Proximité, Solidarité, Résilience : la nouvelle donne pour 2021 ?

Pont cyclable à Copenhague ©️Tolu Olarewaju via Unsplash
21 Jan 2021 | Lecture 5 min

L’année 2020 nous laisse un souvenir amer. La crise sanitaire est venue changer les priorités et redessiner les enjeux de demain pour nos villes, mais elle a également renforcé des initiatives locales et solidaires. Une dynamique qui pourrait bien se poursuivre en 2021, une année qui s’annonce aussi comme décisive pour la lutte contre le changement climatique, avec l’arrivée d’un futur Green Deal européen et l’organisation d’une nouvelle COP pour le climat.

Alors, en quoi le trio proximité, solidarité et résilience est-il la nouvelle donne pour les projets urbains ? Comment faire rimer les enjeux climatiques, sociaux et sanitaires pour un renouveau urbain ? Différentes transformations positives s’amorcent déjà en ce sens et plusieurs constats de 2020 sont à prendre en compte pour dessiner un avenir urbain en accord avec les défis de demain.

Une période inédite qui entraîne un nécessaire renouveau urbain

L’année 2020 a été rythmée par des périodes inédites de confinement et de couvre-feu, de fermetures de commerces et de lieux culturels, de limitation d’interactions sociales, qui ont chacune bouleversé notre quotidien et métamorphosé la vie de nos territoires. Pour beaucoup, cette année a entraîné des moments difficiles, notamment d’isolement social. Il n’est aujourd’hui plus à prouver combien la ville, son animation, ses équipements, ses aménagements, ses multiples dynamiques influent sur la santé morale et la vie de ses habitantes et habitants.

2020 a mis des villes à l’arrêt. ©️Clay LeConey via Unsplash

2020 a mis des villes à l’arrêt. ©️Clay LeConey via Unsplash

Malgré cette situation sanitaire, économique et sociale tourmentée, de nombreuses actions et de multiples projets ont émergé partout en France. Des initiatives citoyennes, publiques ou privées, qui résultent en réalité d’un profond besoin et d’une nécessité de faire évoluer la fabrique urbaine avec une ambition : celle d’assurer un avenir durable et optimiste pour nos territoires. Revenons sur trois des enjeux qui ont pleinement rythmé cette volonté d’un renouveau urbain.

Le premier constat, face à l’épreuve du confinement, est qu’il paraît désormais d’autant plus essentiel de créer ou de revaloriser des espaces, des fonctions et des services de proximité en ville. Pour ce faire, des concepts comme la ville du quart d’heure mais surtout des actions concrètes se sont multipliés sur le territoire français et devraient s’accentuer en 2021. Face à la crise sanitaire, nous avons également pu constater l’intensification de réseaux de solidarité, à diverses échelles et sur divers sujets, notamment par le biais de l’économie sociale et solidaire.

Enfin, cette année 2020 a renforcé l’intérêt de mettre en place ou de repenser nos modèles de résilience. De nombreuses initiatives ont ainsi émergé, dans une logique d’urbanisme tactique, afin de répondre aux enjeux urbains de la crise sanitaire et climatique.

L’objectif aujourd’hui est donc d’intégrer de manière optimale ces enjeux prégnants de proximité, de solidarité et de résilience au sein de la fabrique de la ville, autant dans notre manière de concevoir les espaces urbains que de les vivre et les investir au quotidien. Pour cela, deux axes d’actions déjà investis semblent prédominants pour cette nouvelle année : la mobilité et la culture.

Agir sur les mobilités pour garantir la durabilité mais aussi la convivialité de nos villes

2020 a marqué les esprits par une transformation radicale des mobilités en lien avec la crise sanitaire du Covid19. Réduction des mobilités internationales, confinement, couvre-feu, les déplacements qui rythment et qui activent nos villes se sont vus limités et contraints, alors même qu’ils structurent le quotidien des urbains et l’animation d’un territoire. Nous avons pu alors prendre pleinement conscience du rôle de la mobilité sur le rythme de nos villes et de l’émergence de nouvelles tendances urbaines et durables qui se développent au sein de nos territoires pour réduire son impact environnemental, notamment par l’apaisement progressif des circulations urbaines.

Une transformation progressive des mobilités. ©️Raja Sen via Unsplash

Une transformation progressive des mobilités. ©️Raja Sen via Unsplash

Pour cette nouvelle année, de nombreuses initiatives ont de ce fait été initiées afin d’agir durablement sur les mobilités urbaines. Des acteurs publics, dans un premier temps, se sont engagés à l’échelle locale et nationale, pour favoriser la transition écologique de nos villes, et simplement pour faciliter le quotidien des urbains. C’est ainsi qu’en Ile-de-France, deux nouvelles villes, Châtillon et Saint-Ouen, vont être équipées de Vélib’, la flotte régionale de vélos en libre-service. L’objectif de ce développement est à la fois de renforcer les aménagements en faveur d’une mobilité active, afin de limiter la présence de mobilités carbonées en ville, mais aussi de proposer cette alternative durable à de plus en plus de personnes et de territoires.

