Toilettes, enjeux d’égalité hommes-femmes

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25 Fév 2020 | Lecture 3 minutes

Les toilettes sont le théâtre d’intenses revendications relatives à l’égalité entre hommes et femmes et ce, depuis longtemps. Tel un soap dans lequel on se perd à force de rebondissements, le sujet ressurgit régulièrement sous la plume d’un chercheur, d’un journaliste ou d’un collectif féministe. Pourtant, des solutions simples existent. Sans pour autant que rien ne change vraiment.

En 2009, le chercheur en sciences politiques Julien Damon avait consacré douze pages au « droit à pisser » argumentant qu’aussi « saugrenue et insolite, concrète et incarnée qu’elle soit, la question des toilettes publiques relève du droit et de l’aménagement des espaces publics ». Et que « le sujet reste d’importance, révélateur d’inégalités manifestes et de terrains possibles d’innovations ».

Interminables files d’attente

S’appuyant sur un chiffre – les femmes passeraient 2,3 fois plus de temps aux toilettes que les hommes, différences physiologiques obligent –, l’auteur concluait logiquement qu’à « nombre égal d’accès à des espaces sanitaires, il s’ensuit des files d’attente tout à fait différentes ». Interminables (souvent) pour les femmes ; inexistantes (souvent), pour les hommes.

N’importe quelle femme peut témoigner de son agacement face à tout ce temps perdu à faire la queue pour aller aux toilettes, que ce soit sur une aire d’autoroute, lors d’un festival ou une course à pied. A cette tactique si courante consistant à aller juste à côté, chez les hommes. Tout en s’interrogeant : comment, en 2020, ce problème aussi trivial que réel peut-il ne pas avoir été résolu ?

Potty parity aux Etats-Unis

Aux Etats-Unis, le sujet est débattu depuis plus de 30 ans. Quelque 21 Etats et plusieurs villes – notamment New York en 2005 – ont même légiféré. La légende veut que tout ait démarré en 1987, lorsqu’un sénateur californien s’était ému de la demi-heure d’attente aux toilettes infligée à sa femme et sa fille lors de l’entracte d’un concert de Tchaikovsky. Parlant d’injustice, il avait ensuite proposé le premier projet de loi garantissant la construction systématique de toilettes supplémentaires pour les Californiennes dans les nouveaux bâtiments publics. La « potty parity », mouvement militant actif qui vise à sensibiliser les architectes à la question, était née.

En France, des normes peu restrictives

En France, aucune loi n’a été votée pour mettre fin à l’attente des femmes. Les normes existantes n’en tiennent pas compte. Quelles sont-elles ? Un employeur est soumis à l’obligation de mettre à disposition des cabinets d’aisance séparés pour le personnel féminin et masculin, à raison d’au moins un cabinet d’aisance et d’un urinoir pour 20 hommes et de 2 cabinets pour 20 femmes.

Dans les bâtiments destinés à recevoir du public, les normes sont moins restrictives : ainsi, les toilettes ne doivent pas obligatoirement être séparées.

Dans tous les cas de figure, rien n’empêche un architecte de prévoir plus de toilettes pour les femmes que pour les hommes ; en effet, rien n’impose qu’une surface identique soit dévolue aux hommes et aux femmes. En l’état actuel des textes, la spécificité des besoins des femmes peut donc parfaitement être prise en compte pour favoriser une meilleure égalité… Afin de résoudre le problème des files d’attente, il est possible d’appliquer une forme de discrimination positive et de dédier un nombre supérieur de toilettes aux femmes.

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Pour aller plus loin, retrouvez la vidéo Fenêtre sur la ville sur la place des toilettes en ville

URBIS
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