La “maison en kit”, l’habitat de demain ?
Les maisons préfabriquées ou “maisons en kit” grâce à leur coût modéré, leur facilité de déplacement et leur faible consommation en énergie, gagnent ces dernières années en popularité. Mais de quoi s’agit-il exactement ?
Préfabriquée, elle est démontable et adaptée à l’autoconstruction. Par ailleurs, elle est aussi étudiée pour pouvoir être désassemblée, déplacée et ré-assemblée facilement.
La maison en kit, un phénomène en regain d’intérêt !
Bien que l’histoire des structures préfabriquées et déplaçables à l’échelle mondiale remonte au 16ème siècle, les premiers véritables exemplaires français voient le jour en 1944, quand Jean Prouvé réalise 400 maisons démontables pour abriter les sinistrés de Meurthe-et-Moselle. Dix ans plus tard, il répond à l’appel de l’abbé Pierre et présente le prototype de la Maison des Jours Meilleurs, une maison de 57m2 qui peut être construite en 7 heures. Cette maison n’obtient pas les homologations officielles pour une production en série. Ce refus entraîne l’arrêt du projet, et seuls quelques rares exemplaires sont réalisés.
Il a donc fallu attendre plus de 50 ans pour que ce type d’habitat revienne à la mode, et passe de l’objectif d’urgence temporaire de leur début à de vrais projets de vie. Leur succès est, d’une ampleur et d’une accélération remarquable. Celui-ci s’explique pour plusieurs raisons dont il convient de retenir les principales qui sont la facilité d’installation et réinstallation, mais aussi et surtout, car ce mode d’habitat est une alternative moins coûteuse et plus écologique aux logements classiques.
Le prix d’une maison préfabriquée dépend bien-sûr du nombre de mètres carrés et des matériaux utilisés, le bois étant plus cher que le métal. Généralement, leur coût s’élève à environ 1 300€ par mètre carré, donc moins que les 1 500€ en moyenne pour une construction neuve classique. Par exemple, le Mini Blok du producteur parisien Novablok (emprise au sol : 21,6m2, dont 17,4m2 habitables, ossature en bois de pin et finitions au choix) est vendu au prix de 1 300 euros TTC/m2.
Selon un reportage de M6, les maisons préfabriquées représentaient 35% des ventes en France en 2017. Dans certains pays à l’étranger, comme au Canada, ou encore dans les pays scandinaves et au Japon, elles connaissent même un plus grand succès. Ce dernier pays est d’ailleurs l’exemple le plus illustratif de la démocratisation des “maisons en kit” : la marque Muji, connue pour sa grande gamme de produits pour la maison, ses vêtements et produits alimentaires, lance en 2017 la Muji Hut, une maison de 9m2 pour environ 25 000 euros.
Cette habitation de la compagnie japonaise n’est pas encore distribuée à l’étranger, mais devra être mise sur le marché international dans les prochaines années. En France, les principaux fabricants de maisons préfabriquées sont à l’heure actuelle Phénix, Natilia, PopUpHouse et Novablok. Le leader reste Phénix connu pour ses ossatures métalliques, suivi par Natilia qui occupe la première place dans la construction de maisons d’ossature en bois. Cette dernière entreprise a vendu 500 habitations en 2016.
Recourir à la “maison en kit” pour construire soi-même son habitation
Aujourd’hui, les “maisons en kit” sont loin d’être uniquement un habitat provisoire, elles sont au contraire devenues un type de logement important sur le marché. La préfabrication des différents modules de ces maisons est systématisée et elle est réalisée en atelier. Ceci permet aux entreprises de garder un coût modéré et d’assurer la livraison du “kit” dans les délais. Semblable aux chaînes de production fordistes de l’industrie automobile, l’uniformité des éléments permet une fabrication standardisée et rapide.
Étant donné que c’est l’acheteur qui construit sa propre maison, celui-ci peut souvent épargner de l’argent en se servant de ses mains et de la main d’oeuvre que constitue son entourage, plutôt que de payer des ouvriers. La construction d’une “maison en kit” revient alors à l’acheteur jusqu’à 30% moins cher qu’une maison traditionnelle.
L’autre avantage, c’est que la construction se fait en moyenne en moins de 3 mois, évidemment, selon l’investissement de la part des futurs habitants. Certains de ces habitants expliquent pouvoir économiser plus d’argent en supplément, grâce à ce mode de construction rapide, qui réduit les coûts éventuels de location d’un logement temporaire, pendant la phase habituellement longue, de la mise en oeuvre d’un nouvel habitat.
Par ailleurs, comme l’expliquent certaines personnes interviewées dans le reportage de Capital “Immobilier : se loger mieux et moins cher, c’est possible”, la construction rapide des maisons en kit permet en outre d’éviter les dédommagements suite aux intempéries qui peuvent avoir lieu pendant la phase de chantier.
