Pourquoi les parkings sont-ils une opportunité pour développer le solaire photovoltaïque ?
L’une des problématiques du développement du solaire photovoltaïque, c’est le manque de place et l’objectif que nous nous sommes fixés de réduire l’artificialisation des sols. De fait, les parkings représentent aujourd’hui une alternative hyper intéressante pour cette énergie verte.
Début avril 2021, la SNCF annonce la mise en place de 8 000 m2 de panneaux solaires photovoltaïques, d’une puissance totale d’1,4 MWc, sur les espaces de stationnement de la gare de Nîmes Pont-du-Gard, déjà considérée par le groupe comme son prototype de gare éco-responsable. Ces ombrières photovoltaïques concernent 550 places sur les 750 que comporte le parking longue durée de la gare. Ils offrent une capacité de production de 1 950 000 kWh par an, ce qui représente 4 fois la consommation annuelle de la gare. Un potentiel énorme.
D’après la SNCF et sa filiale Gares & Connexions, cela équivaut par exemple à la consommation moyenne annuelle de 700 foyers français. Une partie de cette électricité servira à la recharge de véhicules électriques directement sur le parking. Le reste sera réinjecté dans le réseau et participera à verdir le mix énergétique français. Une manne intéressante sur laquelle compte s’appuyer l’entreprise, qui gère 3 000 gares françaises et peut donc répliquer le dispositif. Gare & Connexions entend ainsi couvrir de panneaux solaires une superficie totale de 1,1 million de m², contre seulement 15.000 m2 aujourd’hui.
Un plan qui permettrait de rendre les gares françaises autonomes en électricité d’ici 10à à 15 ans. La SNCF mise pour cela sur des panneaux solaires installés sur les parking des gares, mais aussi autour des bâtiments industriels, comme c’est le cas à Hellemmes, avec 6 500 m2 de panneaux en toiture, ou encore via la construction de fermes solaires en propre ou via des mécanismes d’achat à long-terme. La SNCF permet ainsi la construction de champs photovoltaïques en s’engageant à acheter leur future production sur le très long terme (20-25 ans).
“Par la nature de ses activités et son statut d’entreprise publique, le groupe SNCF a conscience de sa responsabilité sociale et environnementale. Nous nous sommes engagés dans des trajectoires de progrès ambitieuses comme la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 30% pour nos activités Transport et de 50% dans le secteur Immobilier, d’ici 2030 par rapport à l’année de référence 2015” précise ainsi le groupe dans sa stratégie RSE adoptée en Conseil d’administration le mercredi 23 juin 2021.
Les ombrières photovoltaïques sur les parkings, une solution pour lutter contre l’artificialisation
Pourtant, si le solaire photovoltaïque présente de nombreux avantages, il ne fait pas toujours l’unanimité. Il est un projet qui, par exemple, cristallise certaines interrogations ces derniers mois : il s’agit du projet Horizéos, porté par Neoen et Engie. Sur le papier, ce projet de centrale solaire est pourtant intéressant puisqu’il permettrait d’assurer la consommation annuelle d’électricité de l’équivalent de 600 000 personnes. Pas mal ? Oui, mais pour construire ce grand parc, il va falloir couper 1 000 hectares d’une forêt de pins qui n’avait pourtant rien demandé.
C’est là toute l’ambiguïté de certains projets d’énergies renouvelables, en particulier pour le solaire photovoltaïque, qui nécessite d’importantes surfaces pour se développer à grande échelle. Or, d’importantes surfaces, cela revient à empiéter : soit sur des terres agricoles, soit sur des terres nécessaires à la construction d’habitations, ou alors sur des terres préservées pour la biodiversité.
D’où l’importance de regarder en priorité des possibilités qui, justement, préservent les terres. À ce sujet, il y a plusieurs hypothèses qui émergent. L’une d’entre elles, c’est le développement de l’agrivoltaïsme. Un procédé qui vise à couvrir des cultures par des ombrières photovoltaïques afin de les protéger des aléas climatiques (pluie, grêle, soleil), de mieux gérer l’irrigation et, in fine, de produire aussi de l’électricité pour subvenir aux besoins des exploitations.
Il y a évidemment les toitures des habitations, des hangars ou des bâtiments industriels. Une autre manne, d’autant que la surface couverte d’infrastructures en France, comprenant toitures, routes… et parkings, est d’environ 30 000 km2. Or, les parkings, en particulier, sont des zones déjà artificialisées, imperméables et qui manquent souvent de protection contre le soleil. Ces zones sont de véritables îlots de chaleur urbain l’été et participent donc activement au réchauffement des villes sans fournir de contrepartie “environnementale”. Les équiper de panneaux solaires leur apporte donc une nouvelle utilité, qui protège les véhicules de la chaleur tout en participant à la transition énergétique. De surcroît, l’avenir de l’automobile sera, à court-terme, électrique. Quoi de plus normal, donc, qu’un parking où les voitures de demain iront se recharger, soit aussi le lieu où l’électricité est produite.
D’ailleurs, signe que les collectivités l’ont bien compris, les projets en ce sens se multiplient. Le 13 juillet dernier, c’est la métropole du Grand Avignon et la Compagnie Nationale du Rhône qui ont par exemple lancé le projet d’équiper un parking de 900 places de 4.600 panneaux solaires. Un projet que la Métropole va mettre à profit pour aménager le sol du parking afin de le végétaliser et le rendre davantage perméable. De quoi lutter, aussi, contre les îlots de chaleur et les risques d’inondations.
Même son de cloche au Mans, où la ville souhaite équiper une partie des parkings du centre des expositions de 9 000 panneaux solaires et à Pontivy, où 2 300 panneaux solaires sous forme d’ombrières vont être installés sur le parking de l’hôpital. Même Disneyland Paris s’y met et envisage de construire l’une des plus grandes centrales photovoltaïques en ombrières d’Europe. 12 000 panneaux sont d’ores et déjà en place actuellement couvrant 1 770 places de parking. À terme, 9 600 places de parking seront recouvertes afin de produire 31 gigawattheures par an, ce qui correspond à 17 % des besoins du site.