon métropole, c’est aussi un projet de smart-city technologique via le programme OnDijon mis en place en avril 2019. Un programme qui vise en particulier à réduire la consommation d’énergie de la ville par différentes actions. On peut citer par exemple le remplacement de l’éclairage de la ville par des LED, qui devraient générer 65% d’économies d’énergie sur 12 ans. Mais aussi la mise en place à certains endroits d’un éclairage de chaussée qui s’adapte à la fréquence de passage des véhicules ; ou d’un éclairage public dans les parcs qui se déclenche ou non grâce à des capteurs de présence.

Ce projet permet également de fluidifier la circulatation par des feux intelligents. La technologie sera aussi mise en place afin de faciliter le dialogue et la démocratie participative. Par exemple, une communication en temps réel avec les services municipaux sera possible grâce à des applications citoyennes.

Ces différents projets, qu’ils soient liés aux transports, à l’alimentation et à l’énergie, doivent leur mise en oeuvre à une forte coopération entre différents acteurs. Les équipes de la collectivité, mais également des entreprises privées (des grands groupes locaux comme de jeunes startup) et des scientifiques. Une mise en réseau des compétences qui devrait accélérer la transition à l’oeuvre dans la métropole bourguignonne.

Déjà labellisée “Cit’ergie”, un programme qui récompense les villes engagées dans une démarche d’amélioration continue de leur politique Climat-Air-Energie, ces différentes actions effectuées par Dijon depuis une dizaine d’année mettent en avant la manière dont un certain modèle de “métropole durable” émerge en France. En particulier dans les villes en forte croissance comme ce peut être le cas aussi à Angers ou Grenoble.

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