S’adapter aux micromobilités

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Segway, giroroue, trottinettes électriques… Depuis peu, ces petits objets roulants difficilement identifiables viennent envahir nos trottoirs et nos bas-côtés. Le jeune cadre dynamique délaisse désormais son fameux scooter à trois roues pour emprunter de nouveaux moyens de transports plus économiques, moins polluants et tellement hype. Il est loin le temps où la trottinette était un simple jouet pour enfants en mal de vitesse et désireux de tester leur équilibre. Désormais, elle est devenue un accessoire de mode, un signe d’appartenance mais surtout un mode de déplacement. Aujourd’hui rassemblés sous la catégorie des « micromobilités », ces nouveaux moyens de transports sont de plus en plus utilisés et sont surtout amenés à se développer. Mais, comment, alors que la cohabitation sur l’espace public semble déjà difficile et saturée, accueillir ces nouveautés ? Comment s’adapter aux micromobilités et assurer la sécurité de tous les usagers de la route ?

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Les micromobilités ont tellement le vent en poupe qu’elles sont devenues l’illustration de la manifestation culturelle « Le Voyage à Nantes » à l’été 2016 © Le Voyage à Nantes

Des transports à la mobilité

« Le domaine des déplacements urbains connaît des transformations diverses à travers le passage de l’ère des transports à l’ère de la mobilité ». Cette phrase du sociologue Georges Amar nous indique que nos préoccupations en matière de déplacements ont changé. L’individu du XXIè siècle recherche avant tout à être mobile, et à travers cette expression on sous-entend une certaine agilité et une facilité à se mouvoir. Le succès rencontré par les micromobilités témoigne de cette volonté nouvelle et semble être une alternative pertinente pour mieux se déplacer dans nos centres-villes urbains saturés.

La grand-messe de la mobilité urbaine, le Salon Autonomy, qui s’est déroulé à Paris en octobre 2016, a consacré le succès de ces engins. Déjà amorcé par l’arrivée sur le marché des Vélos à Assistance Électrique (VAE), les monoroues ou autres gyropodes séduisent de plus en plus. Leurs atouts ? Facilement maniables, transportables, non polluants et à faible consommation énergétique, ils viennent souvent en complément des moyens de transports traditionnels et sont une alternative au fameux problème du dernier kilomètre que les villes peinent à traiter. Désormais, les piétons doivent donc cohabiter avec ces étranges nouveaux usagers, et le phénomène ne fait que débuter.

 

La sécurité : un enjeu majeur

Mais cette cohabitation piétons/ micromobilités n’est pas sans dangers, et le risque d’y laisser des plumes est bien présent. Entre un piéton qui se déplace à 5 km/h maximum et ces engins qui peuvent parfois atteindre une vitesse avoisinant les 25 km/h (soit la vitesse moyenne d’un vélo à assistance électrique) la collusion peut faire mal. D’autant plus que la plupart des micromobilités fonctionnent à l’électrique et sont donc quasi silencieuses. De plus, il n’y a pas d’obligation de visibilité lumineuse. On assiste également à une faille au niveau du code de la route : ni totalement piétons, ni deux roues, ni voitures, aucune voie ne leur est dédiée, à eux de choisir dans quelle catégorie ils se positionnent. Par exemple, Laurent, un Nantais distributeur et usager de micromobilités, se considère comme un piéton et les slaloms, courbes et écarts ne l’effraient pas : « Ca me fait penser au snowboard ». Sa gyroroue lui un coûté moins de 800 euros, il peut parcourir une distance de 25 km à la vitesse de 24 km/h.

Alors, a-t-on assisté à une augmentation des accidents depuis l’arrivée de ces nouveaux usagers des trottoirs ? Le sujet est complexe à aborder, et du côté des compagnies d’assurance c’est plutôt motus et bouche cousue. Impossible de connaître le taux d’accidents causés par les micromobilités. Il va donc falloir chercher à s’adapter pour que le partage de l’espace public se fasse le plus sereinement et en toute sécurité. Et l’enjeu est de taille car ces modes de déplacements plus rapides, plus propres et plus ludiques qu’une voiture coincée dans les bouchons risquent de prendre de plus en plus d’ampleur dans les hyper-centres de nos villes congestionnées.

 

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Nouveau partage de l’espace public, ventes et trajets en nette augmentation font de la sécurité un enjeu majeur de l’adaptation aux micromobilités © Louis Pautre

Adapter par le design

Il n’y a aujourd’hui pas de signalétique propre ni de voies propres aux micromobilités. Ceux-ci doivent se contenter d’une signalétique fixe et pas forcément adaptée. Ainsi, le designer peut venir en appui et proposer des solutions pour permettre d’adapter l’espace urbain à ces micromobilités et garantir davantage de sécurité à tous les usagers.

Louis Pautre, étudiant en deuxième année de cycle master Ville durable à l’École de design Nantes Atlantique a proposé plusieurs concepts permettant de répondre à cet enjeu dans le cadre de son Projet de Fin d’Études en s’appuyant sur les nouvelles technologies et la notion de smartcity. En premier lieu, il a proposé une voie évolutive et connectée, après avoir observé que les pics de fréquentation des usagers de micromobilités et des véhicules traditionnels étaient différents. Il s’agit alors de privilégier une certaine typologie d’usagers selon l’heure de la journée et d’alterner pendant les heures creuses. La rue serait ainsi flexible et communiquerait avec ses citoyens pour faciliter les flux de circulation et ramener un côté sécuritaire. La deuxième possibilité envisagée est un système de captation des informations qui communiquerait ces mêmes informations aux usagers de la route, et ce en temps réel. On repense ainsi notre rapport à l’information en mouvement. Le but est ici davantage d’informer, de sécuriser en permettant aux différents usagers d’anticiper les dangers potentiels.

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Maquette présentant les axes d’études du projet de Louis Pautre : voie évolutive et connectée ou nouveau rapport à l’information en mouvement © L’École de design Nantes Atlantique

Par Louis Pautre, étudiant en deuxième année de cycle master Ville durable à l’École de design Nantes Atlantique, et Zélia Darnault, enseignante.

L'École de design Nantes Atlantique
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