Livraisons en centre-ville : quel avenir pour le dernier kilomètre ?

Livraison Crédits Siala-Pixabay
8 Déc 2020 | Lecture 5 min

Le boom du commerce en ligne, des échanges entre particuliers ou encore des circuits-courts alimentaires augmentent considérablement les flux de la livraison, notamment en ville où la livraison sur le dernier kilomètre est aujourd’hui un casse-tête écologique.

La crise sanitaire actuelle nous rappelle que le commerce en ligne est désormais une pratique ancrée durablement dans nos mœurs, qui ne cesse de s’accroître au fur et à mesure des années. Le marché du e-commerce français représente aujourd’hui plus de 50 transactions chaque seconde, soit 500 millions de colis à livrer chaque année. Et autant de flux de transports qui y sont associés.

De fait, avec l’essor de l’urbanisation (plus de 80% de la population mondiale vivra en ville en 2050), le développement des circuits-courts et du numérique, ces chiffres devraient encore augmenter à l’avenir. Un véritable casse-tête pour la transition écologique de nos villes et territoires. En effet, si les flux logistiques des grandes enseignes sont plutôt bien optimisés, le dernier kilomètre et les flux entre particuliers sont plus difficiles à gérer en matière d’empreinte carbone.

Bonne nouvelle cependant, les solutions pour améliorer la livraison sur le dernier kilomètre se multiplient et devraient gagner en maturité dans les années qui viennent.

La livraison à vélo et l’essor des vélos-cargos à assistance électrique

La solution idéale pour réduire l’empreinte carbone de la livraison est évidemment de remplacer des véhicules émetteurs de gaz à effet de serre par des véhicules propres, en particuliers les vélos et vélos à assistance électrique.

Ça a été le modèle proposé par les startups de livraison alimentaire à domicile – Deliveroo ou Ubereats en tête. Un modèle qui a cependant des limites au vu du nombre grandissant de scooters ayant très vite remplacé les vélos afin de gagner en efficacité. Si toutes les livraisons ne sont pas sujettes à cet enjeu de rapidité, les scooters électriques – et même les véhicules utilitaires électriques – pourraient évidemment faire partie de la solution pour verdir l’envoi et la réception de colis. Tout autant que les vélos à assistance électrique (VAE).

Ce recours aux mobilités douces – vélos et VAE – semble d’ailleurs le moyen le plus intelligent pour circuler en ville sur le dernier kilomètre : souvent plus rapide que la voiture, et beaucoup plus écologique. À ceci près qu’il faut pouvoir garantir un certain volume pour être efficace vis à vis d’un véhicule utilitaire, en particulier pour optimiser les trajets. C’est là qu’interviennent les vélos-cargos à assistance électrique tels que proposés par des startups comme K-Ryole, par exemple.

La startup propose ainsi des modèles permettant de transporter des charges jusqu’à 250 kg pour 1,3 m3 d’emport. Une manière de réduire l’empreinte carbone et les coûts logistiques qui séduit de nombreux acteurs : La Poste, Intermarché ou encore Bricorama font partie des entreprises à utiliser ce type de transport.

Les vélos-cargos sont ainsi de plus en plus nombreux à sillonner nos centres villes et la tendance devrait s’accroître encore davantage dans les années à venir.  Le vélo représente ainsi un moyen diablement efficace de verdir la livraison, en opposition totale avec les alternatives high-tech qui émergent également à ce sujet.

Dans un style plus futuriste : les drones et véhicules autonomes

Dans un style un peu plus sexy, les tenants du tout technologique misent évidemment sur la robotique et l’intelligence artificielle pour gérer le problème de la pollution liée aux livraisons. D’autant que cela permettrait aussi aux grands acteurs du e-commerce de répondre à une question de rapidité (des livraisons dans l’heure, par exemple) tout en réduisant leurs coûts (moins d’intermédiaires humains).

