Les parties communes dans l’habitat : des usages à réinventer

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Que sait-on de nos voisins ? La plupart du temps, quand on est citadin, que l’on habite un immeuble et que l’on travaille, la réponse tient en quelques mots « pas grand-chose ». Car un petit « bonjour » en se croisant dans la cage d’escalier, dans le parking ou encore aux boîtes à lettres ne suffit pas à bâtir de véritables relations de voisinage. Alors, sommes-nous devenus asociaux ? La cause n’est peut-être pas aussi radicale : l’architecture a également sa part de responsabilité. Car les parties communes ne jouent plus leur rôle de lieux de rencontres, permettant d’échanger et d’apprendre les uns des autres, à l’instar de Sophia Loren et Marcello Mastroianni qui se rassemblent sur la terrasse commune en pliant le linge dans Une journée particulière d’Ettore Scola. Alors comment renouveler ces parties communes ? Quels usages réinventer ?

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Sophia Loren et Marcello Mastroianni se réunissent dans les parties communes de leur immeuble dans Une journée particulière d’Ettore Scola © D. R. Stars

Des parties communes trop individualisées

Les parties communes font en quelque sorte office d’espace public dans un immeuble. Et de ce fait, on y retrouve les mêmes problématiques : ces espaces sont peu appropriables (ou appropriés d’office par quelques groupes), bien souvent aseptisés et dépourvus de fonctions réelles, mise à part celle de servir d’espace tampon entre la rue et le logement.

Et c’est bien cette dernière caractéristique qui fait de nos parties communes des éléments difficiles à appréhender : comme elles en sont ni tout à fait privées, ni tout à fait publiques, leur usage est bien souvent indéterminé.

Repenser ces parties communes pourrait aider à décrisper les relations de voisinage. Et c’est bien du côté de l’usage que l’on peut en faire que les solutions sont à chercher. Par exemple, dans nos logements toujours trop petits ne pourrait-on pas imaginer de mutualiser certains équipements : le lave-linge, des espaces de stockage, du matériel de bricolage… Quelques-uns vont encore plus loin et imaginent même des espaces partagés et participatifs.

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Les parties communes sont trop souvent le lieu d’expression des tensions et des querelles de voisinage. Le site « chers voisins » recense ces petits mots doux. © chers voisins

Vers un espace partagé et participatif

L’habitat partagé a le vent en poupe. Le principe : un certain nombre de citoyens ordinaires se regroupent pour construire leur immeuble, leur résidence. La plupart du temps, les futurs copropriétaires se choisissent et réfléchissent à la façon de mettre en valeur leurs parties communes.

Ainsi, dans l’écoquartier Erdre Porterie à Nantes, neuf familles se sont lancées dans l’expérience. Chacun a fait construire sa propre maison individuelle, mais les jardins sont totalement ouverts à tous les copropriétaires et une pièce commune de 20m2 a été aménagée au centre de la résidence pour servir de chambre d’amis pour les éventuels invités, de salle de réception ou simplement de salle de jeux ou de réunion. Certains vont encore plus loin et prônent un habitat « participatif », dans lequel les relations avec les autres sont basées principalement sur le partage : le partage d’espaces, de moyens et d’équipements, de savoirs, de valeurs et de réflexions. Si chacun vit chez soi, le but est de partager des espaces, des biens et des services et de participer à la vie de la communauté. Et c’est bien en améliorant la qualité de vie dans ces logements collectifs et ces résidences que l’on favorise les relations entre les habitants.

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Le projet Cohabitat à Quebec : un exemple d’habitat participatif © Cohabitat

Les parties communes dans le logement social

Il n’y a pas que les copropriétaires qui s’intéressent à valoriser les parties communes. Les bailleurs sociaux ont également conscience des enjeux qu’il y a à s’intéresser à ces espaces, trop souvent laissés à l’abandon. Et c’est justement à cette problématique des parties communes dans le logement social que Meng Pan, étudiante en deuxième année de cycle Master Ville Durable à l’École de design Nantes Atlantique, s’est intéressée pour son Projet de Fin d’Études. Pour Meng, pour que les habitants s’approprient réellement cet espace, il faut qu’ils en soient les co-créateurs. Il s’agit « d’offrir une nouvelle apparence à l’espace existant pour créer un espace de convivialité, de vitalité et de dynamisme ». Et afin de développer le partage de biens et de services, Meng s’est intéressée au fonctionnement des monnaies complémentaires et en a transposé le principe dans le domaine de l’habitat : « c’est un moyen économique pour mobiliser les enthousiasmes des habitants, accélérer et favoriser les échanges économiques locaux du quartier. Les investissements  sont proposés en fonction des demandes des habitants, en s’adaptant à la situation locale ».

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Pour Meng Pan, l’appropriation des parties communes passe par la co-création © Meng Pan

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Les parties communes sont des lieux à fort potentiel pour développer la solidarité entre les habitants ©Meng Pan

Par Zélia Darnault, enseignante

L'École de design Nantes Atlantique
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