Les villes cyclables et piétonnes réduisent l’apparition de certaines maladies

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3 Mai 2023 | Lecture 3 minutes

De nombreuses études démontrent qu’un urbanisme qui facilite la pratique des mobilités actives, telles que la marche et le vélo, apporte des bienfaits en matière de santé, notamment en participant à la réduction de certaines maladies.

Faut-il repenser notre manière de concevoir la ville non seulement dans une optique de transition écologique, mais également dans une optique sanitaire ? Alors que la pollution atmosphérique est déjà responsable de près de 50 000 décès prématurés chaque année, la question se pose, d’autant que d’autres sujets de santé publique sont également liés à notre environnement et nos modes de vie. En particulier notre manière de nous déplacer.

C’est le cas des maladies cardio-vasculaires et du diabète. Deux sujets qui touchent notamment les individus en surpoids ; maladies qui ont tendance à augmenter ces dernières années. En France, l’obésité touche déjà près de 15% de la population. Par ailleurs, le niveau de sédentarité de la population augmente lui aussi. On estime aujourd’hui que seuls 24% des adultes atteignent le niveau d’activité physique recommandé.

Face à ces enjeux de santé publique et aux préoccupations de développement durable, il s’avère qu’une partie de la réponse à ces problèmes de santé trouve sa solution dans la manière dont nos villes sont aménagées.

La marche et le vélo, des atouts pour réduire maladies et mortalité

Il y a quelques mois, la scientifique canadienne Gillian Booth, professeure à l’université de Toronto, a examiné avec son équipe de recherche plus de 170 études portant sur le lien entre le développement urbain et l’apparition de certaines maladies. Ce faisant, l’équipe a découvert que dans les zones urbaines où la marche et le vélo sont facilités et bien développés, les habitants ont tendance à être plus actifs et sont ainsi moins susceptibles de souffrir de diabète ou d’obésité.

Parmi les exemples d’études passées en revue par cette équipe, l’une d’elles a démontré que certains adultes étaient 20 % plus susceptibles de présenter des symptômes de pré-diabète si elles vivaient dans des zones jugées moins favorables aux piétons, par rapport à ceux qui habitent dans une ville plus favorable à la marche. Une autre étude a révélé que la prévalence de l’obésité chez les adultes vivant dans des villes favorables aux piétons était inférieure de 10% à ceux vivant dans des zones où la marche était moins pratique.

Ce lien entre la réduction de l’obésité et l’urbanisme a également été rapporté récemment par le programme Vivons en Forme (VIF) de l’association Fédérons les Villes pour la Santé (FLVS), lors d’une audition au Sénat portant justement sur la réduction de l’obésité. L’association y expliquait que dans les communes qui ont adopté son programme, certaines ont pu observer une diminution de l’obésité.

© Andres Ayrton sur Pexels

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Aménager la ville pour favoriser les mobilités actives

De fait, les villes françaises sont aujourd’hui construites autour de l’usage de la voiture, et si le rééquilibrage de l’espace public au profit des autres modes de transport est souvent vu sous le prisme écologique, il est aussi important sur le plan sanitaire.

Il existe pourtant des exemples qui permettent de concilier les deux sujets. La lutte contre l’obésité fait partie des objectifs de certains contrats locaux de santé. C’est ainsi le cas du contrat entre la ville de Clermont-Ferrand et l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes, qui identifie l’obésité comme l’une des maladies chroniques pour lesquelles des actions sont mises en œuvre sur le territoire de la commune, notamment l’aménagement du territoire en faveur des mobilités douces et le déploiement d’équipements sportifs publics.

Un rapport d’information du sénat a récemment mis en avant quelques pistes pour réduire l’obésité en France. S’il évoque majoritairement l’alimentation, il préconise lui aussi un travail accru des collectivités, en lien avec les Agences Régionales de Santé, sur le développement de la pratique sportive et notamment le développement d’équipements sportifs publics. Des pistes y sont proposées pour augmenter leur nombre mais surtout leur usage. Cela peut, par exemple, s’appuyer sur le fait de construire de nouveaux aménagements dans des territoires défavorisés (quartiers prioritaires de la ville) ou d’ouvrir les équipements sportifs sur des plages horaires plus importantes afin d’encourager la pratique.

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Le rôle du mobilier urbain et des espaces verts

Entre autres leviers pour accélérer la pratique des mobilités actives, le réseau des Villes-Santé de l’OMS recommande de son côté la mise en place d’un mobilier urbain adapté à la marche : des bancs pour faire des pauses, des toilettes publiques pour favoriser de longues promenades, la création de parcours urbains et la mise en place de signalétique piétonne indiquant le temps de trajet en minutes afin d’inciter davantage à la marche.

Les espaces verts ont aussi toute leur place dans cette politique, en particulier les parcs et les espaces de jeux, qui doivent se multiplier mais aussi s’ouvrir à tous les publics. Aujourd’hui, on y trouve beaucoup de jeux pour enfants, mais encore trop peu d’agrès pour adultes. Or, les parcs sont des endroits privilégiés pour la pratique du sport.

L’association Fédérons les Villes pour la Santé insiste bien sur l’ importance des espaces naturels en milieu urbain qui “sont un des moyens de faire de la promotion de la santé et de diminuer le stress par une augmentation de la pratique physique à tous les âges”.

En parallèle de quoi, les collectivités doivent également poursuivre l’aménagement de pistes cyclables, dont le nombre permet d’accroître la pratique du vélo. Or, une étude relayée récemment dans la presse indique qu’en France, la pratique du vélo permet d’éviter près de 2 000 décès par an. Un chiffre qui pourrait être multiplié par 3 si tous les trajets de moins de 10 kilomètres étaient parcourus à vélo plutôt qu’en voiture. Et c’est précisément en ville que la majorité des déplacements font justement moins de 10 kilomètres.

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