Séoul, the Sharing City
La ville de Séoul a pour ambition de devenir la « ville du partage ». Son maire, Park Won-Soon, entend par là « rétablir le sentiment d’appartenance des habitants à la communauté ». Une plateforme web regroupe aujourd’hui tous les acteurs de ce changement. Focus sur un programme de grande ampleur.
Park Won-Soon, élu maire de Séoul en 2011, lance l’année suivante le concept de Sharing City, décidé à transformer la mégapole. Séoul fait en effet face à un certain nombre de problèmes : les bouchons sont monstrueux, le taux de pollution inquiète les citadins et la solitude gagne malheureusement du terrain (le taux de suicides est préoccupant). Park Won-Soon, ancien avocat des droits de l’homme, écrivain et militant anti-corruption devenu homme politique, initie le projet pour redonner à Séoul une humanité qu’elle semble avoir perdue dans l’hyper-consommation. L’édile s’est à ce titre vu remettre en avril dernier le Gothenburg Award for Sustainable Development, qui récompense chaque année « des personnes ou des organisations qui œuvrent à la réalisation d’un avenir durable ».
Consommer sans posséder
Le concept de Sharing City défend un modèle économique avec « des valeurs sociales positives » tout en permettant aux institutions d’effectuer des dépenses moindres. « La Sharing City cherche la création d’un cadre légal favorable et des politiques qui encouragent l’émergence d’entreprises liées à l’économie collaborative. » Quelle autre ville hyper-connectée pouvait prétendre au titre de Sharing City, sinon Séoul ? Pour Seon Ae Kwon, membre du Gouvernement Métropolitain de Séoul, cela signifie que l’on peut « consommer sans posséder : partager les espaces de travail, les parkings, les informations, les biens comme les livres, vêtements ou les voitures ». La ville a lancé une vingtaine de programmes pour concrétiser cette notion de partage, grâce notamment à la plateforme web « Sharehub » qui agrège tous les acteurs possibles, en majorité des entreprises issues de l’économie collaborative.
Faire revivre l’esprit du poomasi
« Pendant des siècles l’acte de partage était un pilier de la société traditionnelle. Nous avions à cette époque l’habitude d’échanger du travail, des articles et de la nourriture. C’est à ce moment là que les mots poomasi, « échange du travail« , et dure, « coopérative d’agriculteurs« ont été inventés » a rappelé dès 2012 Park Won-Soon. La modernité du XXIe siècle se base ainsi sur une tradition chère au maire de la capitale. Pour Kwon Nan-Shil, directeur de Creative Commons Korea CCKorea, la compagnie chargée de diriger la campagne Sharing City, les conditions sont optimales pour faire de Séoul la ville collaborative par excellence. « Nous avons un des meilleurs réseaux Internet du monde et parmi les plus hauts taux de pénétration de smartphones et des réseaux sociaux avec près de 60%. 97% de la population dispose d’une connexion haut débit. » Les nouvelles technologies sont au cœur de ce projet.
Presque tout peut se partager
Depuis le discours de Park Won-Soon et l’application fin décembre 2012 de la politique de la Sharing City, près de 50 compagnies participent à l’effort commun. « Séoul encourage le covoiturage, la municipalité prête aussi ses bâtiments officiels pour des événements privés comme des mariages ou des réunions associatives. Maintenant on peut partager sa place de parking lorsqu’on est au bureau, partager une chambre vide ou même partager un dîner pour ne pas manger tout seul à la maison, emprunter des jeux pour enfants, des outils de bricolage, tout y passe ! » raconte Frédéric Ojardias, correspondant de France Info à Séoul.
Quelques entreprises impliquées dans la Sharing City :
- The Open Closet propose près de 6 000 vêtements et chaussures, donnés par 1 000 personnes et qui peuvent bénéficier à plus de 20 000 personnes (par exemple un costume pour trouver un emploi). Son fondateur Han Man-il demande également aux donateurs d’écrire l’histoire de ces vêtements : « Comment et où ils ont été utilisés ? La plupart sont des histoires de réussite qui inspirent et donnent confiance à ceux qui portent alors les vêtements ».
- SoCar est la plus grande plateforme de covoiturage de Corée du Sud et contribue à désengorger les routes, tout en favorisant des modes de déplacement plus écologiques.
- Hanintel est une plateforme qui met en relation des voyageurs Coréens avec des compatriotes expatriés susceptibles de leur offrir le gîte. Pour son vice-président Matt Lee, « le site est destiné à faciliter le voyage de ceux qui ont envie de voir le monde indépendamment mais ont peur d’avoir des difficultés à le faire ».
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