Les zones touristiques s’organisent pour préserver leur biodiversité
Des falaises d’Étretat à la presqu’île de Crozon en passant par les calanques de Marseille, de nombreux sites touristiques commencent à prendre des mesures pour préserver leur patrimoine face au tourisme de masse.
En 2019, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) estimait que d’ici 2030, quatre millions de touristes s’ajouteraient aux 1,4 milliard de voyageurs déjà existants, soit près d’un humain sur cinq. Un sacré boom pour une industrie en plein essor.
La France n’est d’ailleurs pas en reste puisque l’hexagone a été la première destination touristique mondiale en termes de visiteurs accueillis, avec près de 90 millions de touristes internationaux en 2019. Nous sommes également la 3ème destination pour les recettes générées par le tourisme international.
Mais la croissance soutenue du tourisme apporte également son lot de problèmes. La sur-fréquentation de certains lieux amène en effet des conséquences néfastes sur la faune et la flore des zones naturelles. Le tourisme de masse participe ainsi à accentuer l’érosion où exerce une pression néfaste sur la biodiversité ainsi qu’une augmentation de la pollution.
Et pour ces raisons, de nombreux territoires en France et à l’international s’organisent autour de différentes pratiques afin de mieux encadrer les flux touristiques, entre souci de préserver l’attrait de leurs sites et de les préserver de manière durable. Parmi les principales techniques utilisées : mettre en place des jauges de visiteurs, réduire sa communication où encore encadrer les pratiques des touristes, comme par exemple le partage de photos sur les réseaux sociaux.
Mettre en place des jauges de visiteurs
Depuis le 1er juillet 2017 au Pérou, les touristes souhaitant découvrir le site emblématique du Machu Picchu doivent réserver une plage horaire d’un maximum de 4 h. Un procédé qui a permis de limiter la sur-fréquentation de ce site emblématique mais fragile. On retrouve ce procédé au Japon, ou depuis 2019, il est obligatoire de réserver son entrée pour explorer Shirakawa, un village traditionnel inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Si nous avions l’habitude de réserver pour accéder à certains musées, la réservation pour accéder à des zones naturelles n’est pas encore un réflexe, mais ces dispositifs tendent à se multiplier face à l’essor du tourisme de masse.
En France, la réservation est par exemple obligatoire pour accéder à certaines calanques près de Marseille. Un système de réservation obligatoire a été mis en place l’été dernier pour accéder à la célèbre calanque de Sugiton. Une jauge de 400 personnes par jour avait ainsi été instaurée pour préserver le site de l’érosion. Et pour cause : sa fréquentation pouvait atteindre facilement 2 500 personnes par jour ces dernières années. Une sur-fréquentation qui cause des ravages sur la faune et la flore de ce site d’exception
Dans le Var, près de Porquerolles, la fréquentation des îles du parc national de Port-Cros sera également restreinte cette année, et ce pour la troisième année consécutive. Un dispositif qu’on retrouve également au refuge du Goûter sur le Mont-Blanc, ou encore pour aller visiter les îles Lavezzi en Corse.
Plus radical : les îles Féroé et la Thaïlande ont décidé de fermer leurs sites durant certaines périodes de l’année afin de permettre à la nature de se régénérer et d’effectuer des travaux de restauration.
Le démarketing, où comment cesser de promouvoir sa commune
Pour faire face à l’explosion du tourisme, deux territoires ont récemment mis en avant un concept inhabituel : le démarketing. La commune d’Etretat en Normandie et l’île d’Aix en Charentes-Maritime souhaitent ainsi cesser de communiquer à outrance sur les beautés de leur territoire afin de réguler le nombre de visiteurs.
Le concept de “démarketing” a été théorisé en 1971 par les Américains Philip Kotler et Sidney Levy. Initialement, la pratique vise à décourager la clientèle sur une base temporaire ou permanente afin d’éviter les pénuries de produits. Appliqué au tourisme, cela consiste à juguler l’augmentation de la fréquentation d’un site en arrêtant définitivement où temporairement de communiquer dessus.
Mieux gérer la géolocalisation et les réseaux sociaux
Un autre problème qui touche certains territoires touristiques, c’est l’affluence liée aux réseaux sociaux, particulièrement Instagram, et notamment la géolocalisation des sites d’exceptions. En effet, de nombreux sites naturels sont parfois difficiles d’accès et/où ne se révèlent qu’aux visiteurs ayant pris le temps de bien découvrir leur site. Mais voilà qu’un selfie posté sur les réseaux sociaux avec la géolocalisation du site peut tout à coup ramener des centaines ou des milliers de visiteurs.
En 2019, le WWF avait lancé en France une campagne pour inciter les touristes à inscrire sur les réseaux sociaux « I Protect Nature », plutôt que d’indiquer leur position géographique réelle. On retrouve des initiatives similaires à l’étranger. En Nouvelle-Zélande, par exemple, c’est une série de vidéos qui avait été créée en 2021 afin d’inciter les touristes à explorer…les lieux les moins partagés sur les réseaux sociaux.
Un guide des meilleures destinations… où ne pas aller cet été
Chaque année, le site « Fodor’s Travel » établit un top 10 des lieux touristiques à ne pas visiter en raison de la surfréquentation des sites et de la protection de l’environnement. On y retrouve évidemment des messages pour demander de ne pas aller visiter l’Arctique, même si la fonte des glaces le permet désormais.
À savoir que, dans ce guide, deux haut lieux du tourisme français sont répertoriés. Aux côtés de Venise, d’Amsterdam où encore des plages de Thaïlande, on retrouve donc les Calanques autour de Marseille, de la Ciotat ou de Cassis, mais aussi les falaises d’Etretat.