L’autoconstruction de sa maison semble de plus créer un sentiment de satisfaction chez les particuliers, pour certains d’entre eux, elle permet même de réaliser, sans devoir être spécialiste, un rêve d’enfance, à savoir celui de construire sa propre maison comme si l’on jouait aux Lego®. Enfin, les “maisons en kit” sont souvent facile à agrandir, en cas de changement de situation familiale.
Les “maisons en kit”, sont-elles une solution d’avenir pour l’habitat ?
Prônées par les producteurs pour être des maisons bioclimatiques, ces habitations sont en effet pauvres en consommation énergétique. Notamment le choix du bois, encore peu répandu mais considéré comme matériau d’avenir, et leur bonne isolation font de ces maisons des éléments précurseurs de la démocratisation de l’habitation à énergie positive.
Les chiffres témoignent de l’accélération de la diffusion de “maisons en kit” sur le marché, tendance qui devrait se poursuivre. Mais quel impact auront les maisons préfabriquées pour les individus ?
D’une part, elles proposent un logement abordable et donc plus accessible au plus grand nombre. Allant de tailles petites (voire mini), jusqu’aux grands pavillons, les fabricants proposent une large gamme de produits et répondent ainsi à la demande de tous et de toutes.
La fabrication systématisée de ce type d’habitat risque pourtant d’avoir un impact sur certaines professions du monde de la construction, notamment sur les architectes dont d’ailleurs quelques-uns expriment leur crainte de voir la disparition d’une architecture individualisée. En effet, les règles actuelles permettent aux propriétaires de se passer de faire appel à un architecte si la surface de leur futur habitat préfabriqué ne dépasse pas les 155m2. Un spécialiste de l’entreprise de construction peut alors venir à l’aide, en cas de besoin.
Si, dans l’ensemble, l’habitat préfabriqué connaît aujourd’hui peu de critiques, il existe cependant certains opposants qui pointent du doigt l’usage de bois étrangers fortement consommatrices de CO2. Les autres critiques concernent la difficulté éventuelle de revente des maisons préfabriquées et le design standardisé, trop monotone et limité.
Une ville faite d’habitat préfabriqué ?
Les “maisons en kit”, ayant comme atout d’être facilement et rapidement démontables et déplaçables, demeurent un habitat plus éphémère que les maisons classiques, même si elles sont conçues pour avoir une durée de vie de plus en plus longue. Ce type de construction semble faire l’écho aux évolutions de nos sociétés actuelles, de plus en plus accès sur la personnalisation à outrance de nos biens, quels qu’ils soient. Elles permettent en outre l’accès à un logement plus adapté, car elles sont facilement modulables selon le contexte actuel et les besoins, changeants, de chacun.
Plus uniquement considérées comme habitations temporaires, ces habitations pourront pourtant gagner encore plus de succès dans le contexte actuel où les catastrophes naturelles s’enchaînent. Par leur déplacement facile, mais également leur simplicité et rapidité de construction, elles pourraient reprendre le sens originel que Jean Prouvé leur a donné et devenir de véritables solutions en cas d’urgence pour les personnes démunies ou en cas de catastrophes naturelles.
En somme, les “maisons en kit” gagnent de plus en plus d’importance sur le marché. Facilement adaptables à l’environnement et à la situation des foyers, pauvres en consommation énergétique, et d’un design moderne et simple, elles permettent à nombreux d’entre nous de jouer au constructeur et de réaliser le rêve de se construire, soi-même, sa propre maison.
Même si la ville faite de maisons préfabriquées risque de se heurter aux partisans d’architectures diversifiées pour ne pas tomber dans la standardisation qu’on a pu connaître avec le pavillonnaire des années d’après-guerre, ce type de ville pourrait être plus adaptée, non seulement aux moyens de chacun, mais également aux besoins des individus, aux flux croissants des populations, à la nécessité environnementale et au désir d’avoir et de construire un chez-soi unique.
Vos réactions
Bonjour,
je suis Alban et travaille chez PopUp House. Merci pour cet article !
Quelques précisions : la PopUp House est bien prédécoupée en usine et assemblée sur chantier par des professionnels formés et assurés. Pas d’autoconstruction de notre côté !
Aussi, elle est démontable, mais ne sera pas remontable ensuite.
Cordialement,
Alban
Bonjour.
Je suis devenu propriétaire d’une maison phénix en 2020. Je pensais que phénix avait évolué , enrichi ses offres , amélioré son image de maison « low cost » . Mais non , c’est toujours et encore le même problème. Le chef des travaux ne suit pas le chantier , les entreprises sous traitantes « bâclent » le travail …..Bref , l’argent facile…..Toujours plus pour pas grand chose…Image de marque et marketing ….Le commercial vous fait rêver( 10/10) , le constructeur cauchemarder (0/10)….
Et toujours se problème même si maison RT 2012 , CCMI , garantie parfait achèvement…..On se bat contre des moulins….