Move again : des push-up près du tram

© Martin Rapicano, Move again
15 Sep 2022 | Lecture 3 min

L’enquête effectuée par l’Union Sport & Cycle en 2020 nous informe que la pratique sportive urbaine est en pleine métamorphose. Selon eux, 46 % des sondés “s’orientent aujourd’hui vers une pratique autonome, sans club ou sans licence.” En effet, la pratique sportive en club, en salle de sport ou à domicile, se dégonfle à vue d’oeil. Martin Rapicano, étudiant au City Lab de l’École de design Nantes Atlantique, a souhaité accompagner cet élan de fond. Il a conçu un système de remise en forme instantané, facile et efficace en cœur de ville. 

Pourquoi faire du sport en ville ?

En 2010, 94% des jeunes (15-29 ans) avaient pratiqué une activité  physique au cours des 12 derniers mois. En 2015, seuls 47% avaient fait du sport au cours des 12 derniers mois. Néanmoins, la pandémie de Covid-19 a encouragé la reprise du sport à domicile. À présent, comment maintenir et développer cette invitation à prendre soin de soi ? Comment encourager l’activité physique des jeunes adultes en ville ? 

Selon le designer, effectuer des études supérieures peut aussi avoir un impact négatif sur la pratique sportive : “de nature très sportive, j’ai ressenti une baisse considérable de ma pratique, suivie de près par ma condition physique puis morale, dès le début de mon entrée dans les études supérieures.”

Il faut agir pour renforcer les initiatives en faveur de l’exercice physique en ville. À la clé se trouvent une meilleure santé physique et mentale, une motivation accrue et un renforcement de l’équilibre corps-esprit pour chacun.e d’entre nous. Selon l’OMS, chaque adulte devrait faire environ 150 à 300 min par semaine d’activités d’endurance à intensité modérée. Un renforcement musculaire d’intensité modérée devrait aussi être pratiqué au moins 2 fois par semaine. Enfin, le temps de sédentarité devrait être limité et remplacé par une activité physique,  quelle que soit son intensité !

© Martin Rapicano, Move again

© Martin Rapicano, Move again

Move again, pour bouger et se muscler

Le dispositif de remise en forme, Move again, cible les jeunes adultes. Il leur offre un outil accessible, sûr et efficace avec une série d’exercices variés à pratiquer. Situé aux arrêts de tram, il permet de faire du sport sur le pouce et propose une nouvelle habitude ludique aux urbains pressés.

Pour susciter la curiosité, l’engouement et l’adhésion du public, Martin Rapicano a joué sur la notion de design actif. Sa démarche d’élaboration et de conception est également pensée de manière durable et responsable.

© Martin Rapicano, Move again

© Martin Rapicano, Move again

Il a conçu Move again à la lumière de 3 axes :

1. économique

→ Pour diminuer les coûts liés aux systèmes de santé, développer des initiatives actives et faire collaborer des acteurs de la ville.

2. social 

→ Pour créer un nouvel espace inclusif non genré, pour favoriser l’entraide et l’échange de connaissances, pour dynamiser les regroupements associatifs.

3. environnemental

→ Pour générer des installations légères ne nécessitant pas ou peu de travaux, pour accroître l’utilisation de matériaux recyclés et enfin, pour encourager les déplacements doux et les activités de plein air.

Un dispositif écoconçu et flexible

Le dispositif est créé à partir de déchets issus du secteur BTP, de planches de bois de seconde main inexploitées  et de barrières métalliques de sécurité.

© Martin Rapicano, Move again

© Martin Rapicano, Move again

En les agençant de manière stratégique et habile, le designer crée un ensemble d’équipements idéaux pour se muscler, s’étirer ou escalader. L’objectif global est d’encourager les étudiants et jeunes adultes à pratiquer une activité physique rapide grâce à un dispositif apposé directement sur les arrêts de bus / tramway à proximité. Ce système a été élaboré en prenant pour terrain de jeu la ville de Nantes, une métropole où le réseau TAN est relativement bien développé.

© Martin Rapicano, Move again

© Martin Rapicano, Move again

Un développement en trois étapes

Le dispositif Move again repose sur un modèle économique spécifique : il est financé par la collectivité et soutenu par des programmes d’accompagnements, de fournisseurs locaux, fabricants et entreprises spécialisées. Il est destiné principalement aux habitants, experts médicaux, sportifs et associations.

Pour implémenter durablement ces équipements sportifs adaptables, 3 phases sont nécessaires :

1. L’expérimentation

Tout d’abord, le designer se met en quête de lieux pertinents. Il doit identifier différents arrêts de tramway à Nantes susceptibles d’accueillir Move again. Il réalise ensuite des conceptions éphémères, s’inspirant de projets déjà effectués à Marseille ou à Nantes, par exemple.

© Martin Rapicano, Move again

© Martin Rapicano, Move again

Contracter, se suspendre, lancer, frapper, trottiner… Quels sont les types de mouvements à encourager selon les lieux ciblés et les usages ? Le designer cherche et affine ses propositions, déployant une grande variété d’exercices à pratiquer. Enfin, l’expérience utilisateur est recueillie, grâce à une collecte de données numériques. À l’aide d’un QR code, le sportif en herbe ou confirmé peut donner son avis, proposer des alternatives ou indiquer ses préférences…

2. L’implémentation

La seconde phase consiste à établir une typologie propre d’agrès spécifiques. Les agrès sont un ensemble d’appareils utilisés en gymnastique artistique (anneaux, barres, cheval d’arçons, table de saut, poutre et sol), en éducation physique (corde à grimper) et au cirque (trapèze). Au singulier, un agrès désigne chacun de ces appareils. L’idée, à ce stade, est de diversifier un maximum les agrès et d’augmenter le nombre d’arrêts desservis.

© Martin Rapicano, Move again

© Martin Rapicano, Move again

Une identité graphique distincte émerge. La communication se fait à plus grande échelle, grâce aux réseaux sociaux. Des invitations sont envoyées à des associations sportives, les invitant à utiliser les installations disponibles pour faire grandir la communauté autour du monde du sport en ville. Des parcours de santé ralliant les différents arrêts de tram équipés de Move again, sillonnent la ville. L’échange avec les utilisateurs, via la collecte de données, s’amplifie et permet d’affiner encore davantage la proposition d’équipements.

3. La pérennisation

Durant cette phase finale, la proposition d’agrès est plus élaborée et la communication autour du projet a pris de l’ampleur. Des parcours de déplacement doux font le lien entre les arrêts et des exercices intermédiaires occupent l’usager entre deux arrêts équipés de Move again. Au programme : dépense d’énergie, renforcement musculaire et développement de l’agilité ! Les normes de sécurité sont validées et un panneau informatif détaille à l’usager l’échauffement préconisé ainsi que la marche à suivre pour sa session sportive.

© Martin Rapicano, Move again

© Martin Rapicano, Move again

Dans la dernière phase d’implémentation du projet, le statut de Move again change : il devient labélisé. Puis, le dispositif est reproduit et implémenté à grande échelle. En 2025, de nouvelles lignes de busways et tramways seront ouvertes à Nantes. L’occasion idéale d’agrémenter les traditionnels arrêts de tram ou bus d’une mini salle de sport intégrée !

L'École de design Nantes Atlantique
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