Pour nos aînés, le retour du béguinage

12 Juil 2024 | Lecture 3 min

Le béguinage est un modèle de communauté autonome uniquement composé de femmes, inspiré du Moyen-Âge. Mixte ou non, religieuse ou non, la formule semble intéresser de plus en plus de personnes âgées.

Comme chaque mois, plongez dans le futur de la ville avec notre série “Habiter 2035”, où l’on vous dresse des scénarios possibles pour la prochaine décennie. Retenez votre souffle, immersion dans 3, 2, 1…

Gangs of retraités

Une tâche flotte dans le vent, puis se cogne contre le mur de la résidence. Actionnant les roues de sa chaise, Huguette s’approche puis se penche pour ramasser l’objet. C’est un avion en papier. Elle scrute les fenêtres du bâtiment d’en face, puis le déplie soigneusement. « Quitte cette prison ! Prends ton envol ! Rejoins-nous ! » peut-on lire dans plusieurs écritures colorées. Arrivée dans son dos, la directrice de la maison de retraite voit le message et lui prend des mains. « Encore ! Je leur avais demandé d’arrêter ! », lance-t-elle en ramenant Huguette à l’intérieur du bâtiment. Tournant la tête, cette dernière les aperçoit alors à leurs fenêtres. Souriantes, trois voisines du béguinage en face lui font de grands signes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Scénario possible ou récit de science-fiction ? Analyse.

Deux visions de la fin de vie qui s’affrontent ? D’un côté la vie en Ehpad, les couloirs tristes, les prix exorbitants et les dérives des grands groupes. De l’autre, les béguinages et leurs communautés indépendantes, autogérées et solidaires. Le face à face est sûrement un peu caricatural, mais force est de constater que le béguinage fait de plus de plus d’émules en France et en Europe. Il pourrait s’établir à terme comme un véritable modèle d’habitat pour les personnes âgées.

Jouer collectif

Le béguinage est un mode d’hébergement semi-collectif qui naît au Moyen-Âge, alors que des communautés de femmes souhaitent consacrer leur vie à Dieu mais indépendamment de l’autorité de l’Église. Elles créent des communautés composées de maisons individuelles autour d’un lieu collectif. Cette histoire trempe le béguinage dans un historique plutôt féministe, en autogestion et solidaire. Un héritage revendiqué par exemple par la Maison des Babayagas, un béguinage “anti-maison de retraite”. Disparue un temps, la formule revient en effet au profit de personnes âgées. Certaines communautés sont religieuses, d’autres laïques. En tout cas, la plupart conditionnent leur accès aux retraités à faibles revenus. De plus en plus, il s’agit en France de projets immobiliers gérés par des bailleurs sociaux.

L’intérêt est – pour des personnes âgées qui perdent en autonomie – d’éviter le placement en maison de retraite et de pouvoir rester chez soi. C’est aussi l’idée de maintenir une activité sociale et d’entretenir des relations d’entraide. Grâce au lieu collectif, les résidents peuvent choisir de faire des activités ensemble, ils sont d’ailleurs acteurs des décisions du collectif. « C’est toujours ce qu’on dit : le béguinage est le maillon manquant entre vivre seul chez soi et être dans une maison de retraite ou dans une institution médicalisée », explique à Libération la coordinatrice de l’association Vivre en béguinage, qui crée des béguinages depuis 2014.

Usbek & Rica
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