Quand la ville devient intelligente (1/2)
Grâce à la révolution numérique et aux objets connectés, les villes deviennent « intelligentes ». Passages cloutés, trottoirs et lampadaires deviennent ainsi des espaces vivants, capables de fournir de l’information. Objectif : rendre la ville plus confortable, plus écologique et plus pratique.
La ville de demain sera « smart » ou ne sera pas. Qu’ils soient maires, architectes, urbanistes industriels ou conseillers en développement durable, les différents acteurs de l’espace urbain ne jurent plus que par ce mot magique, devenu d’ailleurs un peu gadget à force d’être employé à tort et à travers. Des réseaux de distribution de l’énergie aux arrêts de bus en passant par les parkings ou les poubelles, tout nouveau projet d’aménagement urbain se doit désormais d’être « intelligent ». Une petite révolution rendue possible par les progrès fulgurants réalisés ces dernières années dans le domaine des NTIC, acronyme désuet encore employé par certains pour désigner les « nouvelles technologies de l’information et de la communication ». En clair, les capteurs, puces RFID, compteurs, GPS et autres supports numériques et dispositifs d’information intelligents.
La ville, laboratoire vivant
Longtemps limitée, faute de technologies suffisamment innovantes, l’offre de services aux citadins a été considérablement boostée par le recours à ces nouveaux bijoux technologiques. Designers et ingénieurs ont transformé certains quartiers des grandes métropoles en de véritables « laboratoires vivants » permettant d’expérimenter toutes sortes de systèmes. Mais les grandes villes ne sont pas les seules à vouloir se transformer en « smart cities ». Même les agglomérations de taille modeste se lancent dans la course à l’innovation. À ce jour, au moins 2400 projets pilotes de « villes intelligentes » ont été initiés à travers le monde. Selon le cabinet d’études ABI Research, le marché des technologies qui sous-tendent ces projets de villes « smart » devrait même atteindre 39 milliards de dollars en 2016, contre « seulement » 10 milliards en 2010.
Outils de progrès ou de contrôle ?
Pour le moment, nous ne faisons qu’entrevoir les premiers balbutiements de la ville intelligente, dont l’avènement semble, à moyen terme, inéluctable. Mais déjà, des questions se posent sur la remise en cause de certaines libertés par ces systèmes intelligents. Les capteurs qui habillent les rues des « smart cities » collectent des quantités considérables de données, individuelles et collectives, qui sont centralisées puis utilisées pour proposer des services censés faciliter la vie des citoyens. À ce titre, ces gadgets pratiques jouent donc aussi le rôle d’outils de surveillance. Un écueil qu’il faudra parvenir à surmonter pour ne pas froisser des citoyens de plus en plus vigilants en matière de respect de la vie privée et des libertés individuelles.