L’information visuelle en milieu urbain : vers une ville connectée et adaptable

Panneaux directionnels, publicités, affichage libre ou sauvage … L’information visuelle a envahi nos villes, au point que nous n’y prêtons même plus attention. Problèmes de lisibilité, problèmes de pollution, panneaux en surnombre, tout semble indiquer que l’information telle que nous la connaissons aujourd’hui est amenée à disparaître. Comment à l’ère du tout numérique peut-on imaginer l’information visuelle de demain ? Comment les principes de ville connectée et de ville adaptable redessineront notre paysage informationnel ? Entre projets réels et projets prospectifs, tour d’horizon de ce qui peut nous attendre.

Information visuelle ; Copyright : Léonie Patron

L’information visuelle en milieu urbain est omniprésente, comment imaginer celle de demain ? Copyright : Léonie Patron

Trop d’informations tue l’information

Les informations en milieu urbain sont multiples et plus ou moins utiles. Pour certaines personnes elles sont indispensables car elles représentent des points de repère graphiques dans la ville. Quand on parle d’accessibilité de l’information, trois points sont à prendre en compte : l’accès, l’usage et le contenu informatif. En effet une information peut être visible mais totalement inappropriée ou inutile à un moment donné ou pour une personne en particulier. Elle en vient même à devenir un obstacle à la lisibilité de l’espace public. Dans certaines grandes villes, les informations sont tellement omniprésentes qu’elles ne sont plus informatives mais désalignent l’espace urbain et en brouillent la compréhension. L’intensification de l’affichage publicitaire contribue à la perte de son efficacité, par habitude ou tout simplement par rejet du citoyen. Et certaines villes en arrivent à des mesures radicales, comme Sao Paulo qui, en 2007, a voté l’interdiction de tout affichage publicitaire sur l’espace public.

Multiplicité informations - Corée ; Copyright : Léonie Patron

Un trop plein d’informations peut finir par brouiller la lisibilité de l’espace public ; Copyright : Léonie Patron

La smart city : pour une nouvelle organisation de l’information

La ville intelligente … Ce qui semblait hier encore relever de la science-fiction arrive inexorablement dans notre espace urbain. La fameuse scène de Minority Report présentant des usagers évoluant dans un monde aux publicités personnalisées est en passe de devenir une réalité. Avant d’en arriver à ces extrémités, il faut rappeler que le principal enjeu des smart city est d’incorporer les nouvelles technologies au système urbain pour une meilleure organisation, tout en respectant la vie privée des citoyens. Pour Antoine Picon, auteur du livre Smart Cities, la ville intelligente existe, la question est désormais quelle forme lui donner ? Les villes se transforment en systèmes d’information géants, grâce au big data, une information souvent en temps réel. L’usager est alors au cœur du système en tant qu’émetteur et récepteur de données. Participer directement à la vie de sa ville en un simple clic, c’est désormais possible grâce à des applications numériques en nombre croissant. La tendance gagne aujourd’hui la France et même les communes de taille moyenne s’y mettent. C’est le cas de Meylan, dans l’Isère, qui a choisi de contribuer à la qualité de vie des Meylanais par une application à télécharger sur leur smartphone. Les habitants qui observent un dysfonctionnement dans leur ville sont invités à le photographier et à en faire part via l’application numérique en cliquant sur « Je demande une intervention ». En moins de deux minutes, le Centre technique est informé, le problème est situé en temps réel et l’intervention est planifiée. Le citoyen est alors mis au courant de la suite de sa demande via un feedback. Une nouvelle façon d’envisager la citoyenneté.

 

Futur information visuelle ; Copyright : Léonie Patron

Léonie Patron tente d’imaginer le futur de l’information visuelle. Pour elle, la ville devra être connectée et adaptable ; Copyright : Léonie Patron

La ville adaptable, un modèle pour la ville connectée du futur ?

Au-delà de la ville connectée, il s’agit désormais de penser la ville adaptable. Une ville adaptable, c’est avant tout la polyvalence des usages dans l’espace public. Et cette polyvalence doit s’appliquer également aux espaces : des bâtiments responsives, un mobilier urbain adaptable, modulaire et convertible, sans oublier une signalétique en temps réel puisque la ville va changer d’affectation au cours du temps. C’est donc tout le design de la ville qui est en cours d’évolution. Léonie Patron, étudiante en cinquième année à l’Ecole de Design Nantes Atlantique, a fait de la ville adaptable l’objet de son Projet de Fin d’Etudes. Pour elle, « le rôle du designer est de trouver de nouveaux usages mais également de penser aux répercussions. Il est donc important d’éduquer les individus aux usages modérés de la connectivité tout en respectant la liberté personnelle et la vie privée de chacun dans l’espace urbain. Comment, alors, individualiser sans désagréger les cohésions communautaires ? Comment personnaliser l’information, cibler le citadin sans détruire l’anonymat qui constitue la qualité majeure de la société urbaine ? Pour moi, il est nécessaire de respecter le cadre de vie de chaque individu en faisant appel à un usage raisonné et accepté des nouvelles technologies ». Le principal obstacle à la mise en place de tels systèmes est désormais de l’ordre de l’acceptation. Car le monde merveilleux d’Internet peut rapidement devenir un enfer…

Par Léonie Patron, étudiante en 5ème année à l’Ecole de Design Nantes Atlantique option Mutations du cadre bâti, et Zélia Darnault, enseignante

L'École de design Nantes Atlantique
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