Présidentielle 2017 : quel(s) programme(s) pour la ville ?
Relativement absente des débats, la ville ne pèse pas lourd dans le temps de parole des onze candidats à la présidentielle, mais qu’en est-il dans leurs programmes ? Nous avons passé au crible leurs propositions.
Première constatation, la ville n’est pas à proprement parler un thème de campagne. Les mesures – assez traditionnelles pour la plupart – sont disséminées dans les rubriques logement, transport ou encore environnement.
Logement neufs et centre-villes, au cœur des préoccupations des candidats
Pour répondre à la crise du logement, François Asselineau veut construire 80 000 logements par an, en puisant dans les fonds européens qu’il espère récupérer grâce au Frexit. À gauche, M. Mélenchon préconise « la construction de 200 000 logements publics aux normes écologiques par an», tout comme son homologue du NPA Philippe Poutou qui avance le même chiffre de 200.000 logements par an. Mais la plus gourmande reste Nathalie Arthaud qui en réclame 500.000 par an.
Également dans le viseur des candidats, les centre-villes menacés de désertification. L’urgence d’une rénovation de la ville fait consensus. Benoît Hamon s’engage à créer un fond pour revitaliser les centres, Jean-Luc Mélenchon veut « lutter contre leur désertification (…) via la relocalisation des moyens de production ». Quant à François Fillon, il propose un «programme national sur la requalification des centres-villes». Emmanuel Macron s’engage pour sa part à consacrer 10 milliards d’euros aux travaux de rénovation urbaine, auxquels s’ajoute la réhabilitation d’un million de logements mal isolés.
Muette sur les précédents sujets, Marine Le Pen s’attaque elle aux « normes d’urbanisme et de construction » qu’elle veut simplifier.
Quelques pistes pour les transports de demain
En matière de transports, peu de mesures révolutionnaires, hormis leur gratuité réclamée par Philippe Poutou. Comme MM. Asselineau et Mélenchon, Emmanuel Macron défend l’autopartage et le covoiturage, mais il est le seul à proposer des voies dédiées aux bus et aux VTC sur les autoroutes urbaines.
Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon sont les deux seuls à se prononcer ouvertement contre l’étalement urbain. Afin de réduire la facture écologique imputable aux transports, le candidat de la France Insoumise veut prendre le problème à la racine et « rapprocher les bassins de vies et d’emploi ». Parallèlement, il privilégie les circuits courts et le « local », à l’instar de la candidate du FN et de celui de l’UPR. Autre spécificité de son programme, il interdira « la construction des supermarchés en périphérie ».
Pollution visuelle, rues végétales et FabLabs : des mesures originales
Au détour des programmes, on retiendra quelques mesures inédites. Jean-Luc Mélenchon, encore lui, s’attaque notamment à la pollution visuelle. Il veut interdire «l’affichage publicitaire » qui selon lui « défigure » les villes.
À l’avant-garde en matière d’aménagement urbain, on retrouve également deux « petits candidats » dont Jean Lassalle. Bien qu’il apparaisse comme le candidat des campagnes, l’ancien berger s’intéresse aux « quartiers d’immeubles », dans lesquels il veut mettre de la verdure en multipliant « les jardins partagés, les rues végétales, et les toits potagers ».
Enfin, surtout connu pour son projet d’industrialisation de la Lune, Jacques Cheminade voit les choses en grand pour la ville. Autoproclamé candidat des « grands chantiers », il dotera, s’il est élu, chaque ville d’un FabLab. Il va en ce sens plus loin que le candidat de la France Insoumise qui mentionne également « la création de Fablabs et autres lieux collectifs de création et de fabrication », sans toutefois préciser combien.
Et si on donnait plus de place à la ville dans la campagne présidentielle ?
Malgré quelques avancées, l’espace dévolu à la ville dans le débat présidentiel est encore réduit. Et les solutions proposées manquent d’envergure. Surprenant quand on sait que plus de trois–quarts de la population française est urbaine. Réfléchir à la ville, c’est aussi se poser la question de la manière dont les habitants sont connectés les uns aux autres, c’est penser le vivre-ensemble.
Les défis sont nombreux pour rendre la ville respirable, et les pistes existent déjà.
Pourtant, la ville de demain s’invente dès aujourd’hui. Urbanistes, architectes, responsables territoriaux travaillent chaque jour à penser le futur de nos territoires. Aux candidats de se saisir de ces travaux existants, et de faire de la place à la ville dans leur campagne. Car seule une ville intelligente, durable, végétalisée, connectée, et accessible pourra permettre d’accroître la qualité de vie des Français.