Réver(cités), « relever le défi de l’intransformable »
La Cité de l’architecture & du patrimoine et la Fondation d’Entreprise Bouygues Immobilier présentent, du 12 octobre au 4 décembre, l’exposition « Réver(cités), villes recyclables et résilientes ». L’occasion de découvrir de nombreux exemples concrets partout dans le monde, à l’échelle d’un bâtiment, d’un quartier ou d’une ville.
À la question de savoir comment les villes peuvent s’adapter aux aléas du temps, l’architecte-urbaniste Christian Devillers n’émet aucun doute : « Il n’y a rien de moins figé qu’une ville. Les villes changent tout le temps et sont le meilleur exemple de la résilience, sinon Paris ne serait plus là au bout de 2000 ans. Les villes ont une extraordinaire capacité à s’adapter aux changements sociaux, sociologiques, technologiques. » Le contre-exemple parfait ? Christian Devillers répond sans hésiter les grands ensembles construits dans les années 50 et 60. « Ces morceaux de ville ont vécu, se sont dégradés et ont fini par être démolis. Résultat on a tout perdu, c’est un gaspillage gigantesque. La résilience ne veut pas dire revenir à la forme initiale après un désordre, mais revenir à un état stable. »
Apprendre du passé, anticiper et innover
L’époque n’est plus à la destruction pure et simple des anciennes friches industrielles ou des quartiers délaissés. Il s’agit bel et bien de « faire avec » rappelle Alain Bourdin, sociologue-urbaniste. « Faire avec ce qu’on a c’est savoir donner une nouvelle vocation à des constructions obsolètes dans leurs fonctions et aller jusqu’à relever le défi de l’intransformable. » Les villes de Milan, Birmingham ou Bilbao démontrent la capacité des villes industrielles à se réinventer. La résilience ne se définit pas seulement comme la capacité d’une collectivité ou d’un territoire à retrouver un équilibre après une catastrophe. L’exposition souligne qu’il s’agit aussi de la capacité à apprendre du passé, à anticiper et à innover avec toutes les parties prenantes de la ville.
Développer une pensée du « ménagement »
L’exposition s’articule autour de quatre idées principales : la flexibilité, le recyclage, l’anticipation du risque climatique et la résilience urbaine. La flexibilité met en avant la nécessité pour le parc bâti de s’adapter aux nouveaux usages de la ville. La mutation de l’immobilier tertiaire en habitat vient notamment illustrer cette notion. C’est le cas de la résidence étudiante d’Arcueil ou des tours Black Swans à Strasbourg. La partie consacrée au recyclage revient entre autres sur les friches urbaines transformées en lieux éphémères de détente et de fêtes.
Le réchauffement climatique invite de nombreuses villes à repenser leur cohabitation avec l’eau, à Hambourg ou Lagos par exemple. Enfin New York, Le Havre ou Medellín incarnent pour des raisons différentes la résilience. Pour Guy Amsellem, président de la Cité de l’architecture & du patrimoine, il est temps maintenant de développer « une pensée du ménagement » plutôt que de l’aménagement.
Informations pratiques
Cité de l’architecture & du patrimoine
M° Trocadéro
Du mercredi au dimanche, de 11h à 19h.
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h.
Entrée gratuite.