D’autres initiatives, plus informelles, résultant d’une logique d’urbanisme tactique, ont investi nos rues et nos espaces publics et ont transformé la fonction de nombreux espaces urbains. Dans diverses villes, pendant la première période de déconfinement, les urbains ont par exemple pu assister à la métamorphose de places de parking vides en grandes terrasses de cafés et de restaurants. On a d’ailleurs aussi assisté à un retour non négligeable du vélo dans les pratiques de mobilité. Des aménagements supposés être temporaires, comme étaient censés l’être les coronapistes, ces pistes cyclables provisoires aménagées dans de nombreuses villes pendant la crise sanitaire pour inciter les citadines et citadins à se déplacer à vélo, mais qui pourraient bien se pérenniser en cette nouvelle année.

Soutenir la culture comme liant social et urbain

La culture semble être le deuxième axe sur lequel l’évolution de la fabrique urbaine pourrait s’appuyer pour se renouveler. En premier lieu parce que, comme le monde de la restauration entre autres, les représentations et les lieux culturels se sont éteints pendant cette année 2020. Également parce que beaucoup de personnes, si elles ne l’avaient pas déjà réalisé avant, ont pris conscience du rôle primordial de la culture dans l’activation et l’animation de leur ville. En effet, la fermeture des cinémas, théâtres, opéras, musées, salles de spectacle et festivals a profondément marqué la population française. Or pour de nombreux citoyens, ce sont les livres, les films, les documentaires, les podcasts ou encore la radio et la musique qui permettaient de s’évader un instant d’une situation globale anxiogène.

Intimement liée à la fabrique urbaine et l’attractivité territoriale, l’activité culturelle représente à la fois la vie, l’histoire et l’identité d’un territoire. La fête des lumières ou les Nuits Sonores à Lyon, le festival de théâtre de rue d’Aurillac, le festival du court métrage à Clermont-Ferrand, ou encore l’artisanat, les spécialités et produits de terroirs régionaux, sont autant de formes culturelles qui animent, dynamisent, donnent vie à nos villes. Elles ont aussi la capacité de fédérer habitants, touristes et amateurs d’art et de culture, dans une vraie dimension collective. La culture habille et colore nos villes d’affiches annonçant les prochaines représentations et événements, d’œuvres urbaines, parfois informelles, qui ravivent certains quartiers.

©️Alessio Fiorentino via Unsplash

©️Alessio Fiorentino via Unsplash

La culture en ville incarne et produit enfin des formes de résilience. Par le renouvellement constant des programmations artistiques et culturelles urbaines, par sa capacité à s’adapter aux situations, aux territoires dans lesquels elle s’implante, aux spectatrices et spectateurs, mais aussi par son caractère expérimental. Tout comme la fabrique urbaine évolue pour s’adapter à de nouveaux enjeux, la culture teste, expérimente, s’aventure dans de nouveaux lieux, invente de nouveaux modèles, ouvre finalement un champ des possibles dont l’urbanisme, l’architecture et l’aménagement du territoire en général pourraient progressivement s’inspirer.

L’implication citoyenne : un levier d’actions efficace ?

Pour permettre d’amorcer pour certains territoires, ou de pérenniser pour d’autres, des dynamiques de renouvellement urbain, intégrant pleinement des enjeux de proximité, de solidarité et de résilience, il est essentiel de repenser l’implication citoyenne dans les processus de fabrique urbaine. Aujourd’hui, les projets urbains sont encore trop souvent pensés et conçus par ceux qui, à l’avenir, n’investiront ou n’habiteront pas les lieux. Pourtant, les citoyennes et citoyens revendiquent de plus en plus leur envie et leur intérêt à s’impliquer dans l’aménagement et la vie de leur quartier.

Face à ce bouleversement des usages et la transformation rapide des enjeux urbains, initiés par la crise sanitaire, l’importance de leur prise en compte s’affirme. Une tendance déjà à l’œuvre ces dernières années, notamment face à la crise climatique et aux mutations induites par le déploiement du digital. Ainsi, la concertation et la consultation citoyenne deviennent des moments clés qui intègrent toujours plus les citoyens dans les projets urbains.

Des modèles de participation et même de décision sont également bien installés dans certains territoires, à travers l’instauration de conseils de quartier, de budgets participatifs, ou encore par la volonté croissante d’intégrer des agences de maîtrise d’usages au sein de projets urbains. Chaque année, cette logique se renforce. Récemment, la ville de Toulouse a par exemple nommé un médiateur communal dont l’objectif est de faciliter les échanges entre la mairie et les citadins-usagers. La ville de Rouen a quant à elle mis en place un projet collaboratif invitant les rouennaises et rouennais à réaliser des clips audios et numériques afin de promouvoir leur territoire. Une dynamique qui pourrait prendre de l’ampleur en 2021 pour initier le monde d’après.

L’ensemble de ces dynamiques et initiatives reflètent l’importance et la nécessité d’associer les acteurs locaux, habitants, commerçants, usagers, dans les processus de fabrique urbaine, afin de préserver la qualité et la richesse de la vie urbaine. 2021 s’annonce comme l’opportunité d’un tournant pour assurer un avenir urbain alliant proximité, solidarité et résilience. Espérons que cet espoir d’urbanités donne naissance à de nouveaux projets positifs et durables, pour nos villes mises en difficulté par la crise.

LDV Studio Urbain
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