Paille, chanvre ou terre crue : les matériaux biosourcés sont l’avenir de la ville

Matériaux biosourcés
26 Jan 2021 | Lecture 4 min

Oublions un instant l’histoire des trois petits cochons, car les maisons de demain ne seront pas faites en briques, mais bien en bois et en paille. Pour des raisons écologiques, sociales et économiques, c’est en effet les matériaux biosourcés qui représentent désormais l’avenir de la construction durable.

Le saviez-vous, un mur en béton de chanvre épais de 35 cm sur une surface de 1m² va stocker instantanément 35 kilos de CO2. C’est l’un des grands avantages des matériaux biosourcés qui se positionnent ainsi naturellement en alliés pour la lutte contre le réchauffement climatique.

Ainsi, paille, chanvre, bois et terre crue représentent aujourd’hui l’avenir de nos villes, autant pour la rénovation que pour le bâti neuf. D’ailleurs, la RE2020 – nouvelle réglementation environnementale pour la construction – présentée en fin d’année dernière ne s’y trompe pas et avantage l’utilisation de ces matériaux. D’ici 2030, l’utilisation du bois et des autres matériaux biosourcés devrait ainsi devenir quasi-systématique. D’autant que ces matériaux peuvent servir à tout, ou presque : structure, isolation, finition des façades, étanchéité, revêtements de sols ou même pour les peintures.

Des avantages sociaux, environnementaux mais aussi économiques

Le bois et la paille sont emblématiques de cette nouvelle donne dans la construction, qui délaisse pour le moment bétons, parpaings et ciments. Ceci étant, l’apparition de bétons verts dans les années à venir pourrait venir compléter ces nouvelles filières.

En attendant, les matériaux biosourcés ont le vent en poupe en raison de leurs multiples avantages : ils sont biodégradables ou facilement valorisables, ce qui règle la question de leur seconde vie ou de la recyclabilité des bâtiments. Ensuite, ils sont produits naturellement et de manière durable. Enfin, ils peuvent être produits localement à peu près partout sur le territoire et permettre le développement de nouvelles filières de production ou encore apporter un complément de revenus aux agriculteurs.

C’est particulièrement le cas de la paille, un coproduit de l’agriculture qui permet de valoriser ce qui est aujourd’hui considéré comme un déchet et de venir compléter le revenu des agriculteurs. Mais surtout, la botte de paille est l’un des meilleurs isolants que nous puissions trouver. Elle est résistante au feu, à l’humidité, aux rongeurs et aux insectes et elle apporte un meilleur rapport qualité / prix, à performance égale, que tout autre isolant. Enfin, elle permet le développement d’une économie locale et réduit les émissions de CO2 des chantiers puisqu’en France, 90% des approvisionnements peuvent être faits à moins de 50 km des chantiers (selon le Réseau Français de la Construction Paille).

En outre, ce matériau a fait la preuve de sa durabilité. La maison Feuillette, à Montargis, est la plus ancienne maison construite en paille. Elle fêtera cette année ses 101 ans.

Construite en 1920, la maison Feuillette est la plus ancienne maison en Paille de France - crédit photo : CNCP

Construite en 1920, la maison Feuillette est la plus ancienne maison en Paille de France – crédit photo : CNCP

Des alliés pour l’agriculture

Mais au-delà de la paille, le chanvre, le lin ou encore la terre crue possèdent également ces avantages de permettre le développement de nouvelles filières de production locales tout en apportant des qualités intrinsèques essentielles pour nos bâtiments en ce qui concerne l’hygrométrie ou la qualité de l’air par exemple.

Le chanvre, le lin, le miscanthus qui peuvent être utilisés pour la construction sont aussi des alliés des agriculteurs. Ces plantes favorisent en effet la régénération ou la dépollution des sols agricoles entre deux périodes de cultures. Leur valorisation systématique comme matériau de construction permettrait donc de généraliser leur utilisation par les agriculteurs pour protéger ou améliorer leurs sols.

Une bonne manière, également, de concilier le secteur agricole et celui du bâtiment, alors que l’urbanisation croissante de nos sociétés pousse souvent les villes à s’étendre sur des terres arables. Mais pour aller plus loin, la ville de demain devra également intégrer d’autres aspects que l’utilisation de matériaux biosourcés : la production et le stockage d’énergie, le stockage et la réutilisation de l’eau, la mutualisation des espaces voire la production de nourriture.

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