Du 2 mai au 29 juin, l’Observatoire de la Ville organise à la Cité de l’architecture et du patrimoine de Paris l’exposition Proximité(s), qui présente une trentaine de projets urbains permettant de rapprocher les citoyens.

Exposition Proximité(s), à découvrir à la Cité de l’architecture et du patrimoine, à Paris. Crédits : Graphix Images

Après avoir planché en 2012 sur la notion de mixité urbaine, les experts de l‘Observatoire de la Ville ont travaillé ces derniers mois sur la notion de proximité. Une notion en pleine mutation, à l’heure de la révolution numérique et de l’émergence de nouvelles approches de l’urbanisme et de l’expérience citoyenne.

Redéfinir la proximité

La proximité, c’est plus qu’une simple question de rapprochement géographique ou spatial. L’enjeu, aujourd’hui, consiste également à réduire les distances temporelles et humaines. Un défi que l’espace urbain doit permettre justement de relever. « Je définis comme proche, non pas ce qui est à côté, mais ce qui est facilement accessible, en termes de distance mais aussi de temps de trajet ou de coût », explique le sociologue Alain Bourdin, membre de l’Observatoire de la Ville, dont il a coordonné les travaux sur la proximité en compagnie des architectes Christian Devillers et Françoise-Hélène Jourda, de l’expert en mobilité Nicolas Louvet et de l’urbaniste spécialisé dans le commerce Michel Pazoumian. Plus qu’un fait objectivement mesurable, la proximité apparaît plutôt en 2014 comme une « qualité ressentie », constate le sociologue.

Du zoning à la sérendipité

Au fil de leurs auditions privées et publiques, les membres de l’Observatoire ont passé au peigne fin toute une série de projets d’aménagement urbain initiés en Europe, au Canada et en Asie. Des projets dont le but commun est de rapprocher les urbains à travers de nouvelles manières d’appréhender la mobilité, le travail ou l’espace public. Les experts en ont sélectionné une trentaine, à découvrir jusqu’au 29 juin à la Cité de l’architecture et du patrimoine. « Ces projets qui visent à rapprocher des hommes et des femmes sont les lieux de la sérendipité, c’est-à-dire de notre capacité à faire des découvertes de façon imprévue ou accidentelle », raconte Alain Bourdin.

En découvrant ces projets, il apparaît évident que les villes sont en train de rompre avec un certain nombre de vieux modèles urbanistiques. Le temps du zoning, par exemple – quand les urbanistes isolaient délibérément les espaces de vie, de travail et d’activités – est bel et bien révolu. L’heure est plutôt à la coexistence d’activités multiples sur un même espace, afin de multiplier les rencontres et les mixages. Si la proximité ne se décrète pas, il est tout de même possible de créer ses conditions d’émergence, d’aménager un espace favorable à son développement. Plus qu’à la « ville des lieux », l’expert en mobilité Nicolas Louvet croit ainsi à la « ville des liens », et prône « le passage d’une politique de l’offre à une politique de l’usage », afin « d’accompagner les nouveaux usages alternatifs ».

La ville du futur est déjà là

Des vélos en libre service aux food trucks en passant par les espaces de coworking et les cités-jardins, l’exposition Proximité(s) n’oublie aucune des révolutions en cours de l’espace urbain et de l’expérience citoyenne. En décortiquant avec pédagogie les signaux faibles à caractère urbain les plus pertinents, en repérant les pratiques émergentes et durables aux quatre coins du monde, elle dessine même en creux une sorte de portrait-robot de la ville du futur. Ou plutôt des villes du futur, tant la diversité des initiatives et des bonnes idées tord le cou au scénario d’un modèle urbanistique figé qui s’imposerait demain à l’échelle globale.

Exposition Proximité(s), du 2 mai au 29 juin, à la Cité de l’architecture et du patrimoine. Entrée gratuite.

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