Nicolas Gilsoul : « La résilience urbaine invite à un imaginaire foisonnant »

Projet de Nicolas Gilsoul pour Fukushima ©Nicolas Gilsoul
18 Jan 2016

Et si les dangers du changement climatique, de la pollution ou des mouvements de population devenaient sources d’opportunités pour les villes ? Nicolas Gilsoul, architecte, docteur en sciences et paysagiste, nous présente des initiatives porteuses, dans le cadre de l’édition « Réver(cités), Villes recyclables et résilientes » de l’Observatoire de la Ville.

Projet de Nicolas Gilsoul pour Fukushima ©Nicolas Gilsoul

Projet de Nicolas Gilsoul pour Fukushima ©Nicolas Gilsoul

Longtemps, la littérature et le cinéma ont dressé la mythologie d’une ville noire, bétonnée, dense et aux inégalités croissantes. Une ville qui doit faire face aux conséquences du réchauffement climatique et à une croissance démographique exponentielle. Ce sont les images véhiculées par Metropolis, Gotham City ou Le Cinquième Élément. Mais Gotham City est une vision obsolète et nostalgique de la ville, il s’agit de tourner la page.

Les défis de la résilience urbaine – cette capacité à s’adapter aux désastres économiques, démographiques, naturels – invitent désormais l’ensemble des acteurs de la ville à composer avec la nature. Dans le monde entier, de San Francisco à Beijing en passant par Lagos, des projets émergent afin de concevoir de nouvelles alliances. La gestion des risques devient ainsi un terreau fertile d’innovations.

A Fukushima, je propose, par exemple, de réinventer la cité fantôme et son paysage irradié en développant une forêt d’éoliennes d’un nouveau genre sur les 40km2 du territoire contaminé. En partenariat avec l’Institut de technologie de Californie, le Caltech, l’idée serait d’infiltrer la topographie de la région de Tohoku avec la trame forestière des mâts d’acier, en suivant les dynamiques des vents dominants. Une façon de « dompter la ville par la nature », plutôt que l’inverse.

Un autre cas, en cours de réalisation, est le plan de reconstruction durable « Elemental/Alejandro Aravena » dans la ville de Constitucion (Chili), touchée par le tsunami de 2010. Il vise à protéger la ville, en créant une bande-tampon de pinède dense et vallonnée le long de l’estuaire, pour casser les vagues d’un prochain tsunami.

Ces mécanismes et stratégies fabriquent des milieux hybrides, sources de nouvelles formes de vie : un imaginaire foisonnant loin des visions apocalyptiques hollywoodiennes.

D’où l’idée d’élaborer une classification permettant de regrouper, autour de 60 projets, ces citadelles qui tentent de conjurer « l’irréversible ».

Nicolas Gilsoul ©DR

Nicolas Gilsoul ©DR

20 stratégies sont ressorties de ce travail et seront présentées dans un ouvrage coécrit avec Erik Orsenna1. Elles s’inspirent de la nature et des réflexions sur la biodiversité : du tatou à l’abeille, en passant par l’éponge, la racine ou encore le ténébrion. Le processus d’adaptation m’apparaît ainsi comme une réelle source de reconquête et de liberté sur l’architecture de nos paysages.

 

Pour en savoir plus, c’est ICI avec le compte-rendu de l’audition de L’Observatoire de la ville.

 

1Parution prévue à l’automne chez Laffont

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