Les stations d’épuration, un futur atout majeur pour la transition énergétique
Initialement créées pour la gestion des eaux usées, les stations d’épuration pourraient dépasser leur rôle sanitaire afin de contribuer à la transition énergétique grâce au biométhane.
Les stations d’épuration (STEP) ont une mission principale : traiter nos eaux usées afin de préserver les milieux aquatiques en rejetant une eau dépolluée dans les rivières. Mais depuis plusieurs années, une logique circulaire permet à ces infrastructures de venir compléter le mix-énergétique des collectivités. Cette logique, c’est la valorisation en biogaz des boues résiduelles des STEP.
En effet, à chaque étape du traitement des eaux usées, une partie des pollutions qu’elles contiennent sont récupérées sous forme de graisses ou de boues. C’est ce qu’on appelle les boues primaires et biologiques. Des boues qu’il faut stocker puis traiter afin qu’elles puissent ensuite servir comme fertilisant agricole.
Cependant, une fois introduites dans un méthaniseur, ces boues vont participer à la production de biométhane. Un gaz vert qui peut être injecté dans le réseau de distribution de gaz naturel (une énergie fossile) et servir à décarboner nos usages domestiques : chauffage, cuisson, production d’eau chaude ou encore carburant pour véhicules. Le potentiel du biométhane est énorme et les gisements nombreux en France. Pour les collectivités qui disposent de stations d’épuration, c’est une manne importante pour la transition énergétique et la production d’une énergie verte locale.
Grenoble, Lyon, Nantes : les métropoles françaises de plus en plus intéressées.
À Nantes, “ce sont des bâtiments publics et pas moins de 350 véhicules qui seront alimentés grâce à ce gaz vert produit localement” déclarait la Maire de Nantes et Présidente de la Métropole, Johanna Rolland le 25 juin, lors de l’inauguration de la station de traitement des eaux usées de “La Petite-Californie”, située non loin des bords de la Loire, sur la commune de Rezé. Une station qui, grâce à la valorisation des boues primaires, devrait produire chaque année 10,7 GWh de biométhane, ce qui représente la consommation annuelle de 42 bus roulant au bioGNV ou la consommation annuelle en eau chaude et chauffage de 2 140 logements neufs.
Une manne qui intéresse de plus en plus les collectivités. À l’heure actuelle, une grosse dizaine de stations d’épuration produisent déjà du biométhane pour leur territoire, à Grenoble, Lyon, Annecy, Perpignan ou Nantes. Un chiffre qui pourrait monter à 75 stations d’épuration d’ici à 2023 et fournir l’équivalent de 2 TWh de biométhane à partir de nos eaux usées. Ce qui représente un potentiel local très intéressant pour venir se substituer au gaz naturel et apporter davantage de résilience et d’indépendance à notre système énergétique.
Les avantages de la méthode ne s’arrêtent d’ailleurs pas là. Outre la production d’une énergie verte et locale, (le biométhane produit sur une station d’épuration est 14 fois moins émetteur de gaz à effet de serre que le gaz naturel fossile), il permet par exemple de réduire le volume des boues de 30 à 40%, ce qui apporte un gain de coût aux STEP et réduit la pollution liée au transport et au traitement de ces matières.
Ensuite, le digestat peut être utilisé comme fertilisant par les exploitations agricoles, ce qui limite aussi l’apport d’engrais de synthèse. Par ailleurs, pour les STEP, la production de biométhane est également une source de revenus non négligeable. D’après les chiffres de GRDF, les recettes de la vente de biométhane pour une station d’épuration de 100 000 EH sur 15 ans sont d’environ 12 millions d’euros.
Un autre atout non-négligeable pour faire de nos stations d’épuration un véritable allié en matière de transition énergétique.