Tour du monde des villes en affiches
Du 16 janvier au 8 février, la Cité des Arts de Paris a exposé une centaine d’affiches réalisées par des graphistes du monde entier représentant les villes où ils habitent. Un événement organisé dans le cadre de la deuxième édition de la Fête du Graphisme. Interview de Michel Bouvet, l’organisateur de cet événement.
Pourquoi avoir demandé à des graphistes installés aux quatre coins du monde de concevoir des affiches des villes où ils sont installés ?
L’idée m’est venue après avoir discuté avec l’un des responsables de la Fondation Alliance Française. Il y a aujourd’hui 830 alliances françaises réparties dans 135 pays à travers le monde. Nous avons donc demandé à ces espaces de solliciter les graphistes sur place pour leur demander de créer des affiches de leurs villes. C’était un pari esthétique très risqué car on aurait pu se retrouver avec des affiches d’un niveau médiocre. Mais au final, le résultat est quasi miraculeux : nous avons reçu énormément de propositions de grande qualité, même dans des pays reculés pas vraiment réputés pour leur tradition graphique. C’est bien la preuve qu’il faut dépasser notre tropisme occidental pour repérer de nouveaux talents.
Parmi la centaine d’affiches exposées, quelles sont vos favorites ?
Oh, il y a tellement de belles affiches au final… Avec ce projet, on a eu la confirmation que l’Amérique latine, et plus particulièrement l’Amérique centrale, était une région pourvoyeuse de graphistes de grand talent. On a aussi reçu des créations remarquables en provenance du Moyen-Orient, de Madagascar, du Bangladesh, du Sri Lanka… À vrai dire, personne à ce jour ne nous a fait l’ombre d’une critique sur ces affiches tant la qualité du travail est évidente. C’était un projet très ambitieux car nous partions d’une page blanche. Et c’est un succès puisque l’exposition va maintenant voyager à travers le monde, notamment dans les différentes alliances françaises.
Peut-on présenter Paris comme l’une des capitales mondiales du graphisme ? Et quelles sont les autres villes les plus influentes dans ce secteur ?
Paris est une ville incroyablement dynamique en matière de graphisme. Mes collègues étrangers me le répètent souvent. Ces dernières années, avec le développement du marché numérique, on a assisté à l’arrivée de nouveaux talents. Après, en ce qui concerne l’international, plus que des villes, c’est surtout à l’échelle des pays que l’on peut parler de culture du graphisme. C’est le cas aux Etats-Unis, bien sûr, mais aussi au Japon, un pays exceptionnel, peut-être celui qui recèle le plus de talents. En Europe, on peut aussi citer des pays comme la Suisse, les Pays-Bas, l’Allemagne ou le Royaume-Uni, qui ont leurs propres traditions graphiques. Mais encore une fois, la France est en train de rattraper son retard à toute vitesse. Et Paris est l’une des villes européennes où le fourmillement des différentes industries est le plus fort. Mode, luxe, culture, médias, communication… Tous ces secteurs emploient toujours énormément de graphistes. Et puis, le niveau des écoles de graphisme en France s’est considérablement élevé ces dernières années.
La Fête du Graphisme est un événement parisien. Peut-on imaginer qu’elle s’exporte ailleurs en France ou à l’étranger dans les prochaines années ?
Pourquoi pas, oui. En tout cas, on nous le réclame. Après, il faut savoir que nous sommes une petite équipe et que ce projet réclame beaucoup d’énergie et de temps. Le graphisme est une discipline encore mal identifiée en France, ce qui explique en partie que nous ayons encore du mal à trouver des partenaires financiers pour nous accompagner. Ce qui est certain, c’est que la Fête du Graphisme a le potentiel pour devenir l’un des plus grands évènements culturels mondiaux. C’est un événement singulier, avec une dizaine de lieux partenaires, une durée de deux mois, et une volonté de présenter le graphisme sous toutes ses formes et sans segmentation (affiches, typographie, numérique, etc.). Autant de caractéristiques qui expliquent qu’il n’existe pas, à ce jour, d’équivalent à l’étranger de la Fête du Graphisme.
Retrouvez la page de l’exposition sur le site de la Fête du Graphisme