Paris : la cité des Makers
La Maker Faire qui se tiendra du 30 avril au 1er mai à la Foire de Paris est l’occasion de se pencher sur un mouvement à la pointe de l’innovation. Comment les makers ont-ils déjà commencé à investir la Ville ?
« Créer, inventer le monde de demain et partager le fruit de ses recherches. » Cette philosophie réunit la communauté des makers, comprenez des bricoleurs 2.0, un mouvement né il y a une dizaine d’années à San Francisco, non loin de la Silicon Valley. Pour Shery Huss, co-créatrice de la Maker Faire avec Dale Dougherty le fondateur de Make Media, « un maker est une personne qui crée, qu’il s’agisse de nourriture, de fusées, de robots, de vêtements ou de bijouterie. Vous avez une passion pour créer et pour partagez ce que vous faites. »
Pour Chris Anderson, rédacteur en chef du magazine américain Wired, le bouleversement industriel du XXIe siècle est bien celui des makers. « Dans les 10 dernières années, on a cherché de nouvelles manières de créer, d’inventer et de travailler ensemble sur le web. Dans les 10 prochaines années, on appliquera ces leçons au monde réel. »
Faites-le ensemble
Bertier Luyt, fondateur du FabShop et organisateur de Maker Faire France, résume bien le basculement qui s’est opéré entre le « Do It Yourself » et le mouvement maker : « On est passé du faites-le vous même à faites-le ensemble ». Arnaud Ulriche est co-gérant d’Upcycle, une start-up qui illustre le concept d’économie circulaire et participait l’an dernier à la Maker Faire à Paris. Son constat est simple : « L’écosystème urbain est fortement générateur de déchets. On doit s’inspirer de la nature. Comment un déchet peut-il devenir ressource ? » Upcycle récupère le marc de café de grands industriels, destiné à l’origine à être incinéré, pour y cultiver des champignons. Résultat ? Upcycle produit une tonne de champignons par mois qui sont cuisinés ensuite par de grands chefs étoilés.
Promouvoir le mouvement maker francilien
Près de 40 000 personnes s’étaient rendues l’année dernière à la Maker Faire parisienne, preuve d’un réel engouement du public autour de l’innovation technologique et de la fabrication. Au programme de la Maker Faire 2016, « stands de démonstration, ateliers de découverte, spectacles et conférences autour des thèmes de la créativité, de la fabrication, des cultures Do It Yourself et Makers ». La ville de Paris souhaite promouvoir à l’international le mouvement maker francilien. Antoinette Guhl et Jean-Louis Missika ont annoncé à l’Hôtel de Ville en février dernier le lancement, d’ici l’été 2016, du plan « Paris, cité des Makers ».
Pour Jean-Louis Missika, adjoint à la Maire de Paris, chargé de l’urbanisme, de l’architecture, du développement économique et de l’attractivité de la Ville de Paris, « ce mouvement est essentiel pour l’économie parisienne de demain, car il permet de relocaliser une petite fabrication industrielle au plus près du consommateur, en rupture avec l’industrie lourde des XIXe et XXe siècles. La Ville va accompagner ce mouvement et l’accélérer. Nous allons faciliter son essor, fédérer, créer une vraie communauté parisienne ».
Les lieux comme les makerspaces ou les fablabs doubleront d’ici 2020 pour arriver à 40 dans la capitale. Chaque arrondissement disposera d’une ressourcerie, « où rien ne se jette, tout se réemploie ». Les jeunes Parisiens bénéficieront de nouvelles structures éducatives et de nouvelles formations seront proposées dans les lycées technologiques et professionnels. Enfin, des jeux de société initieront les plus jeunes à la philosophie maker.
L’Atelier Parisien d’Urbanisme a par ailleurs défini un Arc de l’Innovation situé à l’Est de Paris dans lequel se concentre la plupart des ateliers d’innovation destinés aux designers, aux start-up, aux grandes entreprises ou tout simplement au grand public. Citons par exemple Mains d’Œuvres à Saint-Ouen, La Nouvelle Fabrique à Pantin, L’Establisienne dans le 12e arrondissement, Datapaulette à Montreuil ou l’Innovation Factory dans le 13e.