Les stations balnéaires conjuguées au futur – Résister à la montée des eaux – Capitaliser sur l’existant
Face à l’élévation constante et inexorable du niveau de la mer, des vagues d’interrogations écologiques, économiques et sociales inondent les consciences. Paul Cazaux-Debat, jeune designer à l’École de Design Nantes Atlantique, a compris que les premiers affectés par la fonte de nos glaciers seraient les populations et les équipements situés en bord de mer. Soucieux de préserver les territoires côtiers et l’immense parc immobilier qu’ils abritent, le designer a conçu 3 dispositifs protecteurs contre vents… et surtout contre marées !
1. Nutshell : les maisons sur pilotis
Le Bassin d’Arcachon sous l’eau en 2100
En 2050, le niveau de l’océan aura augmenté de 30 cm et en 2100, d’1 mètre de hauteur. Cette projection, la plus optimiste, reste une moyenne mondiale. Certains territoires, tels que le bassin d’Arcachon, seront bien plus rapidement inondés. Selon les prévisions du 6e rapport d’évaluation du GIEC (Groupe d’Expertise et de Conseil Environnemental sur l’Évolution du Climat), ce phénomène entraînera des conséquences inéluctables :
- augmentation de l’érosion côtière ;
- salinisation des terres ;
- pollution de l’eau ;
- détérioration des réseaux souterrains ;
- salinisation des rivières.
Le designer choisit de faire son étude de cas dans la communauté d’agglomération du Bassin d’Arcachon Sud. D’ici 2100, selon le GIEC, le niveau de la mer aura augmenté de 2,5 mètres.
Pour se maintenir à flot : des bungalows flottants
Les biens immobiliers situés près de la mer représentent un investissement considérable pour les personnes et les entreprises. En France, les stations balnéaires représentent 40 % des activités touristiques liées au littoral et accueillent 10 % de la population française. Lors de montée des eaux, il est évident que ces zones seront les premières à être touchées. Pour permettre aux gens de rester sur les terres qu’ils possèdent, le jeune designer a imaginé Nutshell : une extension flottante reliée aux maisons existantes.
Le bungalow flottant peut monter ou descendre, selon les marées. On peut aussi le maintenir en position haute de manière permanente. Ces bungalows seront situés à proximité des maisons déjà construites en zone urbaine. Ainsi, les habitants et propriétaires fonciers pourront continuer à bénéficier de leurs terrains et n’auront pas à reconstruire à quelques kilomètres de là.
2. Plage des arbousiers : un littoral réinventé
Savez-vous qu’une opération de resablage a lieu sur les côtes tous les deux ans ? Elle compense les pertes dues à l’érosion côtière. En effet, au fil du temps, l’érosion draine le sable vers le large. À force d’accumulation, elle bloque l’entrée du bassin d’Arcachon et dégrade la qualité de l’eau. Les navires vont donc récupérer ce sable pour le redistribuer sur le littoral.
Paul Cazaux-Debat a donc imaginé un aménagement paysager écoresponsable sur la plage des Arbousiers. Celui-ci intègre :
– une structure solide qui protège le littoral des assauts de vagues lors des tempêtes ;
-la culture d’un écosystème végétal qui constitue un bouclier protecteur naturel.
Une passerelle en bois court le long de la plage et sillonne à travers des végétaux fraîchement plantés : lys de mer, chiendent des sables, euphorbes maritimes, salicorne… Cette promenade apaisante sensibilise le visiteur à la protection du vivant. Après quelques années, ce cocon végétal aura donné naissance à un nouvel écosystème foisonnant de poissons et d’oiseaux. Il permettra aux plantes de mieux absorber le CO2 et améliorera la qualité de l’eau, ce qui protègera également les espèces marines.
L’autre partie de l’aménagement consiste en une partie dure faite d’éco-béton, lui-même réalisé à partir de coquilles d’huîtres. Ce dispositif fait barrière aux vagues générées par les tempêtes et sauvegarde le littoral.
Au fur et à mesure que l’eau montera, la plage et la structure en béton disparaîtront et l’écosystème sera totalement immergé. Néanmoins, la passerelle en bois accueillera toujours les promeneurs et continuera à serpenter à travers les maisons de propriétaires de villas, touristes et habitants.
3. Float Camp : l’archipel d’îles flottantes
Ce troisième concept se déploie un peu différemment. Créé à partir de matériaux locaux, un archipel d’îles flottantes accueille les campeurs. Le scénario est le suivant : tout d’abord, le matériel d’un camping urbain identifié est déplacé ou revendu. On “inonde” ensuite volontairement le camping et l’on y installe de nouveaux équipements flottants, conçus en coquilles d’huîtres recyclées.
L’inondation du camping entraîne, à son tour, l’émergence d’un nouvel écosystème nourrissant et protecteur. Une flore aquatique s’y développe et prolifère. Au fur et à mesure que le niveau de la mer augmente, le camping gagne en hauteur. Les touristes découvrent avec ravissement un type de vacances inédit, à fleur d’eau ! Au fil du temps, un nouvel éco-tourisme prend son essor et abreuve l’économie de zones inondées.
En résumé, il devient urgent de disposer d’un réseau de solutions souples à intégrer au paysage côtier afin de contrer la menace grandissante des flots. Les scénarios prévisionnels de la GIEC nous avertissent : si nous voulons maintenir les activités touristiques sur le littoral français, préserver le parc immobilier côtier et donner une chance aux stations balnéaires de ne pas couler, il faut agir ! En 2100, les formations dunaires sur les plages de la côte atlantique pourraient bien disparaître de la carte à force d’érosion côtière… À moins que des citoyens, investisseurs, municipalités ou gouvernements éclairés ne se soient servis de la nature pour innover. À moins qu’ils n’aient investi dans un nouvel écotourisme souple, durable et intelligent : la station balnéaire du futur.
Vos réactions
Incroyable ! Félicitations pour votre ingéniosité. J’espère que les communes concernées par le problème de la montée des eaux vont vous contacter. Bravo pour l’esthétique de vos bâtiments.
Faisons confiance à notre jeunesse c’est à leur avenir qu’ils pensent et réfléchissent pour pouvoir vivre heureux. Merci à toi Paul