Palabre, l’arbre qui vous veut du bien

8 Mar 2022 | Lecture 3 min

Savez-vous que le décès de 100 000 personnes chaque année est lié à la pollution de l’air extérieur en France* ? À Nantes, le taux de particules fines et de dioxyde d’azote dépasse même le nouveau plafond fixé par l’OMS**. Les jeunes designers Arthur Lethuillier et Pierre Guimbretière ont imaginé un dispositif qui répond aux questions suivantes : comment contribuer à réduire la pollution de l’air dans la métropole ? Comment inciter le citadin à préserver l’environnement et à agir pour le bien-être de tous ? L’arbre Palabre, du haut de ses 13 mètres, accueille les uns, relie les autres, informe et fait (mieux) respirer la ville et ses habitants.

ALERTE, UN AIR QUI TUE ( TOUJOURS) !

Selon l’Agence européenne pour l’environnement : « Les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux sont les causes les plus fréquentes de décès prématurés imputables à la pollution atmosphérique (…) Chez l’enfant, la pollution atmosphérique pourrait entraver le développement des poumons, provoquer des infections respiratoires et aggraver l’asthme, rappelle l’Agence européenne pour l’environnement. »

Même si globalement, la qualité de l’air tend à s’améliorer dans les grandes villes en France, des épisodes de pollution aux particules fines sont récurrents à proximité des axes à fort trafic, particulièrement en hiver et au printemps. Face à ce constat inéluctable, les deux étudiants du Master City Design de L’École de design Nantes Atlantique ont imaginé un concept robuste, mais pédagogique et poétique, prenant racine en ville. L’arbre Palabre traduit la pollution de l’air par une fluctuation de couleur et invite le passant à prendre soin de lui et des autres en rejoignant le dôme végétal du dispositif.

UN ARBRE AUX MULTIPLES RAMIFICATIONS

Symbole sociétal fort

En Afrique Subsaharienne, l’arbre à Palabres est le lieu où se réunissent les villageois pour parler de vie en société, débattre de politique ou égrener des histoires aux enfants à la tombée de la nuit. C’est un symbole social et culturel fort, où le collectif prime sur l’individuel. Sous l’arbre à palabres, les liens se créent ou se resserrent autour d’un projet commun. La toile sociétale se tisse et se consolide.

Arthur Lethuillier et Pierre Guimbretière ont choisi ce symbole naturel puissant, majestueux et rassembleur pour interpeller le citadin. L’idée ? L’encourager à s’engager dans une démarche environnementale globale. L’arbre à palabre appelle à agir collectivement pour un monde plus sobre énergétiquement et plus respectueux du vivant.

© Arthur Lethuillier & Pierre Guimbretière 

© Arthur Lethuillier & Pierre Guimbretière

Mesure du seuil de pollution

L’arbre domine les foules du haut de ses 13 mètres. Il fonctionne grâce à deux capteurs, dont l’un mesure le taux de particules fines produites par la combustion automobile, les systèmes de chauffages, les procédés industriels et les centrales thermiques.

Toutes les données captées sont récupérées en temps réels. L’arbre indique, à travers la diffusion d’un spectre de couleurs le seuil de pollution de l’air.  Ses feuilles prennent une franche couleur sapin ? La pollution n’atteint que 0 à 10 microgrammes/ m3, comme dans la ville de Guéret par exemple. À l’inverse, elles deviennent toutes rouges (bordeaux intense) ? Nous atteignons un pic de pollution comparable à celui de Marseille, où  le taux de particules fines atteint des records : 50 microgrammes et + / m3.

Un panneau photovoltaïque produit l’énergie nécessaire pour illuminer l’arbre, canalisée à travers un rétroéclairage.

© Arthur Lethuillier & Pierre Guimbretière 

© Arthur Lethuillier & Pierre Guimbretière

Repérage d’humains

Le second capteur “de pression” repère le nombre de présences humaines. Plus les gens se rassemblent autour de l’arbre, plus le niveau de pollution diminue, plus l’animation colorée s’envole jusqu’en haut des branchages. À partir de 5 personnes autour de l’arbre, les couleurs gagnent jusqu’à 8 mètres de hauteur au niveau du tronc. Lorsque plus de 8 personnes y sont, les coloris gagnent quasiment le haut de la cime, à plus de 12 mètres de hauteur.

Ainsi, les passants comprennent que plus ils sont nombreux sous l’arbre, plus le seuil de pollution de l’air diminue. Ceci illustre la corrélation entre l’activité humaine et le niveau de pollution, amenant chacun à interroger ses actions environnementales au quotidien.

© Arthur Lethuillier & Pierre Guimbretière 

© Arthur Lethuillier & Pierre Guimbretière

UN ANCRAGE STRATÉGIQUE À NANTES

Sorte de petit désert minéralisé, l’esplanade des Traceurs de Coque sur l’île de Nantes déroule sa langue de bitume en bord de Loire. Il accueille tous les jours des centaines de badauds, touristes, étudiants et professionnels qui déambulent le long de sa plateforme. Les piétons et les cyclistes y empruntent des routes aléatoires, tandis que la ligne verte guide le fameux éléphant et draine un flux massif de touristes.

C’était le lieu parfait pour “planter” l’arbre à Palabre. En effet, l’identité du lieu est cruciale : il faut qu’elle puisse rayonner suffisamment de son aura intrigante, collective et positive, pour attirer les usagers. L’arbre est accompagné d’une signalétique au pied des racines qui aide le public à comprendre les bons gestes à adopter pour protéger l’écosystème. Les usagers sont aussi invités à se rendre sur des marqueurs au sol qui représentent des actions environnementales concrètes : économie circulaire ou recyclage, par exemple. Le citadin perçoit un bruissement sous l’arbre, ce sont des murmures de forêt. Il suit du regard le ballet des couleurs mouvantes et ses racines d’être vivant, relié au grand tout, se déploient sous ses pas.

L'École de design Nantes Atlantique
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