Repenser les espaces à travers la notion d’expérience
UX Design. Des mots qui peuvent sembler barbares pour les non-initiés mais qui dictent aujourd’hui notre quotidien. Car derrière UX se cachent les termes de « User eXperience« , traduisez « expérience utilisateur ».
Venue du monde du numérique, cette notion désigne le fait de prendre en compte le ressenti d’un utilisateur lorsqu’il se retrouve face à une interface numérique afin de fluidifier, d’améliorer et de rendre plus agréable son expérience. Car dans le monde des applications et du numérique, la moindre erreur ne pardonne pas : l’usager se sent en incompréhension, en incompatibilité avec la machine et la sanction est immédiate, abandon de la plateforme en question. L’UX design cherche donc à se mettre à la place de l’usager dans le but d’optimiser son parcours numérique. Pourtant, le monde du numérique n’est pas le seul monde où nous vivons des interactions. Ainsi, pourquoi ce qui est vrai pour nos bornes interactives ne le serait pas pour la conception d’espaces ? Peut-on repenser la conception de nos espaces physiques à travers cette notion « d’expérience utilisateur » ?
Un usager à prendre en compte
En matière de conception d’espaces, l’échelle de l’utilisateur futur de cet espace a souvent été délaissée. L’utilisateur était alors vu comme un élément secondaire, l’espace était pensé pour lui mais pas en fonction de lui (de ses capacités, de ses spécificités…), et encore moins avec lui. La révolution numérique a forcé les concepteurs à repenser leurs créations en matière d’interactions : l’usager n’est plus vu comme un consommateur de l’espace mais bien comme une personne interagissant avec cet espace. L’expérience utilisateur repose alors sur les notions d’accessibilité et et d’adaptabilité à un contexte, ainsi qu’à un utilisateur et en répondant à un usage qui se doit d’être facilement compris et utilisé. Ce terme d’expérience utilsateur entraîne des enjeux importants dans des domaines tels que l’ergonomie, l’innovation, le marketing, et bien sûr le design. C’est donc au travers d’une approche pluridisciplinaire que l’expérience est intégrée à l’espace.
Expérience et espace physique
Mais alors comment faire ? Au-delà de la notion d’expérience, il s’agit de faire émerger celle de parcours. Chaque étape du parcours de l’usager dans l’espace doit faire l’objet d’une étude en cherchant à se mettre à la place de ce dernier, voire avec lui, en cherchant à comprendre ses besoins, ses spécificités. Ainsi, le but recherché est l’inclusion de tous les usagers, de leur donner un accès à l’information, à la culture, aux lieux et de permettre aux usagers de participer à la vie de l’espace. Les mots clés doivent être simplicité, intuitivité et bonne perception de l’information. Ainsi, il s’agit de prendre également en compte les capacités, le ressenti et les sentiments des différents usagers. Et pour cela, les designers comptent bien apporter davantage de sensorialité dans la lecture et l’usage des espaces.
La notion d’expérience pour repenser les espaces commerciaux
S’il est un lieu où l’usage et la compréhension des espaces doivent être aujourd’hui facilités, c’est bien l’epace commercial. Et c’est à ce type particulier d’aménagement qu’Aurélie Amossé, étudiante en deuxième année de cycle master Ville Durable à L’École de design Nantes Atlantique, s’est intéressée pour son Projet de Fin d’Études. Pour Aurélie, « en créant des expériences à l’écoute des utilisateurs, il est nécessaire de ne pas rester sur les attentes des usagers, mais de les dépasser. C’est pourquoi, la relation entre utilisateurs et magasins commerciaux est très intimement liée ». En effet, avec la complexification des rapports entre usagers et espaces commerciaux, la relation entre ces deux notions peut facilement emmener à la rupture, et entraîner à une expérience marketing parmi tant d’autres. Mais s’il s’agit de s’inspirer des méthodes développées dans le domaine du numérique, Aurélie compte bien offrir une alternative à l’hyperconnectivité des usagers. En parallèle de la digitalisation des espaces de vente, les magasins physiques et les usagers souhaitent obtenir le même niveau d’information que l’on pourrait trouver sur Internet. La phase de réflexion correspond à la phase primordiale du processus d’achat : celle de l’éveil du besoin et du commencement d’une réponse à un besoin. Pour son Projet de Fin d’Études, Aurélie a plus particulièrement étudié le contexte des parapharmacies. Son projet intègre divers modules qui proposeront à l’usager d’expérimenter au travers d’une approche multi-sensorielle. Un premier module permettra, grâce à une activité ludique, d’identifier l’ensemble des ingrédients constituant un produit. Les autres modules mis en place permettront une certaine modularité et évolueront en fonction de la temporalité du lieu, de la taille de l’espace et des activités ludiques proposées. De multiples services sont intégrés à l’installation pour une plus grande autonomie chez l’usager. L’aménagement d’un espace expérientiel offre une certaine transparence dans l’origine et la fabrication des produits délivrés en parapharmacie. Ce petit espace d’expérience est donc l’occasion de stimuler la curiosité chez l’usager avant même la volonté d’achat. L’autonomie des usagers améliore les flux dans le parcours client. La mise en valeur de l’expérience utilisateur se ferait donc au travers d’un parcours et d’une expérience sensorielle tout au long de son processus de reflexion et d’achat. Ainsi, la notion d’UX design quitte peu à peu le domaine du numérique renouveler l’approche de la conception des espaces.
Par Zélia Darnault, enseignante à L’École de design Nantes Atlantique
Vos réactions
Je pensais lire un article de fond sur une façon révolutionnaire d’appréhender la conception des espaces, notamment publics.
Et on se retrouve face à la promotion d’un projet de diplôme qui, pour intéressant qu’il puisse être par ailleurs, fait penser à une forme de Publicité sur lieu de vente (PLV) améliorée.
Décevant…
De l’urbain vers l’UXbain ?!
@Arnaud c’est justement le sujet que j’ai abordé avec mes étudiants en master Design for Smart Cities (Strate) dans le cadre d’un cours d’UX Urban Design.
Il est bien évident que cette approche de la fabrication du projet urbain par et pour une meilleure expérience utilisateur a de l’avenir.