Dans le cadre de l’exposition « Réver(cités), Villes recyclables et résilientes » présentée jusqu’au 4 décembre 2016 à La Cité de l’Architecture & du Patrimoine, le blog Demain La ville vous fera découvrir au fil des semaines des articles sur ce thème. Aujourd’hui, présentation de la thématique.

(source : ONU)

La ville s’est toujours transformée, en abandonnant un site pour en investir d’autres, en se développant au-delà de ses limites ou en modifiant son espace initial. Dans les grands pays développés, les dernières décennies ont vu le passage d’une ville marquée par la production industrielle (automobile, textile, biens de consommation) à une ville des services et de l’économie de la connaissance, à mesure que l’urbanisation s’accroissait.

Sortir de la logique de table rase

La reconstruction des villes détruites par la Seconde Guerre mondiale a amorcé le développement urbain des Trente Glorieuses (1946-1975) qui s’est fait dans une logique de la table rase. Puis est venue l’époque de la préservation du patrimoine urbain, avec, en 1979, la signature par 80 pays de la convention du patrimoine mondial. Peu à peu, le modèle d’une ville qui sait se « refaire sur elle-même » ou créer de la valeur avec des espaces dévalorisés (ports, friches industrielles) s’est imposé. Ainsi ont vu le jour des projets urbains emblématiques comme ceux de Bilbao ou Birmingham.

(source : Banque mondiale) et (source : Giec)

Aujourd’hui, les ambitions et les exigences du développement durable nous incitent à aller beaucoup plus loin, et ce pour trois raisons :

• La prise en compte toujours plus importante d’un usage raisonné et raisonnable des ressources. Il s’agit de cesser de consommer la planète – donc les ressources qu’elle nous offre – plus vite qu’elle ne se régénère. D’où l’importance nouvelle accordée à l’économie circulaire ou à celle de la fonctionnalité.
• Le développement d’une culture du risque : les aléas climatiques, économiques, géopolitiques, sociaux… se multiplient.
• Avec la mondialisation et l’emballement des transformations technologiques (numérique, biotechnologies, etc.) et économiques, les mutations urbaines s’accélèrent et les usages changent.

Quatre qualités à renforcer

La ville de demain aura donc quatre qualités que l’action d’aujourd’hui peut développer : flexibilité, réversibilité, réutilisation ou recyclabilité, résilience. Chacune d’entre elles représente une facette d’une même vision de la ville :

• Flexibilité des constructions, des usages, des réseaux, pour suivre l’évolution des modes de vie.
• Réversibilité, c’est-à-dire la capacité de revenir sur ce que l’on a fait – jusqu’à rendre des espaces urbanisés à la nature – et intégration de cette capacité à la production architecturale et urbaine elle-même.
• Réutilisation, c’est-à-dire gestion « précautionneuse » des ressources permettant de récupérer les énergies fatales (énergies perdues pour non-utilisation), de recycler tout ce qui peut l’être ou de réutiliser dans les mêmes fonctions ce qui n’est qu’artificiellement obsolète.
• Résilience, c’est-à-dire capacité d’intégrer la survenance d’aléas prévisibles ou imprévisibles à la production et au fonctionnement de la ville – et pas seulement la capacité à se relever après une catastrophe.

(source : Banque mondiale) et (source : ADEME)

Chacune de ces exigences touche chaque échelle de la ville : immeuble, quartier, grand territoire. Afin de penser global et agir local, Réver(cités) se conçoit à l’échelle de la ville, mais se réalise dans des actions concrètes qui peuvent ne concerner qu’un aspect précis ou un lieu particulier.

Frédéric Mialet, architecte et commissaire de l’exposition Réver(cités), et Eve Jouannais, journaliste.