S’adapter aux climats chauds : l’exemple de l’église de Nianing
Sortie de terre en 2019, l’église de Nianing, imaginée par l’architecte français Nicolas Vernoux-Thélot, est un modèle de bâtiment conçu pour s’adapter aux climats chauds et fonctionner grâce à une climatisation naturelle inspirée des termitières.
Elle est considérée comme l’une des plus belles églises d’Afrique. Majestueuse et originale, avec son architecture en forme de coquillage et sa couleur ocre, l’église de l’Épiphanie du Seigneur, à Nianing au Sénégal, est aussi un bel exemple de la manière dont l’architecture permet de s’adapter aux climats chauds.
D’une superficie de 455 mètres carrés, sa forme est inspirée du cymbium, un coquillage emblématique de la côte Sénégalaise. Un projet qui s’inscrit dans une démarche de Développement Durable, à la fois pour s’intégrer de manière durable dans le paysage de ce village de 6 500 habitants situé au sud de Dakar, mais aussi pour son caractère bioclimatique.
Le village de Nianing possède en effet une température moyenne de 26.3 °C avec un climat chaud et sec tout au long de l’année. De plus, les messes et cérémonies y ont lieu en journée lorsque la température est maximale, d’où l’importance de concevoir un bâtiment qui puisse apporter un confort thermique optimal pour les usagers de cet édifice religieux. Et le tout sans climatisation.
Une orientation inhabituelle pour s’adapter aux vents
Ce qui fait la réussite de cet ouvrage, en matière de construction durable, c’est qu’elle repose uniquement sur un système de ventilation naturelle basé sur deux axes : une orientation sud-est pour s’adapter aux vents, et une architecture inspirée des termitières africaines.
Traditionnellement, le plan d’une église s’oriente généralement vers l’est. Celle de Nianing est orientée sud-est pour se protéger de l’harmattan, un vent sec et chaud rempli de poussières du désert soufflant nord-est et qui balaye la côte entre Avril et Novembre. En parallèle, et notamment la nuit, des alizés nord-ouest venus de l’océan rafraîchissent la température de l’air. L’axe sud-est de l’édifice permet de profiter au mieux de ces deux sources chaudes et froides.
Et c’est le clocher de l’église, conçu comme une cheminée de ventilation, qui va permettre cette adaptation.
Une cheminée de ventilation inspirée des termitières
Pour cet ouvrage, Nicolas Vernoux-Thelot s’est inspiré du fonctionnement de la termitière africaine mais aussi du fonctionnement des tours de vents, un système architectural Perse très répandu en Afrique de l’Est et au Moyen-Orient.
Le secret de la ventilation des termitières réside dans une bonne gestion de la densité de l’air grâce à des hautes cheminées centrales. L’air chaud est attiré vers le haut et évacué par ces cheminées. En parallèle, cela crée un courant d’air dans les parties basses grâce à des petites ouvertures, ce qui permet de rafraîchir l’ensemble.
Le clocher de l’église de Nianing est conçu comme une double cheminée pour permettre cette ventilation et capitaliser sur les vents chauds et froids qui traversent le village. Le premier conduit, orienté Nord-Est, sert à évacuer l’air chaud venu du désert et chargé de poussières. Un second, installé Nord-Ouest face aux alizés de l’Océan, sert à intégrer l’air frais de l’extérieur vers l’édifice. Cette cheminée facilite aussi la qualité de l’air intérieur du bâtiment puisqu’ils sont déchargés de poussières.
L’Eastgate building, un supermarché construit en 1996 à Harare au Zimbabwe s’inspire également du fonctionnement des termitières et de son système de ventilation. Des procédés qui, demain, pourraient aussi être utilisés dans les pays occidentaux afin de faire face à la hausse des températures et au réchauffement global du climat.