Pour cela, les véhicules autonomes sont une des solutions envisagées. L’enseigne américaine Wal-Mart souhaite ainsi proposer cette option à certains de ses clients dès cette année afin de réaliser des tests et récolter des données dans le but d’industrialiser le processus. Deux types de véhicules sans conducteur seront utilisés pour réaliser ces tests dans quelques villes américaines : des Toyota Prius et des Nuro R2, un petit modèle conçu spécialement pour la livraison. Ce véhicule futuriste dispose ainsi de deux compartiments de stockage qui peuvent chacun contenir jusqu’à six sacs de courses.

L’autre piste envisagée, en particulier par Amazon, c’est l’utilisation de drones. Le géant du commerce en ligne a obtenu récemment une licence de l’agence fédérale de l’aviation américaine pour tester sa livraison par drone appelée « Prime Air ». Pour l’instant, l’entreprise est autorisée à livrer par drones des colis de moins de 2,3 kilos dans des zones à faible densité de population. Ici encore, ces tests pourraient ensuite se développer à plus grande échelle. D’autres startups travaillent sur ces sujets, à l’image du français EVA, par exemple.

Les hubs péri-urbains : l’exemple de Urby

Filiale du groupe La Poste, Urby est une structure spécialisée dans le premier et le dernier kilomètre grâce à des “hubs” péri-urbains qui permettent de centraliser les marchandises à leur entrée en ville afin de faciliter ensuite la mutualisation des livraisons en fonction de zones précises. La société effectue aujourd’hui les livraisons grâce à des véhicules au GNV et quelques vélos cargos. Elle mise, comme beaucoup, sur l’hydrogène dans le futur pour décarboner la mobilité.

Dans l’intervalle, ses hubs installés aujourd’hui dans 17 villes françaises permettent d’optimiser la logistique urbaine en concentrant les flux entrants et sortants des grandes métropoles. Cette logique de mutualisation est l’une des grandes tendances à suivre en matière d’optimisation des livraisons.

C’est aussi ce que propose par exemple la startup Promus en matière d’alimentation. Spécialisée dans le développement des circuits alimentaires de proximité, elle installe notamment des “promus box” qui permettent aux exploitants agricoles de déposer leurs produits. La startup s’occupe ensuite de mutualiser les livraisons, faisant ainsi gagner un temps précieux aux agriculteurs tout en réduisant le nombre de trajets pour effectuer les livraisons.

La création de hubs péri-urbains pour réceptionner les colis à l’entrée et la sortie des villes et mieux réguler ensuite leur livraison sur le dernier kilomètre semble aujourd’hui incontournable d’un point de vue écologique.

La mutualisation des livraisons pour réduire l’empreinte carbone

La mutualisation des livraisons est une autre piste explorée par de nombreux acteurs du e-commerce afin de réduire l’empreinte carbone de l’envoi et de la réception de colis. Mais aussi pour apporter un gain de temps et d’argent aux transporteurs. L’un des effets pervers de la livraison veut ainsi que de nombreux transporteurs roulent à vide après avoir effectué leurs courses. Or quitte à faire rouler des véhicules carbonés, autant que ce soit pour quelque chose d’utile. La colivraison permet de gommer cette problématique.

C’est notamment ce que proposent de jeunes entreprises comme Cocolis (livraison de colis par des particuliers sur leurs trajets) ou encore La Charrette (pour les circuits-courts alimentaires) qui font de la colivraison l’un des facteurs clé de succès pour réduire l’impact négatif du dernier kilomètre.

Au-delà du mode de livraison, un besoin d’avoir de nouveaux modes de réception

Un autre effet de bord de la livraison sur le dernier kilomètre est lié à nos boîtes aux lettres. On y pense souvent lorsqu’on reçoit un avis de passage pour un colis finalement retourné à un point relais. C’est que nos boîtes aux lettres sont plutôt mignonnes et discrètes, mais elles sont aussi totalement inadaptées pour les consommateurs du 21ème siècle puisqu’elles ne permettent pas la réception de colis.

D’après la startup Boks, qui propose un système de consigne pour colis à installer dans les immeubles, c’est environ 1 million de colis par semaine qui ne peuvent être livrés à domicile en première instance parce que la boîte aux lettres est trop petite et le propriétaire absent. Ce qui fait chaque année plusieurs dizaines de millions de trajets supplémentaires qui pourraient être évités avec des infrastructures plus adaptées.

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