Lutte contre le gaspillage alimentaire : le succès des conserveries locales
Les solutions de lutte contre le gaspillage alimentaire ont le vent en poupe. Trois ans après sa création, La Conserverie Locale, installée à Metz, connait un franc succès mais peine à répondre à une demande élevée. L’objectif du projet ? Proposer un modèle autonome et facilement duplicable partout en France, afin d’apporter des solutions à fort impact environnemental. A ce titre, la Conserverie Locale dispense des formations pour permettre à des porteurs de projets d’essaimer le modèle. Plusieurs laboratoires de transformation sont déjà lancés.
Rencontre avec Pauline Mellinger de La Conserverie Locale à Metz.
Quelle est la raison d’être de la Conserverie Locale ?
“Créée en 2018, la Conserverie Locale est un laboratoire de transformation de fruits et de légumes. Nous y produisons des bocaux, des confitures, des jus, des soupes… A l’origine, nous souhaitions valoriser les surplus des banques alimentaires. Rapidement, la demande a augmenté de la part des maraichers locaux qui avaient également du surplus à nous donner. En 2019, sur 7 mois, nous avons conçu 3.8 tonnes de produits. En 2020, sur 10 mois, nous en avons produit 10 tonnes.
Les maraichers représentent aujourd’hui 60% de notre activité. Nous récupérons par exemple les tomates vertes, qui, sans notre intervention, seraient restées en champ. Nous en faisons des confitures, des chutneys, ou encore des ketchups. Cela permet aux producteurs de diversifier leur offre et de proposer un « petit + », en ajoutant ces conserves aux paniers de fruits et légumes qu’ils proposent à la vente.
20% de notre activité est destinée à notre marque. Nous rachetons des surplus aux producteurs locaux et vendons les conserves sous notre marque, que nous distribuons sur le tiers-lieu Bliiida au sein duquel nous sommes implantés, mais aussi dans des petites boutiques et des épiceries locales.
Les 20% restants de notre activité sont dédiés à la transformation des produits issus de la banque alimentaire dont nous sommes partenaires. Pour eux, nous faisons également de la déshydratation, notamment avec leur surplus de bananes, qu’ils distribuent ensuite lors des maraudes ou dans les épiceries sociales.
Aujourd’hui, nous avons trop de demandes par rapport à ce que nous pouvons produire. Cela confirme le besoin essentiel auquel nous répondons, et la nécessité que notre modèle se développe dans toute la France.”
En quoi vos actions transforment-elles la ville ?
“Nous jouons un rôle actif au sein du tiers lieu Bliiida, un écosystème comprenant une variété de structures qui organise beaucoup d’évènements. Nous y participons avec nos ateliers, et contribuons à animer ce lieu de vie, d’échanges et de co-création.
Nous proposons aussi des ateliers de sensib<ilisation tout public. Nous organisons des ateliers anti-gaspi dans des résidences senior par exemple. Nous leurs apprenons ce qu’est la lactofermentation, que faire du pain rassis ou encore comment utiliser des fanes de radis ou de carottes. Cette action permet un véritable moment d’échange et de lien social : les participants adorent partager leurs recettes (ou celles de leurs mamans !). Nous organisons ces ateliers aussi dans des écoles.”
Quelles sont vos ambitions pour le futur ?
“Nous avons automatisé le laboratoire de transformation des aliments, mais les machines prennent de la place donc nous comptons agrandir l’espace afin de pouvoir répondre à davantage de demande.
Nous souhaitons aussi continuer la formation des personnes qui souhaitent ouvrir un laboratoire, afin d’essaimer les conserveries sur le territoire. Nous connaissons quelques porteurs de projets qui ont développé leur laboratoire et qui ont déjà lancé leur production. Nous formons aussi certains maraichers pour qu’ils puissent internaliser la production de conserves.”
Quelle est votre vision de la ville de demain ?
“Une ville qui met en valeur la consommation de produits locaux. Plus largement, une ville qui fait vivre un écosystème de proximité souvent méconnu, notamment la proximité avec les maraichers, qui nous donne la chance d’avoir tout ce dont on a besoin à portée de main.”
Site web de La Conserverie Locale : https://laconserverielocale.fr
Et pour acheter des conserves : https://laconserverielocale.fr/shop/
Vos réactions
J’adore le concept de la Conserverie Locale. Je connaissais les associations de glaneurs mais pas des “laboratoires de transformations de fruits“. Il y a tellement de ressources perdues sans raison, c’est une très bonne manière de valoriser des produits indésirables à la base. Cela permet d’apporter un peu de plus-value et de diversité aux maraîchers dans leurs produits, ce qui invite les gens à manger plus de légumes de saison (Si vous voulez en savoir plus les bienfaits légumes de saison, je vous recommance cet article d’ailleurs : https://facilementecolo.com/2021/05/24/je-mange-des-fruits-et-des-legumes-de-saison/).