Réduire la vitesse en ville ou sur les autoroutes : une mesure bonne pour le climat, la sécurité et le porte-monnaie

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13 Juil 2022 | Lecture 2 min

Qu’il s’agisse de la mise en œuvre de zones limitées à 30km/h dans les villes ou de préconisations pour abaisser la vitesse à 110 km/h sur les autoroutes, la réduction de la vitesse apporte de nombreux bénéfices sur le plan environnemental, social et financier.

Faut-il réduire la vitesse sur les routes ? La question revient souvent dans le débat public, et suscite plus ou moins d’enthousiasme auprès des françaises et des français. Nous avons pu le constater encore récemment lorsque le gouvernement d’Edouard Philippe a proposé de baisser la vitesse de 90 km/h à 80 km/h sur les routes à double sens sans séparateur central.

Pourtant, qu’il s’agisse de sécurité, de protection de l’environnement ou de gain de pouvoir d’achat, l’abaissement de la vitesse est une mesure souhaitable. D’après l’Ademe, en réduisant la vitesse à 90 km/h, chaque automobiliste réalise une économie moyenne de 120€ par an et diminue de 30% ses émissions polluantes.

Récemment, dans ses conseils pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles, l’Agence Internationale de l’Énergie préconisait d’ailleurs de baisser la vitesse sur les routes. Un débat qui devrait se poursuivre dans les mois qui viennent à deux niveaux : sur les autoroutes et dans les centres-villes.

Timéthagot © Getty Images

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Passer la vitesse sur autoroute de 130km/h à 110km/h pour réduire la consommation d’énergie et réduire les coûts de carburant

En France, la vitesse maximale sur autoroute est limitée à 130km/h depuis 1974, mais l’idée de baisser cette vitesse à 110 km/h est un point régulièrement mis en avant, notamment depuis qu’elle a été proposée par la Convention citoyenne pour le climat, en 2020. Néanmoins, sa mise en place a été compromise puisque le gouvernement a décidé de l’écarter dans la loi Climat et Résilience.

Cette mesure serait pourtant bénéfique, et ce sur plusieurs plans. Si les avantages climatiques liés à la réduction de gaz à effet de serre émis lors des trajets sur autoroute sont incontestables, d’autres avantages sont aussi à prendre en compte, notamment en matière de réduction de la consommation de pétrole. En effet, d’après des travaux menés par le CEREMA, réduire la vitesse sur autoroute de 130 km/h à 110 km/h permettrait une réduction de la consommation de carburant de 16% par kilomètre parcouru. Cette économie de carburant serait donc très bénéfique pour le portefeuille des automobilistes, mais également pour alléger la dépendance de la France aux importations de pétrole.

Le fait de réduire la vitesse à 110km/h serait aussi susceptible d’inciter les constructeurs automobiles à favoriser une plus grande sobriété dans la conception de leurs véhicules, dans la mesure où une vitesse élevée nécessite des moteurs puissants, et donc plus lourds, et surtout plus consommateurs d’énergie. En particulier dans l’optique d’une transition vers des véhicules électriques, puisqu’un passage de 130km/h à 110km/h entraînerait une baisse de 24% de l’énergie consommée par ces véhicules. Leur autonomie se trouverait ainsi augmentée, entraînant des pauses de recharge moins fréquentes, et donc une durée de trajet pas forcément plus élevée. D’ailleurs, du point de vue du temps de trajet, il faut savoir que la vitesse moyenne sur l’autoroute est d’un peu moins de 120 km/h, donc la mesure ne serait donc pas brutale.

Enfin, cela permettrait aussi d’harmoniser davantage la législation au niveau européen, car de nombreux pays ont déjà commencé à baisser leurs limitations de vitesse. C’est le cas par exemple de la Belgique, de l’Espagne et du Portugal, avec des limitations désormais portées à 120km/h. Au Royaume-Uni, la vitesse maximale s’élève à 110km/h, tandis que les Pays-Bas proposent une réduction de la vitesse de 130km/h à 100 km/h entre 6h du matin et 19h.

TimSiegert-batcam © Getty Images

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Baisser la vitesse à 30km/h dans les centres-villes pour limiter le risque d’accident et améliorer la qualité de l’air

Contrairement aux 110km/h sur autoroute, la mesure portant les limitations de vitesse à 30km/h dans certaines villes a su se généraliser en France depuis les années 2000. Apparue aux Pays-Bas dans les années 1970, cette pratique s’est par la suite étendue dans le monde, en touchant dans un premier temps en France les villes situées en banlieue parisienne comme Sceaux, Fontenay-aux-Roses ou encore Nogent-sur-Marne.

Si cette mesure est parfois encore clivante, en témoignent les multiples oppositions à la limitation à 30km/h à Paris, son objectif n’en reste pas moins noble : donner plus d’importance aux mobilités douces, rendre les villes plus agréables et sécurisées, ou encore partager l’espace public de manière plus optimale. Il faut savoir qu’un piéton heurté par une voiture qui roule à 50 km/h à 80% de chances de mourir. Lorsqu’il est heurté par un véhicule qui roule à 30km/h, il a 90% de chances de survivre. Cqfd.

De façon concrète, les villes ayant mis en place cette limitation observent des effets positifs réels, notamment en termes de sécurité des piétons et des cyclistes. La ville de Toronto a par exemple constaté une baisse de 67% des accidents entre piétons et automobilistes, tandis que la ville d’Helsinki n’enregistre désormais plus aucun décès de piétons après avoir réduit la vitesse à 30km/h dans le centre-ville. La ville espagnole de Pontevedra a elle aussi bénéficié d’une forte baisse de la mortalité, en passant de 30 à 3 décès par an.

Dans le même temps, le Commissariat général au développement durable et l’ADEME estiment que limiter la vitesse à 30km/h en ville est susceptible de pousser une personne sur cinq à abandonner la voiture au profit d’un autre moyen de transport, ce qui contribuerait à fluidifier le trafic et à améliorer la qualité de l’air. En France, les métropoles de Grenoble, Lille, Paris, Montpellier ou encore Nantes ont récemment adopté cette mesure.

Toutefois, une étude du CEREMA montre que cette baisse de la vitesse doit être associée à d’autres aménagements afin d’être réellement efficace : le renforcement de l’attractivité des transports en commun, la suppression des feux tricolores, ou encore le renforcement de l’accessibilité au centre-ville en transports en commun.

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