Réduire les déchets via une démarche écologique intégrale
« Je n’achète pas de produits recyclés parce que c’est plus cher », voilà ce que l’on entend souvent et contre quoi il faut désormais s’élever. Car faire du neuf avec du vieux a de multiples vertus. Non content d’être, en réalité, moins cher, l’objet recyclé a l’avantage de développer le pouvoir d’achat.
Ces dernières années les filières se sont organisées devenant même de véritables modèles économiques. De l’écologie industrielle à l’économie circulaire, entreprises et collectivités s’emparent de nos déchets pour créer de nouvelles richesses.
L’écologie industrielle : pour une approche systémique de la gestion des ressources
Penser une zone d’activités comme un écosystème, tel est le concept développé par l’écologie industrielle. Que l’on ne s’y trompe pas, le mot « industrielle », directement traduit de l’anglais, englobe l’ensemble des activités économiques d’un territoire. Chaque flux entrant et sortant d’une entreprise est analysé et considéré comme une ressource, soit pour l’entreprise elle-même soit pour une autre entreprise du territoire. Le voisin n’est donc plus vu comme un concurrent potentiel, au contraire, il s’agit de favoriser les synergies. La mutualisation est le maître mot de ce concept : que ce soit pour les services, les matières, ou encore les déchets, les entreprises sont incitées à jouer collectif. Toutefois, le succès d’un tel système n’est pas évident et bien souvent il est nécessaire de faire appel à une tierce personne pour organiser et animer ces synergies. La France compte déjà de beaux exemples de réussite, comme le site géré par l’association Ecopal à Dunkerque.
L’économie circulaire : faire des déchets des uns les ressources des autres
L’économie circulaire serait en passe de rendre le concept d’économie verte has-been ? Non seulement elle propose un nouveau système mais surtout les potentialités sont réelles. Et énormes : sur la seule production des biens de consommation, c’est plus de 500 milliards d’euros par an en Europe qui pourraient être générés par cette nouvelle économie. Mais alors en quoi ce système est-il révolutionnaire ? En réalité, il repose bien plus sur le bon sens en incitant à considérer nos déchets comme une ressource potentielle pour les autres. Mais dans un pays comme la France où deux-tiers des déchets ménagers ne sont pas recyclés la mise en route n’est pas évidente. Certains proposent même d’éliminer le mot « déchet » trop connoté produit sale. L’enjeu est bel est bien économique : la réutilisation, le réemploi permet de faire des économies en entreprise et de diminuer la quantité de matière utilisée. Et ça, l’entreprise nantaise Armor l’a bien compris. Il y a quelques années elle défrayait plutôt la chronique pour ses piquets de grève, aujourd’hui elle est devenue un modèle de réussite grâce au développement durable et à l’économie circulaire.
Réduire les déchets par le design : l’exemple du design alimentaire
S’il y a bien un domaine dans lequel nous produisons une quantité énorme de déchets c’est celui de l’alimentation. Gaspillage, suremballage, déchets organiques : les efforts à faire restent nombreux. Le Design Lab Nouvelle Pratiques Alimentaires de l’école de design Nantes-Atlantique fourmille de projets innovants. Pour les étudiants en cinquième année, la lutte contre le gaspillage est devenue une préoccupation constante, et les réponses sont nombreuses. Ainsi, Marie Visonneau, explore plusieurs pistes : de la fabrication d’emballages à l’aide de nos déchets alimentaires à la conception de nouveaux aliments issus de ces mêmes déchets. Si les solutions existent, les freins à leur mise en œuvre sont avant tout psychologiques : est-ont vraiment prêts à penser nos déchets comme des ressources ?
Par Zélia Darnault, enseignante.