Questions d’adresse : raconter l’espace 1/2
Si vous revenez de grandes vacances à l’autre bout de la planète, vous avez probablement dû adapter vos déplacements aux systèmes d’aménagement et de signalisation locaux. Parfois, l’adresse même d’un hôtel ou d’un monument peut être compliquée à déchiffrer, et encore plus à retrouver ! Et cette difficulté à se repérer dans des lieux étrangers va parfois bien au-delà de la barrière évidente portée par la langue et l’écriture. D’autres normes conditionnent ainsi les espaces traversés, et dans lesquels il faudra nécessairement s’orienter.
A chaque lieu sa géographie, et à chaque culture sa façon de se représenter l’espace… De ce point de vue, nous avons souhaité nous intéresser aujourd’hui aux systèmes d’adressage postaux à travers le monde. Si la question est évidemment impossible à traiter de manière exhaustive ici, on en examinera ci-dessous un cas significatif…
L’adresse postale, une norme universelle ?
Comme évoqué en introduction, le système d’adressage européen auquel nous sommes habitués ne suit évidemment pas un standard planétaire. Propres à chaque pays, ces normes sont enregistrées auprès de l’Union Postale Universelle, institution spécialisée de l’ONU chargée de “favoriser le bon développement et la coopération des différents systèmes postaux du monde”.
Suivant une certaine “culture spatiale”, les systèmes d’adressage s’appuient sur le maillage urbanistique, et divers signes aménagés à cet effet. L’organisation administrative d’un territoire est évidemment déterminante dans la définition des normes de présentation de l’adresse postale locale. S‘il est par exemple inutile de spécifier la région ou le département dans l’adresse postale d’un courrier français, d’autres systèmes préciseront ce type de subdivisions. De plus, les façons de raconter un emplacement diffèrent d’une culture à l’autre.
Drôles de jeux d’adresses : le cas japonais
Pour ne donner qu’un exemple parlant de cette diversité, le système japonais est somme toute saisissant. D’une part, on présente une adresse japonaise dans le sens inverse du mode européen, à savoir en partant de la subdivision géographique la plus étendue pour terminer sur la plus précise. Le territoire nippon se décline ainsi du nom de la préfecture au numéro de l’habitation. Dans le cas des grandes villes, l’entonnoir se réduit ainsi petit à petit, en passant par la mention de la municipalité, du quartier, du district, du bloc de bâtiments, et enfin du numéro de l’appartement.
Vous remarquerez que le nom de la rue – primordial dans notre système d’adressage – n’y est même pas mentionné ! Mais le plus intéressant dans le cas japonais, c’est surtout la façon dont les derniers éléments de l’adresse sont définis :
“Le numéro des blocs de bâtiment est généralement attribué dans l’ordre de proximité par rapport à la mairie : plus le chiffre est grand, plus le bloc est éloigné de la mairie. Les bâtiments ne sont pas numérotés de façon séquentielle par rapport à leur situation sur une voie (les rues n’ont généralement pas de nom), mais plutôt en fonction de leur date de construction.” – via Wikipédia
Ainsi, même la manière la plus officielle possible de raconter un espace (ici : le système d’adressage postal d’un pays) témoigne de choix culturels et de représentations collectives spécifiques. Parfois, le sens de l’orientation et la bonne lecture d’une carte ne suffit pas pour se rendre d’un point A à un point B, encore faut-il comprendre sur quels critères se fonde le système d’adressage local…
Vos réactions
De même en Amérique du sud, j’ai constaté qu’on raisonnait souvent par « quadras » paté de maison, organisés autour de la traditionnelle « plaza de arma ».
L’intérêt de l’organisation par rue est d’universaliser l’adressage en quelque sorte