Les oiseaux en ville
Le doux gazouillis des oiseaux. Voilà un bruit que l’on associe généralement à nos campagnes, à un réveil en vacances. Synonyme de détente, de relaxation, ce chant accompagne aussi les séances de yoga ou de sophrologie.
Et pourtant, quand il s’agit de parler des oiseaux en ville, on pense alors nuisances et règne du pigeon, animal peu apprécié par les citadins. Alors y aurait-il une différence entre oiseaux des villes et oiseaux des champs ? L’un vaudrait-il plus la peine que l’on s’y intéresse que l’autre ? En réalité, la présence des oiseaux dans nos villes est bien plus importante qu’elle n’y paraît. Alors pourquoi et comment réintégrer les oiseaux dans l’espace urbain ?
Villes et oiseaux : des rapports complexes
Le poncif de la campagne terre d’accueil pour nos amis volatils est de plus en plus à remettre en cause. Car l’usage intense des pesticides, le manque de nourriture ou d’abris font que les oiseaux tendent aujourd’hui à déserter nos espaces ruraux. Selon Philippe Brisemeur de la LPO Loire-Atlantique, « les oiseaux trouvent refuge en ville, à cause de notre modèle agricole ». Mais en ville, ces oiseaux ne sont pas forcément les bienvenus. Car les citadins entretiennent avec les oiseaux des rapports complexes. On les veut bien, mais pas n’importe où, et pas n’importe quelle espèce. Ainsi on voit se multiplier les dispositifs répulsifs anti oiseaux, que ce soit sous une forme assumée (comme les pics) ou dissimulée (comme une architecture qui ne permettrait pas aux oiseaux de se poser ou de faire un nid). Et pour les oiseaux que l’on accepte plus volontiers, comme les moineaux ou encore les canards, nous avons tendance à mal cohabiter avec eux. Aller donner du pain aux canards, par exemple, est un geste anodin, banal, que l’on se plaît à faire avec nos enfants. Et pourtant c’est très mauvais pour les oiseaux car le pain est trop gras pour leur estomac et ils perdent leurs réflexes de chasseurs. Si on ajoute à ça les pollutions lumineuses et sonores, la tonte excessive dans les jardins privés ou publics ou encore la présence accrue d’animaux domestiques pour qui l’oiseau relève du festin, difficile de survivre dans cet environnement hostile.
Une part importante de l’écosystème
Et pourtant, il apparaît essentiel aujourd’hui de préserver les oiseaux en ville. Car on ne préserve pas les oiseaux simplement pour leur caractère esthétique, mais bien car ils sont une part importante de l’écosystème, y compris de l’écosystème urbain. Les oiseaux sont souvent en haut de la chaîne alimentaire, ils permettent donc de réguler la présence d’autres espèces mais participent également à l’entretien de l’environnement. Ainsi, permettre aux oiseaux de mieux vivre en ville doit être pensé dans une approche plus globale, écosystémique. Or, quand on parle de protection de la biodiversité, on a généralement tendance à penser en silos, comme c’est le cas pour l’hôtel à insectes, un abris destiné uniquement aux insectes que, d’ailleurs, les principaux intéressés ont eux-mêmes tendance à déserter. Dans le cas des oiseaux, il est donc, par exemple, important de comprendre qu’il ne s’agit pas simplement de leur créer un abris mais bien de favoriser les conditions générales de leur existence en étudiant leurs comportements et leurs besoins.
Améliorer le potentiel d’accueil des oiseaux en ville
Alors comment améliorer le potentiel d’accueil des oiseaux en ville ? C’est à cette question que Jérôme Boissière, étudiant en deuxième année de cycle Master Ville durable à L’École de design Nantes Atlantique, tente de répondre dans le cadre de son Projet de Fin d’Études. Et c’est justement l’approche écosystémique qu’il privilégie dans une volonté d’intégration totale au cadre urbain. « Les oiseaux sont dépendants de graines et d’insectes qui eux-mêmes sont dépendants de la végétation. J’ai donc souhaité concevoir un projet améliorant les continuités écologiques et apportant les ressources nécessaires aux oiseaux au fil des saisons ». De plus, Jérôme a souhaité que son dispositif demande peu d’entretien pour laisser la nature libre, qu’il soit un outil d’observation et de sensibilisation, le tout en respectant les principes de l’éco-conception. Son idée est donc de s’intégrer aux façades des immeubles, notamment ceux ne possédant pas de balcons, pour créer ce qu’il a intitulé « un pré-cadre refuge ». Composé d’éléments complémentaires bénéfiques pour la biodiversité, cette installation comportera divers éléments nécessaires à la survie des oiseaux (végétation, abris pour insectes…) afin de favoriser l’accueil des oiseaux dans le milieu urbain. Ainsi, Jérôme entend démontrer qu’il est possible de se servir du cadre urbain comme d’un atout bénéfique, afin de mieux vivre en harmonie avec les volatiles.
Par Zélia Darnault, enseignante à L’École de design Nantes Atlantique
Vos réactions
Bonjour,
pour info, voici deux images montrant la becquée d’un moineau hier après-midi, les oiseaux dans nos jardins sont aussi très beaux.
Cordialement
Claude Florot
https://www.facebook.com/claude.florot