Les infrastructures portuaires : un monde à réinventer
Port et ville durable. Voilà deux termes qui, à priori, ne vont pas bien ensemble. Le premier renvoie à des industries lourdes, polluantes, tandis que le deuxième intègre des notions d’écologie et de vivre ensemble. Mais alors que faire dans des villes dont l’économie tourne (ou tournait) autour du port ? Y a-t-il toujours incompatibilité entre infrastructures portuaires et villes durables ? Comment passer de la notion de port à celle de green port ? Les étudiants de L’École de design Nantes Atlantique proposent quelques solutions pour réinventer le monde des infrastructures portuaires.
Villes VS port ?
Dans la plupart des villes portuaires, les infrastructures portuaires constituent un monde à part, réservé à certains usagers. Et ce monde est inconnu du citoyen lambda qui, au mieux, en entend parler au moment des conflits sociaux, ou se plaint de nuisances sonores, de la pollution ou d’un paysage défiguré par des industries lourdes. Cette méconnaissance peut même aller jusqu’à ignorer l’existence de ce monde parallèle, comme c’est le cas à Nantes où le port est quasiment coupé du reste de la population. Cet antagonisme entre les habitants et leur port est encore plus marqué quand les infrastructures portuaires sont en déclin : que faire alors de ces milliers de kilomètres de quais et de machineries sous-exploités ? Pour les étudiants de L’École de design Nantes Atlantique qui ont planché sur ce sujet, une des réponses est l’ouverture : l’ouverture non seulement du port sur la ville, mais aussi l’ouverture à de nouveaux usages.
« Le multi » : la reconversion des infrastructures portuaires en bord de Loire
Mélina Régent, étudiante en deuxième année de cycle master Ville durable à L’École de design Nantes Atlantique, a proposé pour son Projet de Fin d’Études une reconversion des infrastructures portuaires en bord de Loire. La particularité de sa démarche est qu’elle a choisi d’inclure les habitants du quartier jouxtant le port, les faisant ainsi devenir acteurs du futur de leur cadre de vie. Et c’est sur la reconversion d’un ancien hangar portuaire en espace de loisirs mixtes que le dévolu de la jeune designer et des participants s’est jeté. Le lieu se décline ainsi en 4 espaces distincts : un espace public, un terrain sportif, un espace bar/restaurant/point de vue jouxtant un mur d’escalade, un espace tiers-lieux et observatoire. Grâce à une application pour smartphone, les usagers pourraient se tenir informé des différents événements qui prennent place au sein de ce complexe afin de se le réapproprier totalement. Et les retours de ces usagers potentiels sont encourageants puisque, selon eux, un tel projet pourrait permettre de « faire connaître » et « dynamiser » le quartier en créant « un lieu où se rassembler » avec une « liberté d’activités et de loisirs » en « redonnant des couleurs au quartier ».
« Ancistrus » : une barge flottante pour renouveler les services du territoire
Thomas Minier, étudiant en deuxième année de cycle master Ville durable à L’École de design Nantes Atlantique, a lui aussi trouvé dans les ports une source d’inspiration pour son Projet de Fin d’Études. Mais, plus que dans l’aspect industriel, c’est dans le système de flottaison que le projet a trouvé ses fondements. Inspiré par le poisson de même nom, Thomas a donc imaginé Ancistrus, une barge flottante qui sillonnerait le territoire nantais pour servir 3 enjeux : la logistique du dernier kilomètre (transport de fret), l’optimisation des services publics (convoyage de déchets) et le désengorgement du territoire (transport de passagers).
À travers ces projets, les étudiants de L’École de design Nantes Atlantique prouvent qu’infrastructures portuaires et ville durable peuvent désormais aller de pair.
Par Zélia Darnault, enseignante