Pour vous, aller au supermarché rime-t-il avec corvée, stress et perte de temps ? Ou avec plaisir, détente et efficacité ? Si vous optez pour la deuxième réponse, vous faites partie de 56 % des Français. Selon une enquête de l’Ipsos datant d’avril 2022, ces shoppers considèrent les courses au supermarché comme « un moment agréable ». Si, au contraire, vous fuyez les grandes surfaces, Clémentine Lalloué, étudiante en Bachelor Architecture intérieure à l’École de Design Nantes Atlantique vous invite à plonger dans un tout nouveau type de magasin, à l’heure où le modèle des hypermarchés est plus contesté que jamais.

Faire ses courses autrement

Une envie de ralentir et de consommer local

Depuis la fin du XXe siècle, la surconsommation galopante continue à augmenter et provoque des prises de conscience chez l’usager. La pandémie de Covid 19 a bouleversé nos habitudes de consommation. Aujourd’hui, les analyses de l’Ipsos montrent que les consommateurs font « toujours attention à consommer des produits alimentaires sains, équilibrés (75 %) locaux ou made in France (67 %). »

Les centres commerciaux, eux, subissent des chutes ponctuelles de 20 % à 30 % de la fréquentation et l’actuelle inflation ne fait qu’accentuer ce phénomène.

Clémentine Lalloué, étudiante en  bachelor du City Design Lab de l’École de Design Nantes Atlantique, a imaginé un autre type d’expérience. À mi-chemin entre le supermarché et la supérette, le projet de cette Clissonnaise s’intitule Le coeur de Clisson.

Un parcours végétalisé, des matériaux 100 % naturels

Au lieu d’un alignement de rayons homogènes et parfois vertigineux, Le Coeur de Clisson propose une déambulation à travers une succession d’arches semi-circulaires en bois végétalisées. Des panneaux de lames de bois, éclairés à l’intérieur par des néons blancs, conduisent le visiteur à travers une sélection de produits sains et locaux. Aux produits ménagers succèdent les produits frais, l’épicerie et les produits de soin. En dehors des arches, une abondance de fruits et légumes de saison garnissent des rangements triangulaires en terre cuite.

Matériaux Le coeur de Clisson © Clémentine Lalloué

Des plantes suspendues en hauteur immergent le visiteur dans un environnement vert, ressourçant et familier. Des assises confortables permettent aussi de souffler, de se reposer ou d’attendre son panier de courses, sans avoir à arpenter tous les rayons. Cet agencement moderne et chaleureux diffère de l’habituelle froideur des grandes surfaces. Aller faire ses courses devient un bon moment, une déambulation guidée dans un décor atypique et naturel.

Zoom sur les arches, Le coeur de Clisson © Clémentine Lalloué

Une expérience client agréable et efficace

Pour que le visiteur soit satisfait de son expérience shopping, le magasin lui facilite la vie. À l’entrée, le client ouvre une application avec un lecteur de code-barres intégré, puis scanne les articles choisis. Les achats terminés, le client récupère son panier qui aura été préparé en réserve. En effet, le magasin comporte deux grandes zones : une pour la vente et l’autre pour la réserve. Il se dirige ensuite vers l’accueil pour régler ses achats. Exit les caddies encombrants ou les lourds sacs à porter… Les courses se font en un temps record, sans s’égarer dans les rayons ou hésiter entre mille et un produits.

Scénario d’usage, Le coeur de Clisson © Clémentine Lalloué

Des produits de saison, gourmands et locaux

Pour retrouver l’envie du fait maison

Les « arches de la connaissance » mettent en lumière des produits de saisons. On y trouve une sélection d’aliments de qualité d’origine française et produits localement. Un choix de produits biologiques est également disponible. La forme circulaire du parcours symbolise un cycle d’apprentissage lié à une consommation plus simple, plus saine.

Le shopper peut s’informer sur la provenance des aliments et enregistrer des recettes de cuisine affichées sur des écrans au-dessus des produits en vente. En plus d’être un moment agréable, les courses deviennent aussi une occasion d’éveiller sa curiosité culinaire. On redécouvre le potentiel inexploité de tel légume. On s’inspire d’associations culinaires créatives et on salive devant des recettes gourmandes. En bref, faire ses courses au Coeur de Clisson réveille en nous l’amour des bonnes choses.

Dans les arches, les employés valorisent régulièrement une sélection de produits bio, afin de sensibiliser le public à une consommation saine et raisonnée.

Déambulation dans les arches, Le coeur de Clisson © Clémentine Lalloué

Contre la surconsommation et le gaspillage alimentaire

Afin d’éviter  la surconsommation, une stratégie d’approvisionnement minimaliste de « less is more » prévaut. Ainsi, le consommateur fait face à un choix limité de produits. Il ne perd pas son temps à hésiter ou à comparer plusieurs produits entre eux. Par exemple, la sélection de produits ménagers est restreinte, se limitant à l’essentiel. Dans l’arche abritant les produits de soin, on ne compte pas une centaine de shampoings, mais quelques dizaines seulement, dont une gamme de shampoings solides.

La préparation des paniers se fait dans des cagettes en carton ou en bois. Les produits sélectionnés par le supermarché évitent un maximum l’usage de plastique et s’inscrivent dans des circuits d’alimentation courts et de proximité, limitant ainsi leur empreinte carbone.

Environmental protection © Ejaugsburg

Le cœur de Clisson : une philosophie décroissante

Ce projet porte une philosophie qui répond aux besoins actuels des Français : besoin de retour aux sources, besoin de se reconnecter avec l’origine des aliments et leur préparation, envie de cuisine saine et gourmande, engagement envers les producteurs locaux et le Made in France. De plus, Le Coeur de Clisson tient à rester accessible à tous en offrant une gamme d’aliments variés à des prix abordables.

À travers ce projet, la jeune designer encourage une dynamique de consommation éclairée : acheter le nécessaire, lutter contre la surconsommation, privilégier les systèmes et produits respectueux de la vie, valoriser la nature et se relier à l’écosystème, redevenir maître de son temps et de son argent, réapprendre à faire ses courses… Car si ce projet aide avant tout le consommateur à prendre conscience de ses besoins réels, il vise aussi un objectif global : encourager la société à adopter de nouvelles habitudes alimentaires plus saines, plus heureuses et plus éthiques.