Tous à la plage !
La Cité de l’architecture & du patrimoine propose du 19 octobre au 12 février 2017 une exposition intitulée « Tous à la plage ! » qui se penche sur les villes balnéaires et leur devenir. L’occasion de s’intéresser à cet urbanisme particulier, dans le contexte d’un milieu naturel à respecter, le littoral.
Comment préserver le littoral face à l’urbanisation croissante des côtes dans le monde ? L’urbanisme balnéaire sera le plus vaste laboratoire urbain de demain. Les décideurs et les aménageurs sont aujourd’hui placés devant le double défi de la démographie et de l’environnement. « Il faudra être plus inventif que jamais ». En 2005, plus de 3 milliards de personnes vivaient dans des agglomérations côtières. L’accroissement continu de la population remet en cause les conceptions urbaines qui font fi de la mer et de la protection du littoral.
Le contre-exemple de la Marina Baie des Anges
Les urbanistes et les architectes ne peuvent plus aujourd’hui reproduire des projets démesurés comme la Marina Baie des Anges à Villeneuve-Loubet ou les Spélugues à Monaco. La taille imposante de la Marina Baie des Anges avait soulevé de nombreuses critiques. Dès 1983, l’architecte François Spoerry, à l’origine de la cité de Port Grimaud dans le golfe de Saint-Tropez, regrettait la présence de la Marina en face de la mer. « Les bâtiments auraient tout à fait eu leur place dans une ville nouvelle. La courbure est belle mais je regrette que cela ait été fait au détriment du paysage. Ça ne sied pas à une côte, qui es précieuse, et qu’on doit aborder avec modestie. »
Dubaï, toujours plus haut
Dubaï a multiplié ces dernières années les projets balnéaires suivant plusieurs types d’organisation. Le complexe de Madinat Jumeirah s’inspire de la cité lacustre de Port Grimaud mais dans un esprit arabisant. La presqu’île de Palm Jumeirah, un ensemble d’immeubles et de villas offshore, dominé par l’hôtel Atlantis, se déploie sur cinq kilomètres de diamètre. D’après l’exposition, « Dubaï est devenu un modèle de développement urbain intégrant la fonction balnéaire comme un des quartiers de la ville ». Néanmoins, les possibles impacts environnementaux liés à l’extraction de sable nécessaire à la construction de tels complexe n’est pas abordé. Des projets aussi pharaoniques ne vont-ils pas à l’encontre de la modestie à laquelle faisait référence François Spoerry ?
Le front de mer de Monaco
Monaco se sent à l’étroit sur son territoire de 2 km2. L’agence parisienne Valode & Pistre poursuit la densification urbaine monégasque avec le projet des « Jardins d’Eau ». Elle est secondée par Renzo Piano Building Workshop, Alexandre Giraldi et par le paysagiste Michel Desvignes. La future extension, de 60 000 m2, reposera sur une dalle sous-marine de 6 hectares au niveau de l’anse du Portier. On y trouvera un écoquartier central, des villas en front de mer, des espaces publics, un port de plaisance, 3000 m2 de commerces et une extension du Grimaldi Forum de 3500 m2. La réalisation globale est espérée pour 2024. La proximité de la réserve marine du Larvotto impose des contraintes supplémentaires aux architectes.
La mer comme dernière frontière
Vincent Callebaut a également proposé à la principauté une île flottante mobile en forme de nénuphar géant, Lylipad. La structure pourrait accueillir jusqu’à 50 000 personnes. L’utopie de la ville flottante illustre les principes de l’architecture bleue, avec la mer comme dernière frontière, pour bâtir des quartiers voire des villes. Les programmes touristiques balnéaires seront une composante de la ville de demain, à la fois pour des raisons d’attractivité touristique et économique. Reste à définir le meilleur modèle.