Paris, capitale mondiale du vélo en 2020 ?
Début mai, Paris a dévoilé un nouveau plan vélo pour faire de la ville “la capitale mondiale du vélo à l’horizon 2020”. Ce plan, qui fait suite à une consultation citoyenne ayant recueilli plus de 7000 contributions, prévoit un investissement de plus de 150 millions d’euros. Présentation des principales réformes attendues.
Tripler le nombre de cyclistes
La Mairie a pour ambition de tripler le nombre de déplacements à vélo dans Paris d’ici à 2020, pour faire passer leur part de 5% à 15% du total des trajets effectués. Pour rendre cet objectif ambitieux atteignable, il est prévu de doubler la surface des voies cyclables parisiennes, pour les faire passer de 700 km actuellement à 1 400 km en 2020.
Créer un “réseau express vélo”
La Mairie de Paris a annoncé la construction d’un nouveau réseau de voies entièrement dédiées aux vélos, protégées de la circulation automobile. Ce réseau s’organisera autour de deux axes (Nord-Sud et Est-Ouest), essentiellement le long des quais de Seine. Au total, plus de 80 km d’aménagements sont prévus, principalement sous la forme de pistes qui permettent de circuler dans les deux sens.
Renforcer la sécurité des cyclistes
« Nous pensons que des personnes seraient prêtes à faire le pas mais ne le font pas du fait d’un sentiment d’insécurité », confie Christophe Najdovski, maire-adjoint de Paris, chargé des transports, au quotidien Le Figaro. Pour lutter contre l’insécurité, principal frein à la pratique du vélo en ville (avec la pollution), la municipalité prévoit de généraliser les voies cyclables à double sens dans les rues à sens unique au sein des zones où la vitesse est limitée à 30 km/h. Ce double sens cyclable aurait en effet des effets positifs sur la circulation : les automobilistes qui croisent un cycliste ont tendance à ralentir leur allure, ce qui réduit logiquement le risque d’accident.
De nouvelles règles de circulation seront également expérimentées pour renforcer la sécurité des cyclistes. On peut déjà évoquer le panneau “cédez-le-passage” dédié aux cyclistes aux feux. Aujourd’hui établi dans les zones à 30, il pourrait être généralisé à l’ensemble des carrefours parisiens. Il permet aux cyclistes de s’extraire du flux de la circulation générale et d’éviter le phénomène dangereux de l’angle mort. De plus, 7 000 nouveaux “sas vélo” seront créés d’ici 2020. Ces sas permettent aux cyclistes de se placer devant les véhicules motorisés pour démarrer en toute sécurité à un carrefour à feux, notamment pour tourner à gauche lorsqu’il y a plusieurs files de circulation. Ils obligent par ailleurs les véhicules motorisés à s’arrêter en amont du sas, les éloignant ainsi des passages piétons.
« Mettre les Parisiens en selle »
Dernier volet de ce plan vélo, une série de mesures censées favoriser l’adoption du vélo comme moyen de transport. Ainsi, 10 000 places de stationnement supplémentaires devraient être aménagées, notamment des boxes sécurisés d’une dizaine de places installés dans les « recoins urbains » (sous un métro aérien par exemple) ou dans les parkings automobiles. La ville de Paris étudie aussi la possibilité de mettre en service des consignes « Véligo » sécurisées dans des gares RER, les terminus de tramway et les gares de correspondance du métro. Un abonnement mutualisé permettrait d’accéder à ce réseau de stationnement sécurisé pour proposer une couverture complète du territoire parisien.
Quant au Vélib’, le vélo en libre-service a franchi en 2014 un nouveau record de fréquentation avec un total de plus de 283 000 abonnés (contre 255 000 en 2013). Une réflexion sur son extension métropolitaine dans le cadre du renouvellement du contrat Vélib’ en 2017 est en cours. Parmi les pistes annoncées, la mise en place de Vélib’ électriques pour faciliter les trajets en dénivelé (dans des quartiers comme Montmartre, par exemple), mais surtout une offre de trajets plus longs et à plus longue distance, dans le but de « renforcer le lien avec la métropole ».
Enfin 10 millions d’euros devraient être débloqués pour aider les parisiens dans l’achat de vélo triporteurs et de vélos cargos, électriques ou non, dans une volonté de lutte contre la pollution.
Paris rêve-t-il trop grand ?
Avec un budget prévisionnel de 150 millions d’euros d’ici à 2020, le nouveau plan vélo parisien se met dans les pas d’une ville comme Amsterdam, qui consacre en moyenne 20 millions d’euros par an aux cyclistes. Mais en termes d’investissements, on est encore loin des moyens déployés par une ville comme Londres, qui avait débloqué 1,2 milliards d’euros pour développer ce mode de transport en quelques années seulement. Mais dans les faits, Paris est une ville moins “vélo friendly” qu’Amsterdam, puisque la ville néerlandaise travaille depuis déjà trente ans à l’aménagement d’espaces réservés aux cyclistes. “Chaque ville a ses caractéristiques, mais effectivement à Amsterdam vous pouvez apprécier le calme d’une ville apaisée et l’absence de bruit. C’est un travail de longue haleine. Les Pays-Bas travaillent sur cela depuis les années 1970. Nous avons beaucoup de travail pour arriver à ce stade mais nous avons bon espoir », conclut Christophe Najdovski. Dans ce contexte, revendiquer le titre de “capitale mondiale du vélo” sonne un peu faux. Même s’il est nécessaire de se fixer des objectifs ambitieux pour créer une dynamique, et même si le volet sécuritaire du plan a été pris très au sérieux, Paris doit encore faire beaucoup mieux dans la prise en compte du bien-être et du confort des cyclistes, notamment en matière de dépollution de l’air.