Les espaces verts en ville: un catalyseur des pratiques écologiques ?

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27 Avr 2022 | Lecture 2 min

À la faveur de la crise sanitaire et des enjeux écologiques, les Français semblent accorder davantage d’intérêt aux espaces verts publics pour différentes activités : sport, relaxation, rencontres. Mais au-delà du lien social, ces espaces représentent aussi un levier pour le développement de pratiques écologiques.

La végétalisation des villes est un processus souvent abordé sous l’angle climatique afin de rendre les villes plus résilientes. Résilientes face aux inondations puisque « débitumer » la ville permet de la rendre perméable. La création d’espaces verts est aussi une manière de la rendre résiliente vis-à-vis des fortes chaleurs. « En condition de canicule, on peut observer des différences de températures de l’ordre de 8°C en moyenne la nuit entre Paris intra-muros et les zones les plus fraîches de la région », précisait en 2018 Aude Lemonsu, chargée de recherche au centre de recherche de Météo-France. Enfin, végétaliser apporte de nombreux bénéfices pour la biodiversité dont manquent cruellement les zones urbaines. C’est aussi une pratique qui a des effets sur la santé publique alors que la pollution de l’air est responsable, chaque année, de 48 000 décès prématurés en France.

À ces bénéfices environnementaux, la végétalisation des villes apporte aussi des éléments positifs sur le plan social. D’après une enquête réalisée par l’Observatoire des villes vertes en juin 2020, 7 Français sur 10 ont déclaré que les espaces verts publics leur manquaient durant le confinement. Il faut avouer que les parcs et les jardins publics revêtent un rôle social important à différents degrés. Ce sont des lieux de rencontre, des lieux de  détente et de relaxation, mais aussi des lieux propices à la pratique sportive. D’ailleurs, toujours selon l’Observatoire des villes vertes, les plus jeunes sont ceux qui indiquent avoir le plus souffert de la fermeture des espaces verts durant le confinement : 82 % des 18-24 ans indiquent que les parcs et jardins leur ont manqué.

« Durant le confinement, les espaces verts publics ont manqué aux Français car ce sont avant tout des espaces de liberté, d’évasion, de relaxation, tout ce dont nous étions privés. Cette période a fait prendre conscience à chacun d’entre nous l’importance d’avoir un contact avec la nature et que ce contact est indispensable pour notre bien-être » explique ainsi Laurent Bizot, co-président de l’Observatoire des villes vertes.

© Charlotte May via Pexels

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Un catalyseur de pratiques écologiques pour les municipalités

Pour les collectivités, la création d’espaces verts au sein d’une ville semble donc un pré-requis pour faire face aux enjeux environnementaux ainsi que pour apporter davantage de bien-être aux résidents. Ce qu’on observe également ces dernières années, c’est que ces espaces sont aussi des lieux de sensibilisation aux pratiques écologiques, ce qui en fait un véritable levier d’action.

De nombreuses villes profitent ainsi de leurs parcs et jardins pour y mettre en place des actions de sensibilisation sur la gestion durable de ces espaces communs. La ville d’Orléans a, par exemple, lancé un réseau de guides-composteurs bénévoles et propose ponctuellement des ateliers de perfectionnement autour de la gestion alternative des déchets/ressources vertes et de la conception de jardin générant peu de déchets.

Elles profitent aussi de ces espaces pour créer des boucles locales concernant l’entretien des espaces verts et accélérer la transformation de leurs propres pratiques. Ces actions peuvent être le fait de privilégier des essences et des plantes provenant de pépinières locales, ou encore de récupérer les biodéchets des restaurants pour en faire du compost utile aux espaces verts de la ville.

À Nantes, par exemple, ce sont les sapins de Noël des habitants qui deviennent ensuite le paillage utilisé par les services de la ville pour protéger les plantes de la ville. La ville de Limoges, de son côté, récupère les troncs d’arbres abattus pour en faire du mobilier urbain disposé dans les parcs et jardins de la ville. « Ces résultats témoignent d’un véritable changement de perception dans la gestion des espaces verts en milieu urbain : les déchets verts ne sont plus “subis” mais considérés comme une matière s’intégrant au sein d’un processus global de traitement et de valorisation de la matière organique » explique Catherine Muller, Présidente de l’Unep, l’Union nationale des entreprises du paysage.

Par ailleurs, l’éducation à l’environnement se concrétise aussi au sein de ces espaces pour sensibiliser le grand public au sein, par exemple, de fermes pédagogiques et de potagers urbains. Autant de possibilités offertes par les espaces verts qui s’inscrivent donc comme des accélérateurs pour la transition des villes vers des pratiques durables.

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