Des nouveaux lieux hybrides dédiés à la cuisine : le cas lyonnais 1/2
Aujourd’hui ouvre à Lyon, La Commune, gigantesque incubateur culinaire, où chefs et artistes pourront effectuer des résidences, pour le bonheur des papilles, des yeux et des oreilles des visiteurs. Ce nouvel espace est la dernière incarnation du dynamisme qui anime la cité des gones en matière de nourriture. Après tout, quel meilleur endroit que Lyon pour être fer de lance dans le secteur ? Voici un petit tour d’horizon de ces endroits lyonnais où cuisine et innovation vont de pair, dépoussiérant ainsi l’héritage moral laissé par Paul Bocuse.
La Commune, où nourriture rime avec culture
Commençons donc par La Commune dont nous parlions en introduction. Localisé dans le nord du quartier Gerland, à un jet de pierre du cœur historique de la ville, cet “incubateur” est en réalité un espace culturel multipliant les propositions. En son cœur, il y a évidemment la gastronomie, puisque jusqu’à 15 chefs pourront affûter leur cuisine, développer un projet entrepreneurial et tester diverses collaborations – avec d’autres chefs ou avec des artistes – pour une durée de douze mois maximum. Autour de la grande cuisine collaborative, chaque “incubé” pourra proposer ses créations dans un espace personnel, avec des formules déjeuner ne dépassant pas les 15 euros. Ils bénéficieront en plus d’un mentoring d’autres chefs plus expérimentés qui les guideront non seulement dans la définition de leur cuisine, mais aussi dans les démarches à suivre lorsque l’on lance un restaurant. Une multitude de services annexes sont également proposés, à commencer par une scène et une grande salle de conférence où artistes, musiciens et universitaires pourront présenter leurs œuvres et animer des débats, en lien ou non avec la nourriture.
Au-delà de la démarche locale et durable qui est aujourd’hui un prérequis logique lorsque l’on ouvre un espace dédié au “bien manger” (restaurant ou autre), La Commune fait le choix de mélanger les genres, rappelant que la cuisine est également vectrice de culture. En outre, l’aspect incubateur souligne la portée entrepreneuriale du projet : les jeunes chefs ne sont pas là que pour faire plaisir aux visiteurs, expérimenter de nouvelles recettes ou travailler en collaboration. Ils sont également présents pour apprendre le métier de restaurateur, bien différent de celui de chef, puisqu’il implique gestion des stocks, comptabilité, démarches administratives… des compétences qui sont techniquement enseignées en école hôtelière mais qui manquent encore à beaucoup de jeunes chefs.
L’Atelier de la Food Factory
La Food Factory de Lyon s’est d’abord fait connaître comme étant le premier espace de coworking lyonnais dédié à la restauration, la gastronomie et l’agro-alimentaire. Là, studios de graphisme culinaire, sociétés d’import alimentaire ou agences de communications spécialisées dans la gastronomie travaillent de concert et mutualisent leur logistique et leurs réseaux.
En 2017, l’espace de foodworking élargit ses horizons en ouvrant l’Atelier de la Food Factory, un tiers-lieu dédié à la création et à l’événementiel gastronomiques. Dans cette cuisine modulable de 200 m², marques, entreprises, acteurs de la gastronomie, journalistes peuvent se retrouver pour des opérations promotionnelles, des sessions de shooting photo ou vidéo, des démonstrations… En sortant du cadre entrepreneurial et en proposant un espace plus convivial, l’initiative souligne que, même les professionnels de l’alimentaire (qui sont pourtant équipés), ont besoin de sortir de leurs environnements propres pour mieux appréhender et présenter leur travail !
La Cité Internationale de la Gastronomie
La Cité Internationale de la Gastronomie de Lyon ouvrira ses portes en 2019. La capitale des Gaules fait donc partie des quatre villes françaises à accueillir une Cité Internationale de la Gastronomie, avec Dijon, Tours et Rungis. La mise en place de ce réseau fait suite à l’inscription du repas gastronomique français au patrimoine immatériel de l’humanité. Chaque ville du réseau s’est vue associée une thématique : viticulture pour Dijon, rôle social de la gastronomie pour Tours, et approvisionnement des centres urbains pour Rungis. La Cité de Lyon sera centrée sur la nutrition et la santé. Ce n’est donc pas un hasard si ce haut lieu gastronomique se retrouve dans le Grand-Hôtel Dieu, ancien hôpital reconverti en “résidence de l’art de vivre” !
La Cité de la Gastronomie de Lyon sera donc un espace de recherches et d’échanges sur la nutrition et la santé liée à l’alimentaire, mais aussi un lieu de valorisation des métiers et techniques culinaires du monde. Si sa fondation répond de la reconnaissance internationale de la gastronomie française, elle n’oubliera pas de faire dialoguer les cuisines entre elles. Pas vraiment musée ni cité des congrès, la Cité de la Gastronomie de Lyon est elle aussi un lieu hybride où plaisir et apprentissages se côtoieront.
Forte de ses quelques 4000 restaurants et de ses célèbres Halles, la métropole lyonnaise était déjà considérée par beaucoup comme la capitale mondiale de la gastronomie. Avec la multiplication de lieux spécifiquement dédiés à la réflexion et à la création autour de la cuisine, Lyon renforce cette position.